Germain RAKOTONIRAINY,Numéro 2 du MFM.:

«Ratsiraka s’appuie sur l’armée pour se faire élire », estime Germain Rakotonirainy

Incompris par l’opinion, le Mfm entame une campagne d’explication après le Vovonana de la semaine dernière. Alarmistes à l’excès, les résolutions de ces assises ont visiblement surpris quand elles parlent de «bain de sang ». D’où la montée au créneau de Germain Rakotonirainy. Le secrétaire général du parti concentre ses explications sur deux points. En premier lieu, le Mfm s’inquiète de ce qu’il qualifie de «militarisation du régime » constatée à travers des informations d’ordre militaire. Ce parti évalue à plus de 1500 le nombre de généraux et colonels en activité. Ce qui correspond à peu près, d’après l’analyse de Germain Rakotonirainy, au nombre des communes à Madagascar. Pour le seul cas des généraux, «leur nombre avoisine celui des Fivondronana qui sont de l’ordre de 111 dans tout le pays », fait- il remarquer. Pour estimer ensuite que «Ratsiraka va s’appuyer sur l’armée pour se faire élire puisque celle- ci agira toujours dans le sens indiqué par le chef suprême».

GERME DE LA DIVISION

Par ailleurs, le numéro Deux du Mfm veut démontrer que «le candidat Ratsiraka ne fait plus confiance à l’Arema en raison des nombreuses dissensions internes de ce parti ». «Politicien averti, il ne jouera pas son avenir à travers une structure minée par des crises multiples qu’il a lui- même voulues et créées », pense- t- il. De plus, il ne peut pas s’empêcher de constater que «le germe de la division affaiblit le camp des partisans de l’Amiral ». Il avance même que «des fous hantent le camp présidentiel ». Pour cette raison, des relais ont été inventés. Il s’agit des gouverneurs des provinces autonomes. Sans budget de fonctionnement, ces nouveaux élus dépendent entièrement du bon vouloir du chef de l’Etat, qui peut les utiliser à sa guise. Les gouverneurs d’Antsiranana, de Toamasina et de Toliara ont été présentés par le SG du Mfm comme «les plus dangereux ». «Les sénateurs serviront, pour leur part, à verrouiller le système», dit toujours Germain Rakotonirainy. Certaines mesures administratives ont aussi été jugées «électoralistes ». Il s’agit de la décision d’octroyer des primes d’éloignement aux enseignants et aux délégués administratifs. Et de dévoiler que «lors de la passation avec Jacquit Simon en 1997, je lui ai dit de prendre cette mesure. Je m’étonne qu’il le fasse seulement aujourd’hui ».

SCENARIO- CATASTROPHE

Dans ces conditions, il est d’avis qu’il ne sert à rien de concourir contre le président-candidat. Le Mfm ne fait pas autrement en privant son président national de compétition électorale. «Le Mfm n’est pas un parti électoraliste car quel que soit l’engouement des électeurs pour tel ou tel candidat, Ratsiraka raflera la mise », avertit Germain Rakotonirainy pour qui «il est urgent d’organiser des élections ‘neutres’ par un gouvernement de transition, qui aura pour double mission de changer la Constitution et le code électoral ». «Le Mfm dispose d’expériences à ce sujet et il aspire à ce que le pays échappe au scénario- catastrophe ci-dessus», observe- t- il. Décochant au passage une flèche à Herizo Razafimahaleo, il lui lance que «le Leader pratiqua les premiers débauchages de militants des autres partis en achetant l’adhésion des membres de l’Arema, du Mfm, de l’Akfm…lors de l’élection présidentielle de 1996. M. Razafimahaleo ne doit pas s’en plaindre aujourd’hui en évoquant des considérations d’éthique ». Et de conclure : «la vraie raison, c’est qu’il est actuellement à court d’argent ». La joute continuera

Midi Madagascar Vendredi 12 octobre 2001