« Beaucoup de projets, peu de programme »,souligne Germain Rakotonirainy

Germain Rakotonirainy a été clair et net dans sa déclaration et ses critiques envers les tenants du régime actuel. « Ravalomanana a beaucoup de projets mais dispose peu de programme », a-t-il fait remarquer lors d’un entretien qu’on a eu avec lui.

Déplorant les verbiages politiques véhiculés ici et là par les proches du président de la République, le numéro deux du MFM ne se gêne pas de parler de son collègue Manandafy Rakotonirina, aujourd’hui conseiller spécial à la Présidence, en lui conseillant qu’« on ne peut rien attendre de l’équipe au pouvoir qui n’est pas à même de réaliser le développement dans la pays ».

Interview

La Gazette : Vous tenez ces derniers des propos très durs envers les hommes au pouvoir. Qu’est-ce que cela signifie ?

- Germain Rakotonirainy : Effectivement. Je ne veux plus me borner à scander des slogans qui ne rapportent pas. Je l’ai déjà dit à Pety Rakotoniaina : qu’il cesse de faire des propagandes. Si on veut faire face à Marc Ravalomanana, il faudrait l’affronter sur le terrain de l’économie.

La Gazette : Précisez !

Germain Rakotonirainy : Le développement, cela n’existe pas. Il n’y a rien de fait dans ce pays. Tout est provisoire. Ce n’est même pas du tip-top. Pour reprendre le constat de l’association Antananarivo Miatrika, « c’est un pouvoir qui ne pratique que le jardinage ». Ravalomanana se veut être le champion du développement en écartant tout ce qui est politique alors qu’il ne dispose pas de programme convaincant. Certes, il a beaucoup de projets. Tout le monde le sait. Mais comme perspective, c’est nul. Sans « feuille de route ». Le terme est à la mode actuellement. A vrai dire, c’est un pouvoir déboussolé.

La Gazette : Etes-vous alors contre Ravalomanana et Sylla ?

Germain Rakotonirainy : Je vais dire ceci : dans ce pays, on ne fait rien. Faute de mieux, on veut forcer les choses. Le président me fait rigoler quant j’ai entendu ces propos mensongers. Je n’ai rien contre lui. Seulement, il faut se rendre à l’évidence : Ravalomanana n’est pas fait pour gouverner. Quant à Sylla, il n’existe pas pour moi. C’est honteux d’entendre et de savoir qu’un Premier ministre dispose moins de pouvoir que son vice-Premier ministre. Ce dernier n’a d’autres missions que de servir les intérêts de son patron, c’est-à-dire Ravalomanana qui, à mon avis, a commis de nombreuses fautes politiques. Il confond ses affaires personnelles aux affaires de l’Etat, la gestion privée à la gestion publique. La preuve, les fameux 24 millions de dollars, destinés pour la dotation en cartables de tous les écoliers alors que l’argent est géré par une de ses sociétés. C’est un scandale ! La pratique du pouvoir ne respecte pas l’orthodoxie de l’Etat, et ce qui étonne, c’est que personne ne réagit pas. Comme a dit Abdoulaye Wade, « on suit la vague ».


* La Gazette : Comment voyez-vous l’institution des chefs de province ?

- Germain Rakotonirainy : C’est inconstitutionnel. Il n’y a rien à discuter là-dessus. La loi est votée, on l’écrira ensuite dans la Constitution. La prochaine fois, quand on lit ces différents chapitres, on constatera que l’article 129.1 ne rime pas avec l’ensemble des articles. Pour Ravalomanana, l’important, c’est de tout accaparer à son profit.


* La Gazette : Pour le gouvernement, où avez-vous trouvé des failles ?
- Germain Rakotonirainy : Si on observe par secteur, les failles sont partout. Les défaites de l’équipe nationale, les Scorpions, sont le résultat de la défaillance des responsables des sports. Le ministre du Commerce ne bouge pas le petit doigt avec ces produits importés par Shoprite ou Cora dont les dates de péremption sont expirées. Et j’en passe.

J. M

GDI 09/07/2003