Germain Rakotonirainy dénonce : « Politique de cache-misère et non de réduction de la pauvreté »

Malgré le froid hivernal Germain Rakotonirainy reste plus que jamais « mafana ». «Je ne fais pas de militantisme actif, mais je suis toutefois de près les affaires nationales », nuance ce sociologue qui veut éviter une overdose de MFM à l’opinion, « dans la mesure où les Manandafy et Pety occupent suffisamment la scène médiatique ».

« Jardin public »

Le numéro deux du MFM a néanmoins ses maux à dire sur la situation actuelle. D’après lui, « c’est une politique de cache-misère qu’on applique actuellement à Madagascar et non une politique de réduction de la pauvreté. Il n’y a pas de véritable lutte contre la pauvreté, mais une politique au jour le jour, juste pour honorer telle échéance ou pour marquer telle festivité. La pauvreté revient au grand jour, une fois la fête terminée ». Il compare la situation à un « jardin public qui vient d’être réaménagé à grand frais, mais où les gens font ensuite leurs besoins ».

Permis de conduire

«Une telle image est valable dans tous les secteurs comme la santé, l’enseignement.. », estime-t-il. En faisant remarquer au passage qu’«on fait trop de projets dans ce pays et très peu de programmes concrets ». Il , c’est évidemment Germain Rakotonirainy qui n’est partisan du « laissez-le travailler ». Et d’expliquer, à travers une autre image, aussi allégorique, que lorsqu’on constate qu’une personne ne sait pas conduire, on ne va pas attendre qu’il entraîne le véhicule dans le précipice pour lui dire de laisser la direction et d’aller réapprendre le code de la route afin de repasser le permis de conduire.

Graves Conséquences

Concernant les membres du gouvernement qui viennent de reprendre le chemin de l’école, le bras droit de Manandafy regrette que la « théorie n’ait pas encore suivi de pratique. Jusqu’à présent , il n’y a pas d’apport concret ». Prenant l’exemple du département de la Justice, « il ne s’agit pas seulement, d’après lui, de s’inspirer béatement du livre d’Eva Joly et de classer la corruption en deux catégories (les grandes et les petites), mais de voir ce qu’on peut faire face à ce fléau qui écorne sérieusement la confiance du justiciable envers la Justice ». A propos, Germain Rakotonirainy, à son corps défendant d’être un oiseau de mauvaise augure, pense que «la situation judiciaire actuelle de ni guerre ni paix pourrait avoir de graves conséquences. Si on ne prend pas les taureaux par les cornes, la situation risque dangereusement de pourrir. C’est une véritable épée de Damoclès ». Serait également lourd de conséquences le projet (de loi organique) tendant à réinstaurer le centralisme au détriment de la décentralisation. « Ce serait un retour en arrière ».

« Mpanakorontana »

Touchant mot de la résurgence des TTS, celui qui est considéré comme un agitateur né, de spécifier que les « casseurs des deux meeting du KMMR à Mahamasina, rappellent beaucoup plus les jeunes patriotes de Laurent Gbagbo que les TTS qui ne faisaient pas de face-à-face direct avec les manifestants, mais fomentaient des troubles alentour, en se livrant notamment au pillage des magasins Karana ». En tout cas, le MFM se défend d’être derrière, encore moins de faire partie de l’une ou de l’autre catégorie de « mpanakorontana ». « Ce n’est pas dans nos méthodes » avoue Germain Rakotonirainy qui compte à son actif 30 ans de politique. Passés essentiellement dans les rangs de l’opposition, quoique son chef gravite aujourd’hui dans les hautes sphères du pouvoir. Le « Vovonana » ou le conseil national prévu cette année, sera sans doute l’occasion pour le MFM d’afficher clairement sa position. En attendant, les « Mafana » donnent l’impression de souffler le chaud et le froid.

ropos récueillis par R.O.

Midi Mcar 01/07/03