Manandafy Rakotonirina: Ne soutient plus Ravalomanana !

Désormais, a-t-il ajouté, le parti est libre de choisir son candidat à la prochaine élection présidentielle et ce ne sera plus… Marc Ravalomanana. Selon le président national, le MFM a le choix entre lui-même et Pety Rakotoniaina, mais c’est le congrès qui en décidera.

Le MFM, qu’on surnomme aussi « Mafana » (chaud), n’est plus ce qu’il était. Aux législatives de 1993, il a placé à l’Assemblée nationale 14 députés sous la conduite personnelle de Manandafy Rakotonirina et était le second parti du pays (même rang que le Leader-Fanilo) après les Forces Vives. Son volume ensuite s’est réduit comme une peau de chagrin et le parti ne dispose maintenant que d’un seul député en la personne de Maurice Ramarolahy (Antsalova). Aux élections législatives comme aux élections communales d’ailleurs, ses fiefs traditionnels comme Ambositra, Manandriana et Fandriana lui ont échappé. Néanmoins, le MFM a repris du poil de la bête grâce à certains de ses adhérents les plus charismatiques qui agissent sous un couvert indépendant, comme les maires Pety Rakotoniaina (Fianarantsoa) et Rakamisilahy Martial (Manakara). Ces deux personnalités fixent et étendent les voix favorables au MFM, lesquelles, lors du scrutin du 3 décembre, seront reportées sur le candidat désigné par le Vovonana (congrès).

 

Il reste qu’au point de vue du symbole, Manandafy Rakotonirina est une perte de taille pour Marc Ravalomanana. Habitué de la compétition présidentielle, l’homme n’était pas entré en lice en décembre 2001 pour laisser le champ libre l’ancien maire de Tana-Ville. Dès le début de la crise de 2002, le MFM avait siégé sur l’estrade de la Place du 13-Mai, et Manandafy Rakotonirina en raison de son expérience politique fut intégré parmi les proches de Marc Ravalomanana. Incorporé dans la délégation de Marc Ravalomanana aux négociations de Dakar II, il joua un rôle prépondérant grâce aux liens personnels qu’il entretient avec le chef d’Etat sénégalais, Abdoulaye Wade. Interrogé par la presse internationale, il eut des propos particulièrement intransigeants comme ceux-ci qui, à la longue, portèrent leurs fruits : « Nous ne sommes pas venus à Dakar pour chercher un accord. Nous attendons de cette rencontre une reconnaissance internationale du régime du président Ravalomanana ». Quand l’ex-maire d’Antananarivo fut solidement installé à la barre de l’Etat, Manandafy Rakotonirina vit son titre de conseiller spécial confirmé, contrairement à ce qui s’était passé pour les autres chefs politiques de la Place du 13-Mai. Premier accroc avec le régime qui avait ses faveurs au début de 2004 : rapportant une confidence que lui aurait faite Cheick Tidiane Gadio, ministre des Affaires étrangères du Sénégal, il a déclaré dans la presse que si une loi d’amnistie n’était pas promulguée dans l’île, les financements du FMI seraient bloqués. Cette affirmation de Manandafy Rakotonirina fut démentie avec vigueur par le régime…

 

Dès lors, les relations entre le MFM et le pouvoir se  dégradèrent. Marc Ravalomanana, il est vrai, n’a pas mis en place les conditions nécessaires à l’éclosion d’opérateurs économiques dans chaque région, contrairement aux souhaits du parti. D’ailleurs, la décentralisation style Ravalomanana, avec des chefs de région étroitement sous la coupe du chef de l’Etat, n’était pas celle que le parti appelait de ses vœux.

 

Au fil des mois, d’autre part, la position de Manandafy Rakotonirina, à la tête du parti, devenait intenable, notamment avec les avanies infligées par le régime comme le limogeage du chef de province Pety Rakotoniaina et l’incarcération du député MFM, Herihajaina Randrianirina. Manandafy Rakotonirina n’était plus un conseiller spécial que de nom, son avis n’étant plus sollicité par le chef de l’Etat. Pourtant pour les militants du MFM et le public en général, les décisions de Marc Ravalomanana, notamment les plus controversées, avaient l’aval du chef du MFM…

 

Manandafy Rakotonirina et le MFM ont avalé beaucoup de couleuvres aux côtés de Marc Ravalomanana. La dernière étant l’incarcération de Ralala, l’adhérent MFM qui s’est battu avec ardeur pour Marc Ravalomanana en 2002, et dont l’arrestation semble préfigurer celle de Pety Rakotoniaina. En retirant son soutien au chef de l’Etat, le Mafana ne se livre pas à une réaction… à chaud

Adelson RAZAFY  

Gdi 04-09-2006