Axe Ambositra-Ambalavao : Pety en épouvantail

Des affiches placardées sur tous les murs de la cité, des meetings avec forces spectacles artistiques et, pour le Tim, un gros ballon à hydrogène, un cadeau venant de France de la part de la sœur du candidat Raymond Ratovondrahona, attaché au-dessus du siège du Magro et invitant à voter pour ce parti... Dans la capitale du Betsileo, l'ambiance peut paraître comme partout ailleurs. Et pourtant, derrière ce tableau idyllique se cache une situation surréaliste.

La semaine dernière, cinq convois composés d'éléments de la Force d'intervention de la police, de militaires et de gendarmes, armés jusqu'aux dents, ont rallié Fianarantsoa. Après renseignements, recueillis lors d'une halte à Ambohimandroso, l'armada a été mobilisée suite à trois attaques successives de "dahalo" à Andoharanomaitso, commune située dans Fianarantsoa II. Dans la Matsiatra, les élections se sont toujours déroulées dans un climat d'insécurité. "Les membres d'un parti politique l'ont déjà annoncé, les dahalo vont sévir dans les communes qui n'auront pas voté pour eux", assure un observateur qui a requis l'anonymat.

DES ALLURES DE REVANCHE
Quand on parle de "dahalo", on pense instantanément à Pety Rakotoniaina. Lorsqu'il était Pds de Fianarantsoa, l'ancien bouillant député d'Ikalamavony a voulu effacer les accusations de "dahalo" portées à son encontre en orchestrant une médiatique opération anti-dahalo. Une opération qui, somme toute, n'a pas fait que des heureux. Un étudiant à l'université d'Andrainjato, qui a également requis l'anonymat par crainte des représailles, a failli être lynché en revenant dans son village natal, à Ihosy. "L'opération anti-dahalo a pris 300 zébus dans mon village. Les habitants m'en ont voulu car ils savent que j'ai participé au mouvement qui a abouti à l'accession de Pety au pouvoir", a-t-il déclaré. Depuis, il a pris ses distances vis-à-vis de ce dernier.

Pety Rakotoniaina, lui, se présente pour la mairie de Fianarantsoa. Une candidature qui fait peur. Rien que pour ses allures de revanche. Pety Rakotoniaina n'a jamais pardonné sa disgrâce à la présidence de la Délégation spéciale de Fianarantsoa. Ses adversaires lui accordent l'intention, en cas de victoire, de se servir de la mairie de Fianarantsoa comme base pour des actions de déstabilisation générale en érigeant une "mairie autonome". En attendant, les QG des autres candidats reçoivent régulièrement des rapports sur les agissements qu'ils considèrent comme irréguliers, notamment des descentes dans les bureaux de fokontany, de la part des militants de "Tambatr'i Fianarantsoa", l'association qui présente Pety Rakotoniaina. "Pety agit comme le faisait autrefois l'Arema", selon Jean-Baptiste Ralaivaondriana, ancien compagnon d'armes repenti.

DOMINATION TIM
Lors des communales, le "Tambatra" a présenté des listes mais sans grand succès. À Fianarantsoa II, le "Tambatra" a gagné 4 communes sur 38. Le Tim ayant raflé la majorité (28 communes). En fait, le Tim a globalement dominé les communales, sauf à Fandriana où il n'a reçu que des miettes (4 communes sur 13). La population locale n'apprécie pas tellement les agissements du député Ramaria Esther Radavida, qui se présente comme le chef d'orchestre local du Tim après s'être présentée sous l'étiquette indépendante. Le Tim est également fortement bousculé à Ambohimahasoa où la voix de l'Avi, gagnante dans 11 communes sur 17, est largement véhiculée, et sans concurrence, par la radio "Ainga". À Ambositra, l'Arema a fait quelques timides apparitions en gagnant 4 communes sur 22, contre 11 pour le Tim, mais le maire actuel, Lala Rakotoarisoa, en se présentant de nouveau, a préféré se camoufler sous l'étiquette indépendante.

Ambositra, Ambohimahasoa, Fianarantsoa I et Ambalavao sont les grandes localités de l'axe qui vont voter le 23 novembre. Dans la région, de nombreuses armes de guerre, consécutives au chaos de 2002, sont encore en circulation. Le nouveau Pds est taxé d'immobilisme. C'est la ville de Fianarantsoa même qui risque de plonger dans l'immobilisme. En cas de victoire du "Tambatra", le pouvoir central ne sera vraisemblablement pas chaud pour coopérer avec lui. :

Randy D.