Réconciliation nationale

Pety Rakotoniaina a déjà fait le sien !

Le contexte économico-politique est depuis quelques semaines, dominé par les questions d'inflation et de surenchère quant aux revendications des uns et des autres. Dans cette agitation, et ne perdant point les objectifs qu'il s'est fixés, le pouvoir continue d'observer un certain recul, perçu par beaucoup comme une certaine indifférence. A de rares exceptions près, il n'y a que le président qui a fait quelques apparitions dans les médias pour rassurer la population sans pourtant parler de réconciliation nationale. Un concept qu'il semble ignorer mais qui préoccupe plus d'un politiciens. En tout cas, le Mfm à travers Pety Rakotoniaina l'a déjà réalisé.

Très sollicité ces derniers temps par les médias, Manandafy Rakotonirina explique indirectement les raisons du soutien de son parti au pouvoir, au risque selon les observateurs, de rompre avec la base du Mfm ; ce que réfute le président national de ce parti car le Mfm est un parti libéral dans lequel le militant est libre de ses opinions et de ses analyses. Les déclarations du "Vovonana d'Ilafy" de 2001 demeurent et seule une session de ce genre peut modifier les positions du parti, a-t-il déclaré. En tout cas, les propos tenus dans les médias par le président national du Mfm et conseiller spécial du président de la République autorisent une lecture de la situation par Mfm et par Manandafy Rakotonirina des affaires nationales.

Tout d'abord sur la question de réconciliation nationale qui oppose le Tim et l'Arema aussi bien dans le processus initié par la Solidarité parlementaire pour la démocratie et l'unité nationale (Spdun) qu'au Parlement - un sujet qui oppose également le Comité pour la réconciliation nationale (Crn) au régime, le Mfm relève deux choses. Pour le Crn de Zafy Albert, il est davantage question de personne et de légitimité du régime qu'autre chose. La réconciliation prônée par ce camp ne serait qu'une manière d'accéder de nouveau au pouvoir en remettant en cause les acquis de la reconnaissance du 6 mai 2002. Plus concrètement et pour le Mfm, les propositions du Crn ne sont qu'une stratégie pour écarter Ratsiraka et Ravalomanana et donner le pouvoir à Zafy Albert qui n'a obtenu qu'à peine 5% du suffrage exprimé en décembre 2001.

    Par contre, au sujet de l'antagonisme apparent relatif à la réconciliation nationale ou l'amnistie entre Tim et Arema, Manandafy attire l'attention sur la gestion de la situation par le Pds de la province autonome de Fianarantsoa à l'époque. Pety Rakotoniaina avait en son temps, aussitôt désigné par le chef de l'Etat, puis conquis le pouvoir, initié un mouvement de réconciliation dans sa province. Ainsi a déduit Manandafy, le mouvement "Tambatrasoa" a rassemblé tous les partis en conflit et résolu puis prévenu jusqu'à aujourd'hui les éventuelles questions de déstabilisation par voie ethnique, tribale ou régionale. En d'autres termes, Pety Rakotoniaina a déjà réalisé la réconciliation nationale à sa manière, bien avant la lettre et avant tout le monde.

A propos de réconciliation nationale, le président Ravalomanana laisse entrevoir à travers ses propos tenus ici et là et tout dernièrement encore à Mahajanga sa position. Après avoir mis l'accent, encore une fois sur l'impérieuse nécessité du partenariat entre l'Eglise et l'Etat, le chef de l'Etat a déclaré que pour développer tout le pays, ses populations et ses diverses localités, il n'y a que cette solidarité avec l'église qui soit le seul moyen adéquat et disponible. Considérant tout ce qu'il a dit à propos de réconciliation, notamment dans la composition du gouvernement depuis toujours, beaucoup de politiciens proches du régime concluent que cette "association" de l'église au processus de développement est la traduction dans le concret de cette réconciliation nationale. Il faut reconnaître que pour l'instant, ce sont effectivement les églises qui disposent des structures et des ressources assez ramifiées et couvrant tout le territoire national. Ce qui, soit dit en passant, traduit la sous-administration dont souffre le pays depuis plusieurs années et que l'on cherche aujourd'hui, avec la mise en place des régions, à reprendre en main.

Madagascar Tribune 11/05/04 - RAW