Traitement inégalitaire des communes

Pety crève l'abcès

De passage dans la Capitale, après avoir assisté à Miarinarivo à la célébration du 80 ème anniversaire du TEM (Tily Eto Madagascar), le maire de la Ville de Fianarantsoa, Pety Rakotoniaina, a été dimanche soir l'invité de Jean Claude Andrianaivo dans le journal de 20 heures de la TV Plus. Trois points saillants ont marqué l'intervention de cet ex-député d'Ikalamavony dont l'appel à manifestation d'intérêt lancé par le CNE (Conseil National Electoral) en vue de l'élaboration d'un code électoral annoté, le développement de la commune urbaine de Fianarantsoa et la fermeture de la Radio SAVA. Une Radio qui lui appartient et qui, rappelons-le, est jusqu'à présent interdite d'émettre pour avoir diffusé, selon les autorités, de fausses informations pendant le mouvement de grève mené voici quelques mois par les élèves du Lycée Raherivelo Ramamonjy.

 Deux poids, deux mesures

    Finalement, Pety Rakotoniainy est sorti de son silence pour confirmer le constat des observateurs selon lequel le développement de la Capitale du Betsileo souffre de la position politique qu'il adoptait vis-à-vis du régime depuis son éviction du poste de Pds. Ainsi, il a affirmé que le pouvoir central manifeste une certaine partialité quant aux subventions financières qu'il doit octroyer à toutes les communes qui en ont besoin. "Le cas de la Commune urbaine de Fianarantsoa en est un exemple flagrant", a déploré Pety Rakotoniaina dimanche dernier sur le plateau de la TV Plus. "La réhabilitation des grandes routes de la ville de Fianarantsoa est jusqu'à présent bloquée faute de moyens financiers suffisants, alors que la ville d'Antananarivo fait actuellement peau neuve avec ses grandes artères, grâce certainement au coup de pouce du pouvoir central ?", a-t-il regretté. Et pourquoi, s'est-il encore interrogé, la ville de Toliary vient d'avoir un gymnase couvert tout neuf, tandis que Fianarantsoa n'en a pas, alors qu'il y aurait eu un budget propre alloué par le gouvernement pour la construction des gymnases dans les chefs-lieux de provinces qui n'en disposent pas encore." Et le premier magistrat de la Capitale de Betsileo est allé jusqu'à interpeller le président de la République : "M. le Président, on ne peut pas restaurer l'unité nationale à coup de "kabary" mais avec des actes concrets tendant à "booster" un développement équilibré de toutes les parties de l'ïle."

Inutile
    Jean Claude Andrianaivo a profité du passage de cet ex-député d'Ikalamavony pour demander son point de vue sur le projet du CNE à élaborer à partir des textes déjà existants un code électoral annoté. Pour Pety Rakotoniaina, dont l'expérience en matière d'éléctions n'est plus à prouver, car il avait été témoin du déroulement de quelques éléctions successives dans le pays, cet appel à manifestation d'intérêt lancé par le CNE s'avère inutile. "Le problème n'est pas là", a affirmé ce premier magistrat de la ville de Fianarantsoa. En effet, il a souligné qu'on doit procéder au changement même de l'actuel code électoral en répondant aux trois questions principales : Comment inclure dans la liste éléctorale tous les noms des citoyens ayant le droit de voter? Comment éviter, ou du moins, atténuer les fraudes électorales? Et comment organiser des élections libres et démocratiques ?


Interrogé sur la fermeture de la Radio SAVA, Pety Rakotoniaina n'a pas caché sa déception face à l'attitude du ministère de la Communication qui persiste à ne pas autoriser la réouverture de sa Radio faute d'une seule signature. "Ce geste du gouvernement, qui est cependant convaincu du fait que la communication figure parmi les facteurs essentiels du développement du pays, constitue certainement une entrave à l'exercice de la liberté d'opinon et d'expression.", a-t-il crié.
    Bref, Pety Rakotoniaina vient là de prouver qu'il n'a jamais, malgré son silence et contrairement au constat de certains observateurs, changé de langage vis-à-vis de ce régime en place. Un régime qu'il a accusé de ne pas savoir reconnaître sa contribution (prise d'Andohanatady...) à son instauration.

 

Recueillis par Eugène R

 

Madagascar tribune 10/08/04

 

 

Pety Rakotoniaina :
Connu pour sa verve, il n’a pas laissé l’occasion pour égratigner au passage le pouvoir central. " La réconciliation ne se limite pas au discours ", a-t-il observé. Evoquant le cas de la construction du gymnase couvert de Fianarantsoa, le maire Pety Rakotoniaina met en cause le deux poids deux mesures de l’Administration à son désavantage. " Le gymnase de Toliara vient d’être terminé alors que le nôtre ne l’est pas encore ", a-t-il regretté. En enlevant le faritany de Fianarantsoa aux mains des partisans de l’Amiral, Pety Rakotoniaina a participé à " l’évolution de la situation sur les terrains " en faveur de Marc Ravalomanana. Installé comme Pds dans son fief à Fianarantsoa, sa relation avec le pouvoir s’est détériorée après son éviction du poste. Depuis, Pety Rakotoniaina s’est mis à l’écart du président de la République Marc Ravalomanana.

Interrogé sur l’adoption de la loi anti-corruption, l’ancien député d’Ikalamavony se désole d’un dysfonctionnement de la démarche entreprise par le Conseil supérieur de lutte anti-corruption. " Les responsables déclarent prôner l’approche participative et nous consultent alors que le projet de loi sur la corruption a déjà été présenté à l’Assemblée nationale ".

Pour Pety Rakotoniaina, l’Etat constitue le maillon faible dans la lutte contre la corruption.

En ce qui concerne l’appel d’offres pour l’annotation du code électoral. L’ancien député d’Ikalamavony pense que celui-ci est inutile. " A force de se frotter au code, je connais par cœur ces failles ", a-t-il déclaré. " La solution idéale est de limiter au maximum la participation de l’Etat dans la préparation des élections ", a-t-il continué.
:

Iloniaina A