CONTRE LES VOLS DE BOEUFS
PETY RAKOTONIAINA PREND L'AVANTAGE
Dans le bras de fer tonitruant qui oppose le PDS (chef de la province) de
Fianarantsoa, Pety Rakotoniaina et le général Sambiheviny Elson, commandant en
chef de la Gendarmerie nationale, c'est le premier qui prend de plus en plus
l'avantage. Et ceci parce que pour défendre sa cause, il utilise mieux les médias.
Après sa conférence de presse très courue de vendredi, il est passé d'une
chaîne de radio ou de TV à l'autre, presque sans interruption
pendant tout le week-end.
Il est vrai qu'en raison de son franc-parler et de son éloquence percutante,
Pety Rakotoniaina fait grimper l'audimat et est donc très sollicité par les
stations. Des nombreuses réactions des auditeurs au téléphone, on peut dire
que la sympathie et le soutien du public vont vers lui. Par moments
effectivement, Pety Rakotoniaina impressionne favorablement. Ce jeune chef de
province fait montre d'ardeur et de détermination dans la lutte contre le vol
de boeufs. Il a une conscience claire des mobiles financiers, sociologiques ou même
ethnologiques qui poussent au vol de boeufs. Une bonne
connaissance également des voies et passages empruntés par les troupeaux volés
dans les immensités du moyen-ouest. Une compréhension, enfin, des filières
occultes qui ont la haute main sur l'achat et la vente (même vers l'étranger)
des boeufs volés.
* CONTRÔLE DE LA HIÉRARCHIE
En contact de longue date avec le phénomène au titre de député d'Ikalamavony
depuis deux mandats, il a également fait partie à l'Assemblée nationale de
toutes les commissions parlementaires qui se sont penchés sur l'éradication
des vols de boeufs. Par ce profil riche et fourni, Pety Rakotoniaina éclipse le
général Sambiheviny Elson, bon père de famille qui s'achemine vers une
retraite tranquille, et qui ne peut manifester le même punch dans la
conduite des opérations. Le public se souvient d'ailleurs que, par le passé,
l'Armée et la Gendarmerie ont mené des opérations apparemment vigoureuses
contre les vols de boeufs, mais qui n'ont donné aucun résultat. En attendant
le retour de Marc Ravalomanana, qui devait arbitrer le différend, le public
semble avoir déjà fait son choix;
De fait, Pety Rakotoniaina ayant mené une expérience intéressante qui s'est révélée
fructueuse malgré quelques bavures, il serait judicieux de lui laisser la
conduite d'une opération avec lui prometteuse. Il faudrait lui restituer les
forces armées affectées auparavant à l'opération (gendarmes, militaires,
policiers) et étoffer le matériel de lutte (véhicules, hélicoptères...). En
contrepartie, les activités de Pety Rakotoniaina devraient être soumises à
l'encadrement et au contrôle de la hiérarchie. Lui adjoindre un staff de
conseillers (juristes et officiers) ne serait pas superflu.
Le tort du PDS jusqu'ici, c'est d'arguer de la "compétence
territoriale" pour refuser la supervision du pouvoir central, et pour
diriger les opérations à sa guise avec ce que cela comporte d'abus. Dans les
structures républicaines, il ne devrait pas y avoir de shérif qui mène une
justice personnelle.
Les principaux atouts de Pety Rakotoniaina : la jeunesse et la santé. Dans la
lutte contre les vols de boeufs sur les plateaux dénudés du moyen-ouest, cela
lui permet sans cesse de rouler... sa bosse.
Adelson Razafy et Rolly Mercia
Madagascar Tribune 21/10/02