Bonsoir ! (il est 21h15 à Paris)
Je reçois le message suivant de la part de Ra-Jean. C'est un commentaire aux
résolutions du récent congrès du MFM. Ceux qui sont intéressés peuvent
consulter le texte entier sur le site de Rapaoly :
http://perso.club-internet.fr/nahoanik.
Je vous laisse apprécier,
A bientôt,
Mamy
---- début de message ----
Bonjour Mamy,
Tous mes sincères souhaits de réussites à ceux et celles qui vont mettre sur
la carte de la géo-politique malagasy les expatriés de la Grande Ile. Pour
l'immédiat, j'aimerai apporter le texte ci-joint en format ms word en echo à
mon ami Rapaoly qui ne cesse de rêver de voir beaucoup de gens parler. Pour sa
déception personnelle, il n'y a que cette grande gueule de Ra-Jean qui réagit
à chaque fois. Il va dire certainement "Oh, non! Encore ce Ra-Jean".
Amicalement.
Ra-Jean
>>>>
Pour que mon ami Rapaoly ne se sente pas plus marbre qu'il ne l'est déjà, j'ai
pensé à mentionner les quelques points suivants. D'abord, je voudrais
dire à Rapaoly qu'en politique, et encore moins dans le cas de Madagascar, il
n'est pas du tout conseillé de rester de marbre trop longtemps car à force de
rester de marbre, on finit par acquérir une température proche de celle d'un
iceberg. Ensuite, je n'essaie point d'insinuer que Rapaoly n'est plus
"mafana" au sens propre comme au figuré. Je vais lui laisser le
soin de décliner sa propre température. Ceci étant dit, cela fait du bien
d'entendre
des nouvelles de gens qui se taisent un peu trop souvent. Pour être
franc, le silence des "Mafana" est très suspect. Pourquoi se
fait-il qu'on n'entend plus que Lekoto ou Lynx? Y-a-t-il encore quelqu'un
d'autre que ces deux icônes au sein du MFM?
DERAPAGE VERS LE CENTRE
Le problème des "Mafana" n'est-il pas que tout le monde s'est affiché
tellement à gauche que le changement soudain de direction de la
"revendication prolétarienne" à ce quelque chose qui ressemble au
"souverainisme libéral" met beaucoup de militants mal à l'aise? Si
le "souverainisme libéral" en question est resté quelque peu à
gauche, tout irait encore pour le mieux. Mais le MFM au grand complet dérape
complètement vers le centre. En fait, l'organisation flirte déjà beaucoup
depuis quelques années avec les idées de droite que feu Ralay doit avoir avalé
de travers son
"farara" là où il observe la trajectoire actuelle du parti ou de ce
qu'il en reste.
NOTION DE TRANSITION
Personnellement, je pourrais applaudir la revendication de Lekoto pour un
gouvernement de transition. Quelque part, cela permet de constater qu'il se met
à l'heure juste. Toutefois, je dirai que la notion de transition, c'est au sein
du MFM en tant qu'organisation politique qu'elle aurait dû d'abord et avant
tout être experimentée. Et ce, pour que l'idée en tant que telle ne soit pas
seulement théorique (voire douteuse) mais appuyée par tout un vécu essentiel
à son plein épanouissement. Il y avait (et il y a encore) un grand besoin de
faire la transition entre le "Mouvement pour le pouvoir prolétarien"
et le "Mouvement pour le progrès de Madagascar". Cela n'a jamais été
fait.
POLITIQUE POLITICIENNE
Pour ne pas parler que de Lekoto, j'aimerai mentionner que Lynx est sorti de son
long silence récemment. Ou, en tout cas, c'est la première fois depuis quelque
temps que je le lis dans un journal. Il a beaucoup critiqué Herizo qui, selon
toujours Lynx, agit dans les sens de ce qu'on connaît des décisions récentes
du Leader-Fanilo car Herizo manque de "cash". Mais, sans blague, quel
est le politicien malagasy qui ne manque pas de "cash"? Surtout dans
une ambiance pré-électorale comme actuellement? Il est vrai que l'argent ne
fait pas le bonheur, mais, sans blague, ne vaut-il pas mieux en avoir que le
contraire? Mais quand même, ce n'est pas une raison d'être prêt à tout pour
en avoir. J'ai comme l'impression que de plus en plus le MFM quitte les rives
des débats d'idées pour s'enfoncer dans les marécages de la politique
politicienne. Je ne m'attends pas à quelque chose comme je vais dire de la part
de Deba ou d'autres politiciens, mais je me suis toujours attendu que Lekoto et
Lynx publieraient un de ces quatre matins le livre bien ficelé qui couronnerait
respectivement leur carrière politique et celle en tant que formateurs.
DEMOCRATIE
Dans ma façon de voir les choses, il est préférable de faire le ménage dans
sa propre maison et sa propre cour avant de critiquer les autres de ne pas le
faire. Parlons de la démocratie. Le MFM est le parti où j'ai entendu le plus
le mot démocratie, droits de l'homme ainsi que tous les autres mots-clés qui
vont de pair avec démocratie. Si ma mémoire est bonne, je n'ai entendu aucun
des partis se disant de l'opposition à Madagascar, le MFM inclus, critiquer les
faits suivants :
- les lois (et non seulement les lois électorales) sont en grande majorité
promulguées par voie de décret et d'arrêté par le régime en place; ce qui
signifie que l'assemblée nationale ne joue pas pleinement son rôle de législateur,
encore moins les partis dits d'opposition;
- tout le monde critique l'enrichissement illicite mais on n'a réuni que 12
signatures de députés au sujet de la loi allant dans ce sens;
Si l'alternance est le mot-clé en démocratie, comment se fait-il que peu de
partis dits d'opposition ont organisé une course interne au leadership dans la
bonne tradition des partis dits d'obédience démocratique? On critique Deba de
vouloir s'accrocher au pouvoir, mais la présidence nationale du MFM n'est-elle
pas aux mains de Lekoto et le secrétariat général aux mains de Lynx depuis
"God knows even when". On est démocrate ou on ne l'est pas. Il n'y a
pas 36 manières de voir les choses.
TRANSITION ET ANTI-DEMOCRATIE
Un gouvernement de transition comme on veut l'instaurer à Madagascar est anti-démocratique
et c'est le moins qu'on puisse dire. Dans un passé assez récent, on a vu des
gens qui n'avaient aucune espèce de chance de se faire élire par le peuple
arriver au pouvoir par le biais d'un gouvernement de transition. Et quant on
sait ce qu'on peut faire lorsqu'on est au pouvoir à Madagascar, il n'est pas étonnant
que beaucoup de gens veulent passer par la transition que l'élection. C'est
plus facile... Les lois électorales sont certainement encore bancales, mais
elles l'ont été en 1972, 1975, 1982, 1989,
1993 et 1996 pour ne parler que de ces dates. Les forces vives avaient la
majorité à l'assemblée. Pourquoi n'avoir pas changé à ce moment-là ce
qu'on veut changer dans la loi électorale?
Salut et toujours sans rancune.
Jean
---- fin de message ----