Amnistie, plus qu'opportune !
Voulant à tout prix, allant jusqu’à sous-estimer les
risques que cela peut engendrer pour le parti, des cadres du MFM, dont le
président national Manandafy Rakotonirina, défendent becs et ongles la nécessité
d’une paix sociale à consolider par une amnistie. Admettant que les
investissements publics et les fonds en provenance des bailleurs de fonds
affluent et qu’ils sont indispensables pour la dotation des régions en
infrastructures de base (voies de communication, électrification,
télécommunications, infrastructures sociales…), le MFM qui fonde ses espoirs sur
le développement des régions craint que les investisseurs privés locaux
qu’étrangers ne tardent trop à venir, compromettant alors le décollage
économique espéré ; et cela, tout simplement parce que l’atmosphère politique et
sociale ne les rassure pas tout à fait. Beaucoup s’accordent en effet à dire que
pour ne pas compromettre la vision et la politique du chef de l’Etat, ses
initiatives et celles des bailleurs de fonds - qui à l’instar de la Commission
européenne est déjà dans le Sud avec le programme ACCORDS, ou des Etats-Unis qui
seraient déjà prêts et cela ne dépendrait plus que de la pertinence et de la
fiabilité de nos projets dans le cadre du "Millenium Challenge Account", il faut
que l’atmosphère se détende davantage.
Le chef de l’Etat a en tout cas déjà reconnu la nécessité des politiques et
s’est déclaré satisfait de l’attitude des partis, après les avoir un moment
dénigrés. L’heure est vraisemblablement opportune pour procéder à une décision
politique dans le sens de cet apaisement. Les appels de Roland Ratsiraka, dixit
Manandafy, ne sont pas gratuits. L’amnistie souhaitée ou du moins caressée par
le président Ravalomanana à Antsiranana transformée ou réduite en grâce
présidentielle devrait aujourd’hui être le cheval de bataille des députés,
clame-t-on du côté de la SPDUN et surtout dans le camp MFM.
• Amnistie, peut-être, mais pas réconciliation ?
Au moment où le CRN et consorts appuient à nouveau sur le champignon de la
réconciliation nationale et s’activent par son comité préparatoire à la collecte
de signature en sa faveur, le maire de la ville de Toamasina réclame une
amnistie, appuyée par, ou appuyant en cela, les propositions de la SPDUN et du
MFM. Pendant ce temps, le TIM Analamanga prône apparemment la solidarité dans la
lutte contre la pauvreté ; lutte dans laquelle il veut associer toutes les
forces politiques crédibles de l’heure, dont l’Arema, le RPSD Vaovao, Manaovasoa,
Grad Iloafo…le RPSD. En tout cas, le TIM, a déclaré le président national de ce
parti du président Ravalomanana, n’a d’autre ennemi que la pauvreté. Le même
langage a été entendu de la bouche du représentant de Pierrot Rajaonarivelo,
secrétaire national de l’Arema, Jean André Ndremanjary, dont la seule présence
lors de la cérémonie d’ouverture du congrès régional du TIM Analamanga en dit
long sur l’état d’esprit des principaux protagonistes dans les événements 2002.
Apparemment donc, plus rien d’infranchissable n’existe entre le TIM et l’AREMA
et l’amnistie pour la lutte contre la pauvreté peut toujours à terme les réunir
autour d’une table ronde contrairement à la réconciliation prônée par le CRN.
Même le représentant de l'AREMA n'en a pipé mot. Le président du TIM Analamanga
a d'ailleurs indiqué que le Malgache n'a pas à être réconcilié avec quiconque
car il a le "fihavanana" dans son sang. Toutefois il n'a pas abordé la question
d'amnistie.
Ceci étant, en adoptant cette stratégie de l’amnistie en réalité, le TIM et
le pouvoir coupent l’herbe sous les pieds du CRN, dament le pion aux opposants
les plus radicaux et font l’économie d’une dépense inutile de conférence
falsifiée ou de façade pour cette solidarité dans les régions comme l'avait fait
comprendre un collègue sous une autre forme et sous sa plume la semaine dernière
dans son éditorial. Par la même occasion, le TIM épargne le président fondateur
du parti et prend en charge avec le gouvernement le traitement des litiges ou
des séquelles de la crise 2002. Etant majoritaire à l’Assemblée nationale, le
TIM et le gouvernement sont les premiers concernés car seuls le Parlement, dont
l’Assemblée nationale et le gouvernement sont habilités à légiférer.
C’est au Parlement et en premier lieu aux députés de proposer les lois
opportunes car le pays a aujourd’hui plus que jamais besoin, de l'avis de
presque tous les politiciens, des lois suivantes : loi sur les partis politiques
et le statut de l’opposition pour éviter à jamais les coups de force et assurer
l’alternance démocratique dans la transparence ; loi sur la concurrence, dans le
commerce, dans les affaires ; loi d’amnistie sélective.
Tribune 28/09/04 - RAW