« La conférence nationale sur la bonne gouvernance intéresse les partis politiques », selon Olivier Rakotovazaha

Olivier Rakotovazaha, ancien ministre des Transports et de la Météorologie, estime que la conférence nationale sur la bonne gouvernance intéresse plus les partis politiques que celle de la tenue d’une réconciliation nationale. Concernant les actes de banditisme qui prévalent dans le pays, cet ancien ministre pense qu’il n’y aura pas de développement tant que l’insécurité persiste. Il a parlé également du projet de loi de Finances 2005, des revendications du SECES et de la réélection de George Bush. Interview. 

Midi-Madagasikara : L’insécurité qui règne dans le pays ne cesse d’inquiéter tout un chacun. Non seulement, elle est l’œuvre des gangsters mais de hauts responsables des forces de l’ordre seraient également impliqués. Votre opinion. 

Olivier Rakotovazaha : Du temps où Pety Rakotoniaina était PDS du Faritany de Fianarantsoa, un litige l’avait opposé au général Sambiheviny concernant l’insécurité qui régnait dans la région. Le PDS avait dit à l’époque que des responsables des forces de l’ordre et des juges seraient impliqués dans le phénomène Dahalo. Son successeur à la tête du Faritany a tenu également les mêmes propos. Il ne faut pas oublier non plus la cherté de la vie qui favorise les actes de banditisme. Il n’y aura pas de développement tant que l’insécurité persiste.

Midi : Projet de loi de Finances 2005 équilibré à 19.249 milliards Fmg. Le gouvernement envisage un taux de croissance soutenu de 7 % pour 2005. Croyez-vous qu’il y aura des retombées positives sur l’ensemble de la population ?

O.R : Le DSRP a préconisé un taux de croissance entre 8 à 10 % pendant 10 ans et cela va réduire le taux de pauvreté à 50 %. Or, ici le taux de croissance est de l’ordre de 7 %, cela va donc retarder la réduction de la pauvreté à 50 %. Concernant le point d’achèvement, 50 % des encours de dettes ont été effacés. Il faut temporiser notre triomphalisme. Cela n’aura pas des retombées positives sur l’ensemble de la population. Si l’effacement des dettes avait atteint 90 %, cela aurait eu des répercussions positives sur la vie des gens. Pour ce qui est de l’augmentation de la masse salariale, elle avoisine les 12 %, or le taux d’inflation est de l’ordre de 22 %. Il y a une différence de 10 %.

Midi : Des bruits circulent ces derniers temps sur un changement de Premier ministre. Quel est votre avis ? 

O.R : Cela ne doit pas seulement concerner le poste de Premier ministre. On doit juger les membres du gouvernement sur leur « zava-bita » et s’ils ont atteint leur objectif. En ce qui me concerne, je ne comprends pas pourquoi on m’a évincé de mon poste de ministre. Je me suis présenté aux législatives, je n’ai pas été élu, mais est-ce que cela constitue une faute ? On s’est fixé un taux d’inflation de 5 % pour 2004, on est à 22 %. On a envisagé un taux d’investissement de l’ordre de 20 % pour 2004, on est à 16 ou 17 %. Les objectifs qui ont été fixés dans le Dsrp et la loi des Finances 2004 n’ont pas été atteints. Et ces gens-là ne sont pas sanctionnés. Que l’on change ou que l’on ne remplace pas le chef du gouvernement, il n’y a que le résultat qui compte.  Je me demande quels sont les critères exigés pour les postes de ministres et celui de Premier ministre.

Midi : Et sur les revendications du SECES qui menace de boycotter la rentrée universitaire si leurs desiderata ne sont pas satisfaits.

O.R : Je suis enseignant-chercheur, et en tant que tel, je suis solidaire avec mes collègues. Boycott de la rentrée universitaire par le SECES, je n’en ai pas entendu parler. C’est plutôt le gel des notes qui subsiste. On a atteint le point d’achèvement, les enseignants-chercheurs estiment que leurs revendications peuvent être satisfaites.

Midi : Et concernant les formations politiques qui persistent sur la nécessité de la tenue d’une réconciliation nationale.

O.R : C’est le CRN qui a surtout misé sur la tenue d’une réconciliation nationale. Cela n’a pas eu l’adhésion de la majeure partie des formations politiques. C’est plutôt la conférence nationale sur la bonne gouvernance qui intéresse les partis politiques.

Midi : Parlons actualité internationale, la réélection de George Bush à la Maison  Blanche.

O.R : George Bush a été le premier à reconnaître le régime de Marc Ravalomanana. Millenium Challenge Account, AGOA  constituent des avantages pour les pays pauvres et Madagascar pourrait également en bénéficier. Avec cette réélection de George Bush, la lutte contre le terrorisme va s’intensifier.

R.D.

Midi 08/11/04