Un bonjour dominical à tous,
Aujourd'hui, nous avons le plaisir de lire Christian Chadefaux qui revient sur sa notion
de "premier parti". Mais ce n'est pas l'essentiel, il analyse la situation
politique actuelle et ce qui est nouveau, donne sa vision de l'avenir proche.
Très bonne lecture,
Mamy.
---- Liste des envois ----
Christian 05/01 : Terrain glissant...
---- début de message ----
Bonjour à tous
Je comptais, bien sûr, m'immiscer dans le débat sur le MFM car je suis quand même un
peu né professionnellement en même temps que lui et que les "experts et rouge"
ont aussi éveillé ma conscience politique à partir de 72, ce qui ne pouvait être
vraiment le cas tant que le Courrier de Madagascar sévissait. Je m'apercevais bien qu'il
y avait quelque chose qui ne collait pas avec cette omniprésence française mais sans
plus. J'y reviendrai.
Quel âge avait Rapaoly en 72 ? C'est important.
Ce qui me fait réagir à chaud, c'est bien sur son ironie à laquelle Mamy ne peut
s'empêcher de rajouter une couche..., que je partage en partie, sur mon analyse du poids
objectif de chaque parti.
Je me suis laissé dire que les Betsileo étaient aux Merina, ce que les Belges sont aux
Français... C'est vrai qu'ils ont une sérieuse tendance à vouloir péter plus haut que
leur cul. Cela dit, je crains que les chancelleries, comme on dit, ne s'arrêtent pas à
cette considération. Même si tout cela à un côté franchement surréaliste, puisque
l'on sait les élections trafiquées pour environ 60% de leurs résultats, il faut bien
s'amuser "à faire comme si" pour en tirer des conclusions.
Mon "postulat", bêtement occidental, a l'énoncé suivant : "Sachant de
façon indiscutable que c'est toujours le parti au pouvoir qui emporte la mise
électorale, quelle est, sur la durée, la place objective d'un parti qui progresse en
seconde en position ?".
En 91, Zafy est dopé aux anabolisants et fait premier. En 99, Ratsiraka est shooté aux
amphétamines et fait premier. Une commission anti-dopage l'atteste. Dans ces conditions
qui occupe objectivement la marche la plus haute du podium si ce n'est celui arrive
second, et d'autant plus que l'on a peut-être aussi semé son parcours de peaux de banane
? C'est tout, c'est simple.
Je savais bien que ce syllogisme ferait hurler, même s'il me semble d'une logique
absolue, raison pour laquelle je ne l'ai pas encore développé dans la rubrique "La
voix de son maître". Heureusement que Paul a écrit qu'il était de mauvaise foi...
et que Mamy l'est de façon permanente !!!
Je sais que c'est quelque chose d'impensable, mais Herizo me fout une paix royale dans la
ligne éditoriale, si jamais il y en a une ?, développée par le journal.
En réalité, le maître en question me semble dépassé par les événements. Une lecture
attentive des éditos montre qu'ils s'adressent, aussi, indirectement, souvent à lui
quand j'y dénonce l'embrouillamini entretenu par les politiciens, l'absence de clarté et
de cohérence du discours idéologique, les alliances que l'on sait forcément
éphémères car contre la nature des choses etc... Je suis chatouilleux sur ce plan car
je me garde d'être partisan dans ma perception politique, avec, bien sûr, car c'est
quand même mon employeur, un devoir de réserve que je m'applique à rogner.
Herizo n'intervient jamais dans la rédaction de l'édito. Ce n'est qu'après coup qu'il
met parfois les holà quand il considère que je m'acharne, que je harcèle trop, par
exemple Henriette sur sa façon pour le moins étonnante de gérer l'épidémie de
choléra. Dans ces cas là, je fais - en bon malgache devenu peut-être ? - le dos rond et
je remets la sauce à la première occasion, dès que son attention s'est relâché. Et
comme il n'y a pas de pré-lecture de sa part, une fois publié c'est trop tard.
Avec moins de pertinence, car rien n'est jamais clair dans ce pays, Leader se positionne
dans la "coalition" gouvernementale actuelle comme Robert Hue et la Voynet dans
le gouvernement pluriel de Jospin... C'est ce qu'il tente de faire passer, et à voir la
réaction des uns et des autres ça ne passe pas. Je veux bien... Ce qui me gêne quand
même c'est que idéologiquement - vous avez remarqué que plus personne ne se positionne
sur ce plan là - l'ultralibéralisme de Leader est moins proche de la ligne politique de
Ratsiraka que Hue et Voynet ne le sont quand même des socialistes.
Ratsiraka, globalement, reste secrètement à gauche, tandis que Herizo est franchement à
droite. Et moi dans toute cela, je passe pour un gauchiste !!! parce que je m'en prends
systématiquement à la bourgeoisie. Si j'avais eu la nationalité malgache, sans doute
aurai-je rejoint le MFM en 72, encore que le terrorisme urbain ne soit pas mon truc...
Sur le débat Ratsirahonana/Razafimahaleo, j'adhère quand même à la position du second
qui s'est insurgé contre la duperie du premier. Quel naïf finalement cet Herizo pour
avoir cru que Norbert ne se présenterait pas.
Quel manque d'information, de renseignement car, quand même, une campagne électorale,
présidentielle ou municipale, ne se décide pas la veille de la clôture du dépot des
candidatures. Il devait bien y avoir des signes, ici et là, qu'il n'a pas perçus, dont
il n'a pas été informé. C'est politiquement grave et peu engageant pour l'avenir s'il
persiste à en vouloir un...
"Au-delà de cette limite votre ticket n'est plus valable"... La vie politique
malgache se résume à ce message du métropolitain. Tous les chefs de partis actuels sont
tenus en laisse, ou par les couilles, par "Le Vieux". Il n'y a pas d'autre
explication aux élans brisés des uns et des autres, en plus de leur crédit que les
partis gaspillent au fil du temps en n'allant jamais au bout de leur engagement. Rien de
surprenant s'il y a désormais une place pour les pitres...
Tout en me disant que cela ne sert à rien puisque les résultats des élections sont
pipés, je vais quand même comparer dans le détail les résultats des municipales de 95
et de 99, commune par commune. Je veux voir si systématiquement un HVR et consorts a
été remplacé par un Arema. Je veux savoir quelle est la proportion de maires reconduits
pour tous les partis, ce qui est soit un gage de satisfaction de la part de l'électorat
local, soit la preuve d'une maîrise du bourrage des urnes. Le cas de Eric Rabearisoa à
Alasora me parait intéressant. Il s'est pris une veste à la députation, parce qu'il
sortait de son champ naturel (?) d'influence, mais il est reconduit à la mairie.
Qu'on le veuille ou non, et même si les élections sont trafiquées, ce qui me surprend
c'est que l'on note malgré tout une logique de vote : sur la durée, les partis qui ne
tiennent pas leurs promesses, leurs engagements sont sanctionnés. En définitive, Herizo
est en train de subir les mêmes conséquences que Manandafy, celles d'une lente
phagocytation ratsirakienne.
Il me parait clair, pour l'avenir, que la population ne peut adhérer qu'à du réellement
neuf. Cas de Marc Ravelomanana. Il n'aurait pas distribué de produits Tiko, il aurait
été quand même élu. Mieux vaut voter pour un hypothétique espoir que pour des
illusions déjà perdues... Score trafiqué ou pas, en 75 on vote d'abord pour un grand
chambardement. Score pas trop trafiqué en 92, on vote encore pour un virage à 180°...
Le "messie" de 2002, ou avant ?, devra aussi promettre un grand coup de balai
qui, pour être pris au sérieux, devra être celui d'un candidat né de la dernière
pluie. Je ne pense pas que les gens soient sensibles aux subtilités du discours de
Leader, du genre formule dont on se délecte ici : le changement dans la continuité... ou
l'inverse ! Je crains qu'un religieux, une sorte de Fulbert, ou un militaire, ne fasse un
jour un malheur, en désespoir de cause, parce que "Tiens on n'a pas encore essayé
ça".
A plus pour ma vision du MFM...
Bonne journée à tous
Christian
Note de Mamy : Fulbert = l'abbé Fulbert Youlou, premier président du
Congo-Brazaville
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