COMMUNIQUE

PARTI M.F.M. (MOUVEMENT POUR LE PROGRES DE MADAGASCAR)

 MOUVEMENT CIVIQUE A MADAGASCAR

 Les résultats du premier tour des élections présidentielles malgaches, proclamés par la Haute Cour Constitutionnelle (HCC) le 25 janvier 2002, qui donnent Ravalomanana à 46, 21% et Ratsiraka, président sortant, à 40,89%, sont contestés par la population malgache. Une grève générale illimitée est observée depuis lundi 28 janvier 2002. Ravalomanana et son comité de soutien (composé de la presque totalité des partis de l’opposition et de diverses associations) revendiquent la victoire et refusent la tenue d’un second tour (convoqué au 24 février) étant donné qu’une expertise contradictoire des procès-verbaux du scrutin sous l’égide de la HCC, et non par un organisme non habilité à traiter le contentieux électoral comme le CNE (Conseil National Electoral), a été rejetée.

La gestion par le Ministère de l’Intérieur de ce premier tour des présidentielles est entachée de plusieurs incidents qui ont suscité contestations et suspicions (depuis la constitution des listes électorales jusqu’au décompte des voix). Cinq mois avant les élections, le parti MFM avec un collectif de partis d’opposition ont déjà alerté les bailleurs de fonds et différentes chancelleries sur les risques d’un scrutin géré par le régime actuel et ont sollicité un soutien en vue de la tenue de présidentielles transparentes et libres. Quelques centaines de milliers de personnes ont manifesté dans la capitale ainsi que dans les grandes villes du pays pour réclamer la transparence du scrutin par la confrontation des procès-verbaux et la proclamation des résultats par bureau de vote.

Dans un communiqué du 8 janvier 2002, les représentants de la Commission Européenne, du Royaume Uni, de la France et de l’Allemagne ainsi que l’Ambassadeur du Japon et les Chargés d’Affaires des Etats-Unis et de la Suisse ont lancé un appel « aux autorités publiques malgaches et à toutes les parties concernées par le processus électoral » d’œuvrer « à une interprétation commune des résultats » et de ne pas mettre « en danger la paix civile à Madagascar».

Le 15 janvier 2002, le président G.W. Bush demande « une solution transparente, juste et démocratique (…) selon la Constitution et les lois malgaches et les normes internationales des élections démocratiques ».

La Fédération des Eglises Chrétiennes de Madagascar (FFKM), en tant qu’autorité morale, n’a de cesse de proposer sa médiation et a toujours insisté sur l’exigence de clarté nécessaire à l’expression de la vérité des urnes. A sa demande, les manifestations ont été suspendues du 18 au 25 janvier 2002.

Manifestation massive de la population malgache, appels de l’opinion internationale et requêtes du candidat Ravalomanana ont été ignorés par la Haute Cour Constitutionnelle dans cette proclamation des résultats du premier tour qui ne fait que reconduire à quelques voix près, les résultats officieux et litigieux du Ministère de l’Intérieur.

Dans tout Etat de droit et devant toute juridiction, le principe du contradictoire est nécessaire à la manifestation de la Vérité. En refusant la confrontation des procès-verbaux du scrutin, les membres actuels de la Haute Cour Constitutionnelle bafouent ce principe fondamental du droit et décrédibilisent cette institution de la République. La nomination de plusieurs de ses membres à un mois des élections annonçait le coup d’Etat institutionnel que Ratsiraka est en train d’opérer au mépris de l’opinion internationale et des aspirations de la population malgache.

Dans le régime actuel, l’inféodation du pouvoir judiciaire au pouvoir exécutif est source de la partialité de la justice .

La mobilisation des Malgaches qui réclament la transparence pour défendre leur choix exprimé dans le scrutin de 16 décembre 2001 n’est pas une chasse aux sorcières. Ce n’est pas non plus un mouvement corporatiste ni une émeute de la faim (malgré la pauvreté des gens, Madagascar est classé PPTE). C’est l’expression collective du civisme et de la maturité politique de la population.

Contre le détournement des prérogatives de puissance publique et le coup de force institutionnel, des centaines de milliers de gens (un demi-million à Antananarivo le 28 janvier selon l’AFP) s’érigent en défenseur de l’Etat de droit et de la démocratie.

L’usage abusif des privilèges de puissance publique est un mode de fonctionnement habituel du régime ratsirakiste, la partialité de la justice est ainsi remarquée (cf. MOCI, 2002). Ces pratiques sont la source de la corruption et de l’insécurité des investissements.

Les Malgaches qui s’expriment aujourd’hui ont besoin de reconnaissance et de soutien dans leur quête de droit et de légalité qui est un gage de stabilité politique durable, nécessaire à la croissance économique et au développement du pays. La manifestation citoyenne actuelle de la population malgache est la garantie d’une nouvelle pratique de transparence dans la gestion des affaires publiques.

Les suggestions apaisantes des grandes démocraties n’ont pas été entendues aussi la tenue d’un second tour, dans les conditions des pratiques actuelles du régime, serait un déni de justice pour les Malgaches qui aspirent à une société moderne et démocratique et un défi à l’opinion internationale.

 

 

Paris, le 29 janvier 2002

le parti MFM (Mouvement pour le Progrès de Madagascar)

Andriamanivohasina Rakotomalala, Représentant en France

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