CRAINTE D'UNE GUERRE CIVILE - MANANDAFY SUGGÈRE UNE AMNISTIE

Manandafy Rakotonirina tire la sonnette d’alarme devant une situation qu’il trouve explosive.

Le Mfm tire la sonnette d’alarme - Seule une amnistie éviterait une guerre civile.

Pour le MFM, il faut prévenir que guérir. La formation politique dirigée par Manandafy Rakotonirina revient à la charge pour prôner une "amnistie générale des actes et des faits" liés aux événements de 2002. La proposition en soi n'est pas une nouveauté, mais elle pourrait avoir son poids après la "nouvelle donne" . Pour le MFM, l'amnistie est, au mieux, un préalable au développement initié actuellement, au pire, éviter la guerre civile.

"Il faut arrêter l'escalade verbale entre les tenants du pouvoir et l'opposition. Les surenchères peuvent, à la longue, conduire sur le chemin de la guerre civile", a prévenu Manandafy Rakotonirina hier, en marge de la réunion des membres du comité directeur du parti. "Pour prévenir cette éventualité, il faut une amnistie pour tous les protagonistes de 2002, qui permettrait du coup de se concentrer sur les travaux de développement".

Pour le conseiller du Président de la République, "toutes les conditions existent" pour aboutir vite à ce scénario à l'africaine. "Les potentialités économiques commencent à être identifiées, à l'image des gisements pétrolifères et des pierres précieuses. Des tentations venues d'ailleurs ne sont pas à écarter pour exploiter la situation actuelle", analyse Manandafy Rakotonirina, entouré des membres du bureau politique du parti.

Ce n'est pas la première fois que le parti des "Rouge-expert" a fait une telle déclaration. Pour diverses raisons, Manandafy Rakotonirina a déjà fait part d'une telle nécessité à plusieurs reprises car "la grâce présidentielle n'est plus suffisante pour gommer ce danger". Pety Rakotoniaina, maire de Fianarantsoa, également membre du MFM, a déjà fait part de son "appréhension" juste avant la tenue de la conférence nationale.

Cette fois-ci, le MFM a profité du "souhait" émis par Blaise Compaoré, président du Burkina, pour appuyer sa thèse. Ce dernier avait annoncé vouloir voir "un peuple se réconcilier totalement sous la conduite du président Marc Ravalomanana". Un "souhait qui pourrait être celui de l'Union africaine", avance Manandafy Rakotonirina.

Fidèle à son habitude, le MFM a partagé son analyse, réaliste ou surenchère politique, et attend l'évolution des positions des "protagonistes". Mais en lançant le ballon-sonde, le parti de Manandafy a su d'avance les premières réactions de ces derniers en affirmant que "l'Arema et le TIM ne veulent pas discuter autour d'une même table".

Les tenants du régime et les opposants, eux, campent sur leur position respective et se rejettent la résponsabilité d'un éventuel dérapage. "Nous avons déjà fait le geste, mais nous n'avons pas été suivis. Le TIM a fait un premier pas en votant la loi sur l'amnistie. Nous n’avons pas été écoutés", a déclaré Razoarimihaja Solofonantenaina.

"Scénario exagéré"

"Les autres ont déjà d'autres idées en tête. Et les paroles de ceux qui prônent la réconciliation nationale et l'amnistie sont contredites par leurs actes mêmes", poursuivit le vice-président de l'Assemblée pour mettre en doute la volonté de l'opposition.

"Faux", rétorque l'opposition. "On ne sait pas par quelle magie, le gouvernement a réussi à faire tomber aux oubliettes notre proposition de loi sur l'amnistie", a rétorqué le député Alphonse Andrianambinina pour réfuter la thèse des tenants du régime.

Harinaivo Rasamoelina, vice-président du comité des réalisations des résolutions de la conférence nationale et membre de l'Arema a ajouté que "c'est le gouvernement qui est sourd aux revendications, obligeant ainsi l'opposition à hausser le ton. Il ne faut pas s'étonner si les explosions sociales aboutissent à un tel scénario".

D'ailleurs cette dernière ne s'étonne pas pour autant si un tel scénario se produit. "Les explosions sociales vont nous conduire tout droit à une telle situation si nous ne prenons pas garde dès maintenant". Un avis que les députés Saina Michel et Alphonse Randrianambinina partagent.

Devant la "menace de guerre civile", le président du TIM, quant à lui, a voulu dédramatiser la situation.Razoarimihaja Solofonantenaina a plutôt qualifié l'analyse du MFM d' "un peu exagérée" et "pessimiste". "Il est vrai que nous sommes tous au stade de l'apprentissage, mais je ne crois pas à un tel scénario. Le gouvernement a tout prévu pour éviter ce genre de choses", a rassuré le vice-président de l'Assemblée nationale qui n'écarte pas une "surenchère" de la part des "Mafana". :

Iloniaina A

Express 040705