Élection présidentielle de 2006 : Des opposants s'organisent déjà
Pour certains mouvements politiques,
le compte à rebours a d'ores et déjà commencé concernant l'élection
présidentielle. Tous estiment que ce scrutin se déroulera dans un an. Le fait
que la loi de finances 2006 consacre un budget pour des élections, confirme que
cette échéance aura bien lieu l'année prochaine. Il suffit d'ailleurs de
relever ces décisions, annoncées ces dernières semaines, pour s'en convaincre :
la reconstruction du Rova, après dix ans d'inertie de l'Etat ; la nomination
d'un nouveau ministre de l'Intérieur ; l'empressement du FFKM (Conseil
ocuménique des Eglises) de voir le code électoral remanié de fond en comble ;
la menace présidentielle sur la presse indépendante; etc.
Il faut aussi mentionner cette rencontre qui s'est tenue en octobre au
siège du FFKM, entre les quatre chefs d'Eglise et le patron du MFM, Manandafy
Rakotonirina, accompagné par ses deux lieutenants, l'ancien ministre Olivier
Rakotovazaha et Robson Rakotondrazaka (conseiller politique), au cours de
laquelle ils ont, de source généralement informée, évoqué longuement l'échéance
électorale de 2006.
En effet, Manandafy a demandé à ces hauts dignitaires religieux d'user de leur
influence afin que le pouvoir accepte d'amnistier les prisonniers et exilés
politiques - ceux qui n'ont pas commis crime de sang - dans le but d'apaiser la
vie politique. Les participants à cette réunion, tenue loin des regards
indiscrets, autrement dit, dans une complète discrétion, ont tous eu en tête
l'élection présidentielle. Une élection que beaucoup, notamment des
états-majors politiques, redoutent qu'elle soit un remake de celle de 2002.
D'après des indiscrétions, le même scénario, qui a conduit Marc Ravalomanana à
la magistrature suprême, pourrait se reproduire, mais cette fois au détriment
du président de la République. En fait, des anciens militants pro-Ravalomanana
de l'époque, aujourd'hui boutés hors du pouvoir, et qui fréquentent désormais
l'opposition et qui sont hostiles à la mise en place d'une transition car,
disent-ils, « nous sommes des démocrates » (sic), s'organisent dans le dessein
de refaire le même coup qui avait si bien profité à l'actuel chef de l'Etat.
Aussi, ces déçus du régime de Ravalomanana, parmi lesquels figurent des cadres
supérieurs, prévoient déjà de créer des réseaux, chargés, le moment venu, de
collecter tous les doubles de PV de chaque bureau de vote. Et, comme en 2002, à
l'issue de l'élection, exiger la confrontation des PV détenus par les autorités
concernées avec ceux qui ont été récoltés par les partisans du candidat de
l'opposition. A propos de cet adversaire de M. Ravalomanana, on croit savoir
que son nom ne sera divulgué que seulement quelques jours avant la date limite
de dépôt de candidature. Une stratégie qui ressemble, comme deux gouttes d'eau,
à celle employée, quatre ans plus tôt, par Marc Ravalomanana.Le pire, au cas où
la situation se détériorait, c'est que le pays risque de revivre les affres de
la crise 2002 (ponts et pylônes électriques dynamités par des hommes de main du
régime). L'on craint particulièrement que chaque candidat reprenne le slogan, «
1er tour dia vita ! ». Pour éviter un nouveau traumatisme aux Malgaches, la
sagesse est de toiletter l'actuelle loi électorale qui, si elle sera encore
maintenue, va engendrer de graves conflits dans l'île.
Franck Raharison
Gdi 05-12-2005