Bonjour, bonjour,
J'ai vérifié il n'y a pas longtemps, Paul a mis toutes les réactions parues ici sur le
MFM dans la rubrique Point de vue de son site. Bel exemple d'ouverture d'esprit.
Mamy
---- début de message ----
Bonjour,
Les précisions de Solofo soulèvent justement quelques questions.
Le MFM est certes né dans une situation de clandestinité ; ce qui explique
largement l'inexistence de carte. Mais le MFM n'est resté que très peu de temps dans la
clandestinité puisque ses dirigeants ont même été nommés au Conseil suprême de la
Révolution. Ce fut donc le résultat d'un choix stratégique. Je vais procéder à
l'examen de la pertinence de ce choix à la lumières des arguments avancés par Solofo.
Pour les cartes et la nationalités : effectivement il y a des individus qui ont plusieurs
nationalités pour qui cela ne gêne pas et c'est heureux car cela laisse supposer que les
libertés sont respectées. Mais en continuant sur le raisonnement, il ne faut pas perdre
de vue la finalité d'un parti politique : c'est l'action politique. Or avoir plusieurs
cartes d'identités ou plusieurs passeports signifie justement que l'on possède
plusieurs nationalités avec les devoirs et les droits que cela comporte ; ce qui est
complètement différent de celui qui n'a aucune carte ni passeport et n'a ni droit ni
devoir saufs les droits que les autorités veulent bien lui accorder, parfois de façon
arbitraire et sauf les devoirs qu'il se sent lui même obligé d'accomplir. Celui qui a sa
carte de "nationalité" sera appelé pour les devoirs : combattre à la
guerre , ou voter en temps de paix ce faisant il exerce ses droits politiques. Celui
qui n'en a pas ne peut être appelé mais ne peut non plus exercer ses droits ; la
pratique montre qu'on les enrôle de force pour faire la guerre mais lorsqu'ils veulent
exercer leurs droits politiques on leur refuse l'entrée des bureaux et il ne sont
pas non plus éligibles. En revenant à la carte du parti c'est à peu près ce qui se
passe. C'est même un paradoxe , car dans un parti progressiste se reproduit une sorte de
système féodal où le cercle des dirigeants ne peut-être contesté par des procédures
prévisibles, écrites à l'avance. D'où l'instauration implicite de deux mondes
séparés avec ses lois propres non écrites un peu comme le 'common law' : la loi des
communs et le 'lord law la loi des lords' ; si je ne me suis pas trompé il y eu des
personnalités qui ont surgis de nulle part et qui ont usé du MFM comme d'un
tremplin au début des années 1990 en ne passant que par le cercle des dirigeants, je
pense à Francisque Ravony mais les lecteurs auront peut-être d'autres noms.
Le MFM s'est crée contre les partis existant : je dirais plutôt que le MFM s'est
crée en complémentarité, c'est à dire qu'il a représenté une bonne partie de
la population qui jusque là était laissée un peu en marge , les idées ne furent pas si
neuves que cela puisque des marxistes il y en a eu à Madagascar et bien avant Manandafy
et Rakotonirainy. Ce sont les méthodes et les finalités qui différaient. Mais on ne
peut nier qu'à certains égards, le dirigeants du MFM ont voulus marquer leur opposition
, très séduisant au départ ce comportement devient très vite un piège inextricable
pour ceux mêmes qui l'adoptent. On peut en effet ériger ou fonder un groupe en
opposition aux autres, par leur exclusion ; paradoxalement la survie d'un tel groupe va
dépendre de l'existence et de la qualité des "adversaires" que l'on utilise
pour asseoir sa légitimité ; mais si ceux-ci disparaissaient ou périclitent, le groupe
va avoir le plus grand mal du monde à trouver une raison de vivre 'sérieuse'. Dans le
cas du MFM, l'AKFM, le PSD et peut être le Monima, ont progressivement perdu de leurs
forces et de leurs qualités, le MFM a été entraîné dans leurs chutes ; ce n'est
pas la première fois que l'on voit cela, il y a eu le FLN et le nationalisme algérien
qui se sont formés sur le rejet des français, ceux ci partis il a été très difficile
d'en trouver d'autres contenus, la crise a débouché sur une guerre civile que
Bouteflika essaie de résoudre, il faut dire que jusqu'à présent c'est lui qui s'en tire
le mieux.
C'est une assez étrange coïncidence que la campagne de formalisation fut un échec et
que les suffrages que recueille le MFM dans les scrutins nationaux, dans le même temps
soient très faibles. Il y a incontestablement une désaffection du "peuple" que
l'on devrait mettre en parallèle avec la crise interne du parti qui se traduit par un
refus des militants à prendre part à la réorganisation. Comme s'ils avaient pris
acte de la mort du parti. On dirait que la seule préoccupation est de savoir s'il faut
mourir en beauté ou agonir en longueur (je parle du parti mais pas des personnes). Et
même si une fraction a vraiment la volonté de "ressusciter" le parti en a
t-elle vraiment les moyens ou , question encore plus tordue, les membres de cette fraction
auront ils la volonté de se donner les moyens de la résurrection du parti?.
Il va falloir pour les militants faire la part de l'idéal et de l'action politique ; en
théorie, ces notions ne se contredisent pas, en pratique elles se neutralisent lorsque
l'idéal d'un nouvelle société n'est plus partagé, avec une réelle volonté de partage
mais devient peu à peu personnel, la raison de vivre ensemble devient raison de vivre
personnelle.
Le "ce qui devrait être de la société" devient souvenir de jeunesse. Il
faudrait le reformuler (l'idéal) et le décliner en lignes d'idées, en faire un
fondement d'une légitimité qui justifierait les "contraintes et les douleurs"
inhérentes à l'action politique.
Pour atténuer mes propos, je suis un de ceux qui croient l'affaiblissement du MFM est une
grosse perte pour la société malgache qui a besoin d'un peu de repère politique ; je
pense qu'il en est de même pour un ou deux partis historiques mais nous aurons le temps
d'en parler. Madagascar ne pourrait continuer longtemps à se faire diriger par une classe
de dirigeants dénués de conscience politique réelle et sincère. Il lui faut une sorte
de creuset de "politiques".
Pour vous encourager une note d'actualité : Washington "préférerait" pour la
direction du FMI le premier ministre slovène au lieu de l'Allemand pressenti car le
Slovène est beaucoup plus 'politique' il raisonnera peut-être plus en termes de besoins
des personnes et des peuples qu'en divers et multiples ratios financiers.
A bientôt.
Fanantenandrainy
PS : Paul pourrait peut-être mettre nos discussions dans sa rubrique point de vue? qu'est
ce qu'il en pense? ou faudrait-il réamenager un peu?
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