Procès - Le député Herihajaina Randrianirina
écope de sept ans de travaux forcés
Herihajaina Randrianirina.
C’est comme si le ciel s’est effondré sur leur tête.
Le député Herihajaina Randrianirina s’affale sur le banc, les yeux fermés. A ses
côtés, son pair, Maurice Ramarolahy, les yeux hagards, tente, tant bien que mal,
de le réconforter. Autour d’eux, familles, amis et militants MFM arborent un air
ahuri. Personne ne semble vouloir quitter la salle d’audience de la Cour
criminelle. Comme si un miracle pouvait encore se produire, mais il n’en sera
rien.
La Cour criminelle, présidée par le juge
Ralantomahefa, vient de rendre son verdict. Il est trois heures du matin à Anosy.
Le député Herihajaina Randrianirina, son beau-frère Hery Rasolomampionona et
Djamil Emile sont condamnés à sept ans de travaux forcés pour "contrefaçon de
billets de banque étrangers". La peine maximale n’a pas été appliquée. Le juge
leur a fait bénéficier de circonstances atténuantes.
Pour les autres chefs d’accusation, l’association de
malfaiteurs et l’assassinat, les cinq accusés ont tous été acquittés. La Cour a
également confirmé l’existence du flagrant délit. Les quelques pièces à
conviction retrouvées dans sa voiture et la délation de son co-accusé ont
convaincu le juge et les assesseurs. Pendant tout le procès, Djamil Emile n’a
pas arrêté de dénoncer le député en assurant que ce dernier était au courant de
l’opération et a même fait savoir son intention d’y participer.
"Ce doit être le prix à payer pour avoir rendu
service à des parents", finit par murmurer le député. "Je suis une victime",
poursuit-il. "Garde espoir", l’encouragent pourtant ses proches. "Ce n’est pas
fini, la lutte continue", ajoutent ses avocats. "Beaucoup de points peuvent
encore être soulevés devant la Cour de cassation", poursuit l’un d’entre eux.
La déception a été à la hauteur de l’espoir qu’a
suscité le réquisitoire du ministère public: l’avocat général "n’a réclamé
qu’une condamnation pour tentative de contrefaçon". Puisque aucun faux billet
n’a encore été fabriqué, le Parquet a conclu que le crime n’a été que tenté.
Pour les deux autres chefs d’accusation, il a carrément douté de la culpabilité
des accusés.
"J’avais espéré que nous serions tous libérés après
avoir entendu le ministère public", murmure Laurette Randrianirina, les yeux
dans le vague, la voix tremblante. Voir son frère et son époux retourner en
prison lui est insupportable. Son acquittement ne lui procure ni joie ni
satisfaction. Elle ne se retourne même pas quand une de ses amies la félicite.
La poignée d’hommes politiques présents jusqu’à la
fin du procès se refusent à toute réaction immédiate. Informé du verdict cinq
minutes après la fin de la séance, Pety Rakotoniaina, maire de Fianarantsoa,
laisse échapper un sanglot. C’est en courant qu’il rejoint sa voiture pour
donner, sans doute, libre cours à sa douleur. L’ancien député d’Ikalamavony et
son successeur sont tellement proches qu’ils sont considérés comme des frères.
Lova Rabary Rakotondravony
Express de Madagascar 24/10/2005