Interview de MANANDAFY Rakotonirina, Conseiller du Président de la République Marc Ravalomanana et Président National du Parti MFM, il donne des cours de socio économie à l'École Supérieure des Sciences Agronomique à l'université d'Ankatso

MADADEV : Je vous remercie de nous consacrer un peu de votre temps Monsieur le Conseiller. Qu’est ce que vous pensez de la conjoncture économique actuelle ?

Manandafy Rakotonirina : Les évènements 2002 a provoqué une désorganisation politique entraînant un blocage de la libre circulation des biens et des personnes générant une dégradation tant au niveau économique qu’au niveau institutionnel.

Maintenant que Ravalomanana est installé à la tête de l’Etat, et l’activité économique reprend, la prochaine étape est l’installation de 20 régions sur la base du P.S.D.R. (Programme Sectoriel au Développement Rural), avec un budget de 100 millions USD sur 4 ans, en partant du constat que la majorité des Malgaches vivent dans le milieu rural, l’organisation des 6 provinces a été instauré par la loi cadre en 1955 par Gaston Defferre et ne répondent plus aux besoins de croissance économique et aux besoins de développement de manière générale.

La priorité est donc à la création de nouvelles villes et des nouveaux chef-lieux et aussi par la création des infrastructures permettant de les relier. D’où l’importance des routes dans le programme du gouvernement actuel, mais aussi sur la promotion de l’accès à l’enseignement et aux services sanitaires.

Cela rendra possible le processus d’industrialisation et d’urbanisation dans l’avenir de manière homogène sur l’ensemble du territoire.

MADADEV : Que pensez-vous de l’actuel D.S.R.P. ?

Manandafy Rakotonirina : Le D.S.R.P. est un document de négociation de l’annulation de nos dettes de l’ordre de 4 milliard USD en 2004 (point d’achèvement de l’initiative PPTE), en contre partie, des disponibilités financières vont permettre de créer des opportunités pour réduire de moitié la pauvreté sur une période de 10 à 15 ans.

Le Gouvernement Tantely Andrianarivo a accompli une étape de procédure, qui a permis de réduire la charge du service de la dette sur le plan externe. Sur le plan interne, les efforts d’investissements publics ont été portés vers le renforcement de l’accès de la population au service de santé ( Centre de Soins de Base (CSB) par commune), l’enseignement primaire a été l’objet d’un effort particulier pour rattraper le recul constaté au cours des années 80 sur le taux de scolarisation, il s’agissait surtout d’offrir des bâtiments scolaires en dur résistant aux dégâts cycloniques à la place des bâtiments construits en matériaux précaires par les fokontany de l’époque.

Les conditions d’accessions de Marc Ravalomanana au pouvoir ont mis en évidence le rôle essentiel des infrastructures dans le fonctionnement de l’économie et de l’Etat. Les routes conditionnent le développements des circuits de commercialisation et d’approvisionnement des villes et des campagnes. L’unité politique du pays et l’efficacité de l’administration public en dépendent.

Pour résumer les efforts d’investissements sociaux (santé et éducation) accomplis par le précédent régime ne peuvent consolider leurs effets d’une manière durable sans la facilitation de la libre circulation des hommes et des biens par les investissements routiers.

MADADEV : Concernant ce document, dans le Programme d’Investissement Publics (PIP) pourquoi les budgets alloués pour le social a été réduit (en %) dans les prévisions alors que les routes occupent presque la moitié du PIP ?

Manandafy Rakotonirina : La densification des infrastructures sanitaire de base réactualise le débat sur l’accès aux soins et aux médicaments. Du point de vue de l’usager, pouvoir disposer du service d’un médecin et de médicament en cas de besoin indépendamment des disponibilités monétaires personnelles constituent le minimum d’une sécurité sociale.

Du point de vue de l’Etat la disponibilité des ressources financières pour supporter les dépenses de santé conditionne les progrès sociaux attendus en matière de santé, les ressources locales prélevées sur les recettes fiscales et la contribution des usagers sont insuffisantes pour satisfaire aux besoins d’une forte croissance démographique.

D’autre part, les budgets alloués aux ministères sociaux ne sont pas consommés intégralement dans le délai d’annuité budgétaire, ils correspondent à un niveau de consommation de l’ordre de 40 à 60% du budget alloués, il y a des freins qui proviennent du fonctionnement concret de chaque ministère, par exemple, le décaissement du CRESED (éducation) et CRESAN (santé) accumulent du retard par rapport au calendrier convenu, alors que dans le même temps, il y a environs 1.000 normaliens et 800 docteurs en chômage sur tout le territoire

MADADEV : Le président de la République a refusé de signer la garantie mutuelle des investissements, quel est votre position ?

Manandafy Rakotonirina : Je pense qu’il est prématurée d’en parler pour le moment, des négociations sont en cours.