CHRONIQUE HEBDOMADAIRE DE RASEDINIARIVO (Lakroa du 06/12/92)

   LE M.F.M.

MOUVEMENT POUR LE DEVELOPPEMENT DE MADAGASCAR DANS LA TOURMENTE

 Dans notre chronique d’avant le scrutin du 25 novembre 1992 (Vote utile pour instaurer l’alternance ), nous avons ouvertement suggéré   à nos lecteurs de voter utile en concentrant leurs suffrages soit sur ZAFY Albert soit sur MANANDAFY Rakotonirina, cela afin de rendre possible une alternance du Pouvoir dans notre pays.
 Les résultats encore incomplets et officieux provenant de plus des 75% des bureaux de vote nous permettent de constater que près de trois quarts des électeurs ont voté soit pour ZAFY Albert (plus ou moins 46% en ce 1er décembre) soit pour Didier RATSIRAKA (Plus ou moins 28%). MANANDAFY Rakotonirina, leader du M.F.M. a de la peine à atteindre le seuil fatidique des 10% et s’y maintenir. Cet échec est trop cuisant pour ne pas mériter  quelques remarques, à défaut d’explications autorisées.

 M.F.M. : Le plus répandu et le plus structuré

 Le MFM de MANANDAFY est, après l’AKFM-KDRSM et le MONIMA KA MIVIOMBIO tous deux inféodés au MMSM et à Mr RATSIRAKA, le parti le plus ancien de Madagascar :20 ans d’existence, ce qui n’est pas négligeable dans une République vieille seulement de 32 ans !
 Grâce surtout aux instituteurs affectés aux quatre coins de l’île et dans les brousses les plus réculées, souvent par représailles du Ministre de l’Enseignement (AREMA) le MFM a tissé à travers le pays le réseau politique le plus dense peut-être, mais en tout cas un des plus dynamiques et un des mieux structurés et disciplinés qui soient à Madagascar. Déjà aux présidentielles de 1989, malgré des pressions, des menaces, des entraves de toutes sortes sans compter un certain tripotage des résultats des bureaux de vote, MANANDAFY s’est hissé jusqu’à  un score de  près de 20% des suffrages exprimés. Comment se fait-il que seulement 4 ans plus tard, ce parti essuie la défaite la plus retentissante qu’il ait jamais connue ? 9.98 % des voies le 30 Novembre à midi !

 Virage trop rapide non crédible

 De 1972, date de sa fondation, jusqu’en 1985, le MFM (parti pour le pouvoir prolétarien) passait aux yeux de tous les observateurs politiques de Madagascar ainsi qu’auprès des citoyens malgaches le parti le plus capable de déstabilisation, de mobilisation pour les grèves, de manifestations, etc . Les MADINIKA (Les « petits », les démunis, les sans défenses) composèrent alors essentiellement le MFM . L’objectif était le Fanjakan’ny Madinika , le fameux Pouvoir prolétarien, cauchemar de patrons, des chefs d’entreprises, des chefs religieux et des nantis. Le MFM faisait peur.
 A partir de 1985, avec l’institution des ROUGES ET EXPERTS (cadres MFM) et surtout avec le rejet du livre Rouge de la Révolution socialiste Malgache, Le MFM a opéré un virage de 180 degrés . Il est devenu le parti à « doctrine Libérale », prônant la libéralisation économique. Il a même changé le contenu de son nom tout en maintenant son initial :M.F.M: (Mouvement pour le Pouvoir Prolétarien) est devenu le MFM (Mouvement pour le progrès de Madagascar).
 A notre connaissance, ce virage trop rapide et trop raide a désemparé un grand nombre de militants de base ; par ailleurs, ce virage n’a réussi n’a pas réussi à faire obtenir en faveur du MFM la confiance des hommes d’affaires ainsi que les chefs religieux de Madagascar. Les Présidentielles de 1992 arrivent : les militants de base omniprésents dans toute l’île ou bien ne se sont plus tellement motivés, ou bien n’obtiennent pas la confiance de leurs concitoyens, ou bien ne sont plus d’accord avec le quartier général au niveau national sur la désignation du candidat aux Présidentielles.

 L’épreuve des événement de 1991
 Le MFM new look (Mouvement pour le progrès de Madagascar) a été parmi le éléments les plus actifs de la plate forme de l’opposition dès le premier mai 1991 début des mouvements de contestations qui ont conduit le pays au stade actuel de la marche vers la 3ème République. Le MFM était membre des Forces Vives (Hery Velona) .. . jusqu’en ce fameux 16 juillet 1991, date de la mise en place du gouvernement insurrectionnel du Professeur ZAFY Albert avec comme chef d’Etat Le général en retraite Jean RAKOTOARISON. A partir de cette date Le MFM devenu réaliste, s’est retiré des Forces VIVES RASALAMA pour fonder les Forces Vives RABEARIVELO devenues plus tard Forces Vives de Madagascar. Alors le MFM s’est vu traité en traître, de connivence avec RATSIRAKA. Dans la capitale, le MFM ne s’est pas relevé de ces accusations et soupçons, auprès de l’opinion  publique. Malgré cela, le MFM a réussi à être présent et actif lors des grands moments de cette Transition : Forum, Convention du 31 Octobre 1991, Gouvernement de transition, CRES , HAE... mais il y avait contre lui un soupçon tenace, entretenu plus ou moins  honnêtement contre lui par les Forces Vives Rasalama : il serait de connivence avec Ratsiraka. Crime impardonnable aux yeux des HERY VELONA RASALAMA(Forces Vives Rasalama ).

 Les CATHOLIQUES n’ont pas la mémoire courte

De 1972 à 1982, Le MFM s’est lancé dans une campagne anti-religieuse et spécialement anti-école catholique très dure et systématique, surtout dans la province de Fianarantsoa, province d’origine de Mr MANANDAFY. Les écoles catholiques des villes et surtout  des campagnes en ont pris un sérieux coup et dans certaines régions, l’école catholique n’a pu pu survivre aux coups de boutoirs du MFM. Cette campagne anti-religieuse et anti-école catholique semble avoir repris après 1986-1987. Depuis le MFM new look a changé de point de vue et a voulu rassurer les milieux catholiques. Mais ces derniers n’ont pas la mémoire courte et semble ne pas croire facilement à la conversion de marxisants ou de marxistes. Cette réalité a dû avoir une influence certaine  dans le scrutin du 25 Novembre, du moins à notre connaissance.

Les partis Forts ne se découragent jamais

Tous les éléments plus ou moins disparates mentionnés ci-dessus ont concouru à créer un climat de méfiance d’une partie de l’électorat malgache vis-à-vis du MFM et de son candidat ; un climat de rejet aussi d’une autre partie de l’électorat puis une sorte d’inertie de certains militants de base en crise de confiance vis-à-vis du bureau central national du MFM…

Tout ceci n’enlève rien de ce qui est sérieux, de valable et de réaliste dans le programme du MFM actuel pour redresser le pays et pour enraciner solidement une véritable démocratie chez nous.
Aux dirigeants et aux militants du MFM donc de persévérer dans leur orientation actuelle et de reconquérir la confiance de l’électorat  Malgache
Que la tourmente actuelle ne les décourage pas ! En politique, il n’y a pas de mort certaine que pour ceux que le découragement pousse abandonner après une défaite très cuisante.
Les partis politiques aguerris, expérimentés  et forts ne se découragent jamais. Puisse Le M.F.M être de ceux-là, pour le bien du Pays tout entier.


       RASEDINIARIVO