Le MFM paraît décidé à porter plainte contre le PM Jacques Sylla

On ne s’attendait pas à ce que le coup vienne de ce côté-là ! Au cours d’une conférence de presse, hier soir à Antananarivo, donnée à l’issue d’une réunion de son comité directeur, le parti MFM de Manandafy Rakotonirina (à gauche) a évoqué l’éventualité de porter plainte contre le Premier ministre Jacques Sylla… (à droite). Les accusations du MFM portent sur l’arrestation préméditée, selon lui, de son député d'Ikalamavony, Herihajaina Randrianirina, et « le harcèlement administratif » du pouvoir contre les maires de Fianarantsoa et Manakara, respectivement, Pety Rakotoniaina et Martial Rakamisilahy.

Le MFM paraît décidé à porter plainte contre le PM Jacques Sylla

Le MFM va porter plainte contre Jacques Sylla

Le MFM de Manandafy Rakotonirina commence à nouveau à faire parler de lui, après avoir été plus ou moins silencieux ces derniers temps.

Face aux événements qui ont eu cours au pays pendant ces derniers mois, le MFM a jugé utile de convoquer une réunion des membres du comité central du parti, pour une mise au point d'abord, et ensuite pour décider des orientations à suivre. C'était le week-end dernier à Maibahoaka où la trentaine de membres de ce comité central (ceux du bureau national et les responsables régionaux du MFM) ont ainsi passé en revue la situation globale des affaires nationales. Une situation caractérisée par l'émergence de nouvelles donnes auxquelles les différentes entités politiques et socioéconomiques devraient porter une attention particulière.

Le MFM part du constat de certaines situations qui ont prévalu en Afrique mais qui ont surtout dégénéré en des guerres civiles et autres affrontements ethniques, en raison des arrogances des uns et des autres, mais également en raison de ces nouvelles donnes où il est très souvent question de grands intérêts économiques que les populations ne maîtrisent pas.

Le président national du MFM, Manandafy Rakotonirina devait expressément citer les recherches et exploitations de pétrole au Nigeria, les exploitations de pierres précieuses et d'or en Afrique du sud… Activités qui sont généralement exploitées par de grandes firmes internationales, et qui commencent à l'être actuellement au pays, au vu de la présence des différents investisseurs dans ces domaines, dont notamment la firme canadienne Dynatec pour les recherches pétrolières dans la région de Bemolanga.

Pour le MFM, le risque est grand de voir de tels conflits tribaux sinon une véritable guerre civile au pays, si l'on ne pense pas à les éviter dès maintenant. "Car, fait-il remarquer, il s'agit des richesses nationales, et il appartient à la Nation de tout faire pour les protéger… sinon le pays va être gouverné par des étrangers…"

En vue de cette protection et pour éviter justement la dominance des étrangers dans la conduite des affaires du pays, le MFM pense et relance le débat sur l'amnistie. Une amnistie générale des actes et des faits pour toutes les personnes interpellées dans le cadre de la crise de 2002. Mais il y a problème dans la mesure où les principaux concernés par cette crise, en l'occurrence l'Arema et le Tim (Tiako i Madagasikara), ne veulent pas se mettre autour d'une table pour en discuter sérieusement. Manandafy note que ces deux formations passent leur temps en simples verbiages parfois assortis de propos provocateurs et arrogants. Ce qui risque d'envenimer la situation et d'aboutir à cette guerre civile dont les conséquences ne pourront être que fâcheuses pour l'avenir socioéconomique du pays. Le MMF estime également qu'il est grand temps que l'on accorde de sérieuses réflexions sur les pratiques politiques dans ce pays.

Dans le sillage de cette amnistie générale qu'il revendique, le MFM pense aussi à une révision de la Constitution et du Code électoral, et à l'adoption d'une loi sur les partis politiques ainsi que sur la concurrence. Cela suppose un véritable débat national auquel toutes les entités représentatives du pays seront associées.

Sur ce point précis, le MFM indique que son retrait de la conférence nationale d'Andoharanofotsy se justifie par le fait que, lors des débats préparatoires de la rencontre, l'on avait déjà discuté de la mise en place d'un régime de transition, mais surtout d'une remise en cause des résultats des élections présidentielles de 2001. Pour le MFM, il n'est plus question de revenir sur ce qui a été fait, d'autant plus que le nouveau pouvoir présidé par Marc Ravalomanana, a fait depuis, l'objet d'une reconnaissance officielle de l'ensemble de la communauté internationale. Et si un régime ou un gouvernement de transition devait être institué, cela suppose encore de sérieuses négociations avec les bailleurs de fonds.

Le député d'Ikalamavony aurait été piégé

Mais au-delà de son analyse des affaires nationales, le MFM s'est également penché sur le sort de certains de ses membres qui font actuellement l'objet de poursuites judiciaires en ce qui concerne le cas du député d'Ikalamavony, Herihajaina Randrianirina, ou d'un harcèlement administratif pour le cas des maires de Fianarantsoa et Manakara, respectivement, Pety Rakotoniaina et Martial Rakamisilahy.

Pour le MFM, il s'agit plutôt d'une vengeance du pouvoir après sa défaite aux différentes élections qui ont été tenues à l'époque, et pendant lesquelles les candidats du parti ont largement devancé ceux du Tim.

Les événements qui ont eu cours, l'année dernière, au Lycée Raherivelo Ramamonjy de Fianarantsoa ont été d'abord soulevés par Manandafy. Evénements qui illustrent bien cette velléité de vengeance du Tim, car par la suite, l'on avait cherché à semer des troubles au lycée. D'ailleurs, l'on y avait dépêché des éléments des forces de l'ordre venant d'Antananarivo pour procéder à des arrestations. Mais tous ceux qui avaient été interpellés à cette occasion, ont été par la suite acquittés purement et simplement par les tribunaux.

Manandafy pense que, seul le chef du gouvernement Jacques Sylla pouvait décider, à l'époque, de l'envoi des ces forces de l'ordre à Fianarantsoa.

Et il en serait de même pour les gendarmes qui ont débarqué au Restogasy d'Amboanjobe, le 8 mars 2004, pour procéder à l'arrestation du député d'Ikalamavony. Une arrestation qui aurait tout l'air d'une opération préalablement montée. En tout cas, le MFM pense que son député avait été piégé, et avait même failli y laisser sa vie. C'est pourquoi, le parti envisage de porter une plainte contre le premier responsable de l'envoi de ces forces de l'ordre, que ce soit pour les événements du lycée de Fianarantsoa ou pour ceux qui se sont passés à Amboanjobe. Manandafy l'a expressément annoncé hier: "Pour nous, seul Jacques Sylla en est le responsable. Et nous nous demandons d'ailleurs, pourquoi il s'est permis de déclarer récemment à Antsiranana, qu'il n'accepte aucune pression pour faire libérer le député d'Ikalamavony, alors que jusqu'ici, on n'arrive pas toujours à prouver le délit qu'aurait pu commettre ce député. Par ailleurs, le ministre de la Défense nationale a déjà fait ouvrir une enquête sur ces gendarmes qui ont opéré à Amboanjobe ce jour-là, mais il semble que Jacques Sylla aurait des intentions pour faire capoter cette enquête…"

A la question de savoir, quand sera déposée cette plainte, Manandafy précise que les techniciens du parti s'y attellent déjà. Mais d'ores et déjà, on en a annoncé le motif: "plainte pour tentative d'assassinat du député Herihajaina Randrianirina".

Miadana Andriamaro

Les nouvelles 040705