MANANDAFY RAKOTONIRINA

« Le gouvernement traîne… »

Le MFM, ses relations avec Marc Ravalomanana, sa vision du développement et de la démocratie malgache… Manandafy Rakotonirina ne s’est dérobé à aucune question. Pas même sur ses rapports avec Germain Rakotonirainy. Dix morceaux choisis lors d’un entretien exclusif à son domicile, à Ampefiloha.

On dit que le MFM n’existe pratiquement plus. Comment l’expliquez-vous ?

Je respecte les opinions des journalistes, mais dire que le MFM est fini est une fausse interprétation ! Vous voyez-là (ndlr : à côté de Rakotovazaha Olivier, il nous montre un dossier) la nouvelle réorganisation du parti. Nous venons d’éditer 50.000 exemplaires de nouvelles cartes pour les MFM et 50.000 autres pour les jeunes et étudiants. Ces cartes feront la nouvelle existence du MFM tant sur le territoire national qu’au niveau international.

Est-ce à dire que vous voulez aussi rayonner au niveau international ?

Exactement. Le président sénégalais Abdoulaye Wade vient, par exemple, d’inviter le MFM, à travers notre représentation aux Etats-Unis, au 52 ème Congrès de l’International Libéral, qui aura lieu du 23 au 25 octobre prochain à Dakar. Cette rencontre est la première du genre, pour offrir une tribune de promotion du Nepad et du panafricanisme libéral. Mais le forum discutera également de l’Islam, de l’Occident et du libéralisme.

Mais pourquoi le MFM n’a pas présenté des candidats aux prochaines élections ?

Ne vous en faites pas ! Nos militants se mobiliseront lors des prochaines communales. Certes, il n’y aura pas des listes MFM dans tout Madagascar, mais nous participerons, soit par une alliance avec la nouvelle plate-forme « Malagasy Mitambatra » (MAMI), soit avec notre propre organisation. A titre d’exemple, je vous informe que le MFM soutiendra à fond la candidature de Pety Rakotoniaina et de Clément Jaona, dans les communes urbaines de Fianarantsoa et de Mahajanga, bien qu’ils ne soient pas présentés par le parti. En plus, à Tsiroanomandidy, Fandriana, Ikalamavony, Vangaindrano, Soanierana Ivongo, Ambatondrazaka, Belo-sur-Tsiribihina, Amboasary, Benenitra, Ambato Boeni, Maevatanàna,… et la liste n’est pas close, il y aura des listes MFM.

Face au conflit TIM/MFM, on ne comprend pas la position de Manandafy Rakotonirina à la fois conseiller spécial du président Marc Ravalomanana et président du MFM…

Ah ! C’est pour cela que vous me provoquez ! Que cela soit clair : le MFM est un parti organisé et structuré, et moi je conseille Marc Ravalomanana, un chef d’Etat décidé de procéder à un développement rapide sans tenir compte des caprices de nos anciens colonisateurs.

Manandafy Rakotonirina soutient-il Pety Rakotoniaina avec Rakotovazaha Olivier ou avec Rakotonirainy Germain ?

Je ne me rabaisse pas dans ce genre de situation. Je signale ici, haut et fort, que Germain Rakotonirainy, Olivier Rakotovazaha et Pety Rakotoniaina sont tous des dirigeants du MFM. Et ils ont tous déployé leurs actions pour mettre un terme au régime de l’amiral Ratsiraka. Quant à votre provocation - vous journalistes- d’un face-à-face deux Rakoto contre deux Rakoto, cela ne me fait ni chaud, ni froid. Libéral et tolérant, je n’ai pas l’habitude de répondre aux « vavan-gazety » !

Comment expliquez-vous la récente décision présidentielle sur la libéralisation du secteur pétrolier ?

Je me réjouis de cette déclaration du président Marc Ravalomanana de mettre un terme à ce marché protégé par des distributeurs pétroliers. D’ailleurs, la grève de ces derniers temps est une affaire purement interne entre eux. Pourquoi pénaliser ainsi les citoyens ?

Epousez-vous donc la directive de M. Ravalomanana, de mettre un terme aux avantages des repreneurs pétroliers en matière de ravitaillement de carburants ?

Ce n’est ni une pénalité, ni un dérapage, il s’agit pour moi d’une volonté de briser le concept de « marché protégé ». Didier Ratsiraka, quand il a procédé au processus de privatisation du secteur pétrolier, n’a fait que protéger les intérêts français. On est passé du monopole d’Etat à un monopole pro-français. Donc si Galana et les autres sociétés ont des difficultés internes qu’ils règlent cela entre eux.

A vous entendre, on pense à l’adoption d’un vrai libéralisme…

Je renforce et confirme ici, que Marc Ravalomanana, à travers ces dernières mesures, fonce vers le libéralisme. Mettre un terme aux marchés protégés des sociétés repreneurs, signifie une prise de conscience claire vers le libéralisme… Oui, le libéralisme est en marche, et je crois en mon for intérieur que M. Ravalomanana le concrétisera…

Mais on signale que le régime semble vouloir favoriser Tiko ?

Personnellement, j’ai entendu cette histoire qui n’est d’ailleurs qu’un procès d’intention. Je vous dis que si l’importation de gas-oil et autres carburants seront libéralisés, tout le monde en profitera mais pas uniquement Tiko.

Vous êtes un fervent défenseur de M. Ravalomanana…

D’abord, je réitère ici que je soutiens Marc Ravalomanana par rapport à l’amiral Ratsiraka et les autres candidats de décembre 2001. Ensuite, il est temps de dire que le président Ravalomanana enclenche la vitesse supérieure du libéralisme, alors que le gouvernement traîne… Concernant les conflits entre TIM et MFM, je les trouve tout à fait normaux. C’est ça là démocratie. Toutefois, je regrette que l’Exécutif n’ait pas accepté de prendre en charge l’impression des bulletins des candidats, contrairement à une résolution prise lors de la plate-forme au Hilton.

Recueillis par J. R

GDI 18/10/2003