Bonjour jiaby,

Voici la première contribution de Brice, qui est un bon connaisseur du monde
malgache à le lire.

A propos du MFM, "introspection salutaire ou désertion ?", une petite pensée
rapide si vous le voulez bien : le combat assumé au niveau sémantique par l'appelation d'origine "Mitolona ho an'ny ..." appuyée par le logo frisé, abondamment pileux et vindicatif, s'est muée en une dénomination neutre et un Manandafy trop rigolo, rigide, cadavérique, fantômal  dans son costume cravate libéral (cf. son affiche de campagne en 1992). Pour forcer le trait, c'est un MFM châtré (vositra) que nous avons maintenant. Mais la remarque vaut pour le champ politique malgache. Coïncidence linguistique, n'est-on pas gouverné par un gars d'Ambositra et le grassouillet futur messie aussi !??

A propos de "confidentialité" : sommes-nous mûrs pour un espace alternatif sans obédience, sans unanimité et sans susceptibilité ? Un espace Manneken en quelque sorte.

Cordialement,
    Mamy.

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Hello !

Merci de m'avoir introduit dans le cénacle des penseurs rapides, je tâcherai
d'être aussi bref que dense !

D'abord une remarque de forme, qui comme chacun sait est inséparable du fond, pourquoi cette confidentialité du site ? J'en ai entendu parler par un ami journaliste et j'ai cherché naïvement quelque chose comme MFM Madagascar...rien !  Cela m'amène directement au fond : 28 ans après, le MFM se meurt en silence faute d'avoir su saisir les opportunités historiques qu'il a pourtant créées. J'en vois deux au cours de la décennie écoulée : 1991 et 1996. Le mouvement démocratique lancé sous la protection du FFKM et l'empêchement de Zafy. L'un et l'autre ont été mis sur orbite par le MFM avec un résultat diamétralement opposé à celui espéré.

Deux anecdotes pour fixer les idées : le 16 Juillet 1991 sur la Place du 13 mai, un "putsch"  est annoncé proclamant nul et non avenu le régime existant. Toutes les composantes des Herivelona en sont signataires sauf le MFM. La foule, exaspérée par 5 semaines de manifs ininterrompues et effrayée de sa propre audace (un putsch, même verbal, ça se réprime) crie à la forfaiture : le MFM a perdu en 10 minutes des années d'effort (faut-il rappeler l'inlassable travail de concertation entrepris depuis 1988 ?).


Deuxième anecdote : en Septembre 1996, quelques jours après l'empêchement définitif (??) de Zafy - néanmoins autorisé à se représenter 2 mois plus tard (on n'ose imaginer l'imbroglio s'il avait gagné l'élection !!) - l'amiral Ratsiraka débarque à Ivato : affluence monstre tout au long du trajet jusqu'en ville. Haussement d'épaules de la classe politique : ces gens sont payés. On a vu le résultat d'une telle désinvolture 4 mois plus tard. Au coeur de ces deux moments forts de notre histoire contemporaine, se trouve la problématique (à tous les sens du terme) du MFM.

Pris entre trois feux - sa base électorale, ses "alliés" Herivelona et le FFKM - le MFM a choisi de ne pas choisir. En d'autres termes,  il a laissé venir le syndrome du "marimaritra iraisana", acceptant volens nolens un retour de l'amiral réputé assagi. Germain a même négocié son maintien au Ministère de l'Education nationale en échange d'une neutralité bienveillante.


Cette stratégie s'est révélée infructueuse, même si -il faut le reconnaître- le pays n'a pas autrement souffert de tout ce remue-ménage politique. Je n'en veux pour preuve que la stabilisation macro-économique observée depuis.


Cela dit, nous voici à nouveau à la croisée des chemins. La croissance annoncée est réelle, mais demeure limitée et fragile. De vastes chantiers de réformes restent en friche : la fonction publique, les privatisations, l'investissement à long terme, le système éducatif, la décentralisation etc.

La population croit de moins en moins à la dynamique du marché-créateur d'emplois, s'inquiète de la "mainmise étrangère" - relayée en cela par une presse   frileuse - et, en fin de compte, rejette du même geste le socialisme périmé et le capitalisme mondialisé. Son refuge se situe dans une variante confuse du poujadisme (populisme à forte connotation nationaliste). La classe politique et les intellectuels   semblent à court d'idées, comme frappés d'anomie.

C'est dans ce contexte, fortement marqué d'un lourd passif, que le MFM s'interroge...en silence ! Introspection salutaire ou désertion ? La question est ouverte.

Brice LEJAMBLE

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