Bonjour,

"Imaginer les pistes de demain, celles qu'aucun pneu n'a encore écrasées" nous dispense-t-il de considérer ce qui se passe sous nos yeux ? (varivarian'ny lavitra ka tsy mahita ny ambany maso e !). Mais je reviendrai là-dessus dans un autre mesage.
    Bonne lecture,
        Mamy.

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Salut !

La tentation est grande, en lisant ce qui se dit dans ce forum, de reprendre la formule trostkyste "du passé, faisons table rase". C'est à dessein que j'utilise et la formule et la référence. N'étant pas si jeune au point d'avoir oublié 72 (merci quand même !), je voulais seulement prendre une tranche d'histoire (de vie, aurait dit Lauzier) pour en faire un cas d'espèce. Les années 90 sont encore chaudes dans nos mémoires, elles n'en sont pas moins historiques. Faire l'impasse sur 72 ? Non, pas plus que sur 47. Mais mon propos n'est pas de faire oeuvre d'historien, encore moins d'archéologue, je voudrais juste redonner un sens à tant d'espoirs déçus.

 [Petite incursion dans la sémantique : le sens c'est d'abord la direction, celle d'où l'on vient et celle où l'on va. Donner du sens ne se limite à interpréter un événement, cela consiste à imaginer les pistes de demain, celles qu'aucun pneu n'a encore écrasées. C'est en cela qu'une idée est consistante.]

Donc, quel sens donner à nos espoirs déçus ? Le MFM n'était pas profilé pour gouverner, sans doute (je rejoins Christian sur ce point) mais, tout de même, 2 candidatures à la présidentielle, 4 référendums, 3 législatives, d'innombrables élections locales...ce n'est pas rien. J'ai personnellement été associé à la campagne présidentielle de 1992  de Manandafy. Les 10% laborieusement récoltés (rattrapés en partie par les 14 députés élus l'année suivante) ne sont que la partie émergée de l'iceberg. Au fond, les électeurs voulaient tourner la page, le thème de l'homme nouveau - habilement repris par Rabetsitonta - aurait dû être le déclencheur d'une remise à plat du MFM. En Septembre 1992, un "vovonana" s'est tenu pour définir une stratégie et trouver le candidat capable de la mettre en route. Malheureusement, on a fait  l'inverse , les calicots au nom de Manandafy  encadraient la salle d'ouverture du "congrès".  Les militants étaient invités à avaliser le candidat "naturel" du parti. Je ne dis pas qu'un autre aurait fait mieux,
mais le bon sens (cf supra) aurait voulu que ce choix ne s'affirme pas ainsi d'emblée. Passons. Mon rôle, en ces heures ambiguës, était de lancer une radio FM sur Tana, vu l'enjeu spécifique de la capitale. Sponsorisée par un homme d'affaires sympathisant, l'opération a cafouillé et la radio a bien démarré...sous le nom de RLI. Commercial pur, politique out !  Et tout à l'avenant. Alors, oui le MFM "n'était pas fait pour gouverner", oui il a manqué un tribun du calibre de Ndrema, oui le rêve anarchiste sommeille dans un coin de nos têtes. Cela n'empêche pas de penser l'avenir, de donner du sens aux choses. Au lieu de faire des contrepèteries de collégiens sur la BSM, il vaudrait mieux se poser des questions sur la viabilité des provinces autonomes, réfléchir aux moyens de structurer les régions, explorer le conscient et l'inconscient du fonctionnaire de base et de l'étudiant déraciné, comprendre pourquoi la justice patauge, examiner le "feeling" d'une jeunesse cherchant à tâtons les précieux parchemins sur la mondialisation etc.

Dernière mise au point : le STA - où je travaille - a été créé en 1995 et reçoit des financements de la Banque mondiale sur une base contractuelle. Deux présidents et cinq premiers ministres ont utilisé ses services. On peut être contre la libéralisation, la privatisation, l'appel à l'investissement direct étranger etc. Sur l'IDE, un dicton me revient : " Le filet trop serré ne laisse passer que les petits poissons". Vu les performances de l'économie malgache depuis un quart de siècle, la seule réponse qui tienne la route est : avez-vous une meilleure solution ? Je suis prêt - par métier et par conviction - à en débattre.

So long !

Brice LEJAMBLE.
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