Xavier LEJEUNE - Commentaires
Manao ahoana !
Sache tout d'abord que je suis un vazaha. Pas l'un de ceux qui traînent au glacier avec
une jeune malgache intéressé. Je suis venu l'année dernière à mada pour faire des
recherches, dans le cadre de mon mémoire de maîtrise. Je suis tombé amoureux de ce pays
c'est ma deuxième tany dirais je. Mais la philosophie malagasy et la philosophie
française ne sont pas forcément transposables. Mon sujet de recherche était:
"Madagascar île ou continent ? Une réponse par les représentations". Avant de
poursuivre il me faut préciser que je suis étudiant en dea de géographie.
Cette question qui me paraissait bien pleine de sens ici en France a perdu une partie de
sons sens sur le terrain. En effet, la notion du fihavanana, le lien au tombeau
ancestral fait que le rapport à l'espace n'est pas le même que dans mon lieu de départ.
Les malgaches ne conçoivent pas le monde et la place de l'homme tel que le font la
majorité des français. A Madagascar le dualisme est moins marqué et dans certains
village il est même absent. L'espace comporte une dimension non matérielle au travers du
lien de l'aina et des ancêtres.
Madagascar a été présenté par les français comme une île, mais l'on ne retrouve ce
terme que chez les souverains merina au travers du tany nosy d'andrianjaka.
Personnellement je trouve que l'espace est vécu de façon continentale, mais la
conscience d'une globalité, d'une culture malagasy unit tous les gasy, sa meilleur
matérialisation c'est la langue et l'importance du fihavana que l'on retrouve partout. Ce
que j'ai aussi remarqué à mada, c'est que les tribus relèvent plus des mythes que d'une
réalité. Ce que tu as mis comme citation de P.VERIN je l'ai déjà lu chez J.M.HOERNER.
L'ethnie n'est que conscience d'ethnie.
Ce que je veux dire que l'ethnie est un produit d'une société, l'extrapolation du clan
à une unité plus importante qui par le lien de production au terroir et celui des
ancêtres c'est peu à peu constitué comme entité géographique. Au travers du
"ranomasina no valam parihy" andrianmpoinimerina modélisait le dessin de
réaliser une unité culturelle liant tous les clans au travers d'une centralité sur
tana. Bien sur, c'est un dessin colonialiste, qui c'est accompagnée d'une colonisation
culturelle au travers notamment de l'uniformisation des systèmes de mesure. Mais
c'était un des premiers mouvement pour l'évolution du pays. En France c'est avec la
centralisation sur Paris que Napoléon a donné le plus de légitimité à l'espace
français ( et dieu sait que je n'aime pas les actes de Napoléon), ce que je constate
c'est qu'aujourd'hui on peut en tirer certains bon points. L'avantage c'est qu'en France
nous avons réaliser notre propre décentralisation même si le sujet est encore très
épineux. Andrianampoinimerina, faisait des réunions avec les habitants pour connaître
leur besoins ainsi c'est tout l'imerina qui se développait.
Avec la colonisation l'identité malagasy a pris tout son sens face au vazaha qui ne
possède pas de terre sacrée à mada. Qui ne parle pas la même langue et la même
culture.
Aujourd'hui je crois que la politique des provinces autonomes répond au besoin de
recréer la diversité malagasy. Je dis diversité et non pluricité, car Madagascar est
"une unité" d'où découlent plusieurs identités qui se reconnaisse comme une
dans le fihavana. Madagascar est un archipel, un réseau identitaire dont les nuds
fondent l'unité du pays.
Pour faire aller de l'avant le pays je pense qu'il faut décentraliser. Mais je ne
pense pas qu'il faille morceler le pays. Car, dans cette orientation le pays sera morcelé,
diviser rompant son unité fondamentale et divisant les lieux d'actions. Le pays en
ressortirait encore plus fragmenté car c'est à tana que profitera le plus cette
orientation.
Bref, j'ai encore pas mal de choses à dire, mais je vais me limiter ici pour aujourd'hui.
J'éspère que tu pourras commenter mes propos afin que s'instaure certains débats qui
m'intéressent activement. Tu sais ma copine est gasy, et izao tiako Madagasikara.
Veloma
Xavier Lejeune étudiant en DEA de géographie
laboratoire L.E.D.R.A ( laboratoire d'étude et
développement des régions arides )
Université de Rouen ( mont st aignan)