LES ENJEUX DU CHOIX DE LA FRANCE

            Le spectre de François de Mahy plane sur la profonde crise politique que vit actuellement Madagascar. François de Mahy, c’était ce Français réunionnais qui avait fait du lobbying tapageur et avait réussi à faire voter par le Parlement français le projet de loi d’annexion-colonisation de Madagascar en 1896.

Le nouveau François de Mahy s’appelle en l’occurrence Monsieur DeChâteauvieux, ce Réunionnais grand patron du groupe sucrerie de Bourbon.
Son groupe est entré à Madagascar par l’intermédiaire de la SDS (Société de Développement Sucrier) de connivence avec la SIRAMA du temps du Ministre de l’Industrie  José Rakotomavo. Le groupe s’est ensuite diversifié avec la venue à Madagascar, entre autres, de Géant Score, de Cora, de Mer Austral et d’Air Corsaire. Le groupe en outre, est en train de s’étendre et de faire des acquisitions de terrain dans le sillage du projet marais MASAY à
Ankorondrano.

L’ultime objectif pour ce grand groupe industriel agroalimentaire reste le vieux rêve de l’ancrage de Madagascar à La Réunion et à Mayotte pour affronter « ensemble », cette fois-ci, la mondialisation. C’est toujours dévouer à Madagascar un rôle plutôt secondaire et subalterne. Et il semble que pour cela, le groupe de Monsieur DeChâteauvieux, bénéficierait de la bonne perception sinon de la bienveillance de l’Elysée et de la cellule africaine du Quai d’Orsay qui estiment toutes deux que le groupe a déjà fait, outre La Réunion, ses preuves au Vietnam et à Madagascar. Et qu’il est bon pour la France de s’y appuyer pour son rayonnement dans la région de l’Océan Indien et de l’Afrique Australe et de l’Est. Voilà pour la géopolitique.

Néanmoins, cette « brillante » équipe de Monsieur DeChâteauvieux a eu le tort et le calcul erroné de miser et de s’appuyer sur un mauvais cheval, en l’occurrence l’attelage Lalatiana-Razanamasy, lors des élections municipales de 1999. Car ils ont trouvé, à leur grande surprise, Marc Ravalomanana sur leur chemin. Marc Ravalomanana qui, suivant simplement en cela une aspiration profonde du peuple malgache, a prôné publiquement et solennellement que, même en ruines, il ne va pas donné l’Hôtel de Ville de la Capitale de Madagascar aux Réunionnais. Et il a été en cela massivement suivi et même plébiscité par les électeurs de la capitale.

Et maintenant, le maire candidat aux présidentielles récidive et place la barre encore plus haut, pas plus tard que lundi dernier 04 février, quand il déclara publiquement sur la Place du 13 Mai devant une foule monstre de sympathisants estimée à 1.3 million de personnes, qu’il ne va pas céder, une fois élu Président, la Compagnie nationale Air Madagascar aux
étrangers, sous entendu à Air France. Mais qu’au contraire, il va tout faire pour l’améliorer et la renforcer pour rendre la fierté aux Malgaches.
Message reçu à 100% par les manifestants !

La position des Malgaches est ainsi limpide et sans ambiguïté : Oui au partenariat, Non à la recolonisation. La France doit donc cesser de jouer au chat et à la souris avec le peuple malgache. Elle doit clarifier son jeu et sa position. Son choix est très simple et très clair :

1- La Réunion ou Madagascar ? La France sacrifiera-t-elle les relations franco-malgaches promues à un brillant avenir avec Marc Ravalomanana au profit des intérêts particuliers du Groupe de Monsieur DeChâteauvieux ?

2-  DeChâteauvieux ou le MEDEF (le patronat français) ? Oui, le MEDEF qui, sous les bons offices de l’Ambassadeur de France, SEM de Laboulaye, s’est engagé avec Ravalomanana à investir massivement à Madagascar dans le cadre d’une coopération rénovée et d’un réel partenariat entre les 2 pays et entre les 2 économies.

3- Le cadre très étriqué d’un seul groupe des Sucreries de Bourbon ou bien tout le système financier de Madagascar dont la moitié sont des binationaux, sans compter les 40.000 Malgaches de France !

 Les intérêts bien compris de la France lui recommanderaient sans ambages la seconde option. Ainsi, c’est par exemple dans l’intérêt de la France de profiter pleinement des facilités octroyées par l’Africa Bill (AGOA) à la Grande Île pour accompagner et renforcer le développement économique de Madagascar. Elle y trouvera sûrement et grandement son compte. Ainsi, les Français en général et le MEDEF en particulier, ont bien compris qu’ils ont intérêt à appuyer à fond la politique d’industrialisation initiée par Marc Ravalomanana au lieu de s’y opposer.

Seule une minorité de Français tenants de la recolonisation économique de Madagascar par La Réunion estiment vraiment à tort que l’entrée de Madagascar dans le concert incontournable de la mondialisation sous la direction et la présidence de Ravalomanana signifierait que Madagascar va immanquablement tomber dans le giron des Etats-Unis et de l’Allemagne. Ce
qui est tout à fait faux. Ah ! quelle grossière erreur d’appréciation !

Néanmoins, si l’Elysée de Jacques Chirac, à l’ombre de la Dame Sudre, continue de mener une politique aveugle, irréaliste, dépassée et anachronique et préfère miser sur DeChâteauvieux au lieu d’ouvrir une nouvelle ère et une nouvelle perspective avec le MEDEF à Madagascar ; et si la France et l’Elysée continuent de jouer sur la pourriture avec Ratsiraka et ses acolytes au lieu de jouer sur la compétitivité et la compétence avec Ravalomanana et le peuple malgache, croyez-moi et soyez-en certains, que c’est pour la France la manière la plus sûre de perdre pied dans la grande Île au profit d’autres pays plus réalistes, plus intelligents et plus compétiteurs, qu’ils s’appellent l’Amérique, l’Allemagne, la
Grande-Bretagne, la Suède, la Norvège, la Hollande, le Japon, la Chine, l’Afrique du Sud, la Thaïlande ou Singapour.

Car d’un nouveau François de Mahy en ce 3ème millénaire, les Malgaches n’en veulent plus. Que cela soit très clair. A chacun d’en tirer sa conclusion dans l’intérêt bien compris de nos peuples et de nos pays respectifs.

VELO Richardson.

Tuesday, February 5, 2002


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        Mr SERAMILA Beza
 CUIRS ET PEAUX DE MADAGASCAR S.a.r.l.
       12, Cite Ankadivato
       Antananarivo 101
       Madagascar
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