Les autorités de Fianarantsoa dénoncent les «buts non avoués» de
l’Assemblée nationale
«On n’a pas bâillonné les députés, ni interdit la tenue des portes
ouvertes de l’Assemblée nationale», claironnent le Président de la
délégation spéciale (PDS) de Fianarantsoa, Fidy Mpanjato Rakotonarivo, le
chef de la région Haute Matsiatra, Hanta Rabetaliana, et le maire de la
ville, Pety Rakotoniaina. La vice-présidente de l’Assemblée nationale, Marie
Zenaïde Ramampy Lechat, a signé et tamponné du sceau de la deuxième
institution de l’Etat la lettre 004-AN/VP/RLMZ, datée du lundi 16 janvier,
portant avis de la tenue des «journées portes ouvertes» à
Fianarantsoa du 20 au 21 janvier.
Adressée au maire de la Commune urbaine de Fianarantsoa, et envoyée pour
information aux autres autorités, cette missive officielle stipule que
«nous (ndlr:les représentants de l’Assemblée nationale) serons sûrement
emmenés à vous demander de bien vouloir utiliser le Tranompokonolona pour
l’exposition prévue durant les portes ouvertes. Le maire a laissé la salle
des fêtes à leur disposition, «de l’ouverture à la cérémonie de clôture des
portes ouvertes». Il y eut donc effectivement autorisation de la tenue des
portes ouvertes… in muros.
CONFUSIONS
Mais là où le bât blesse, c’est qu’un tract émis dès le samedi 14 janvier
par des étudiants de l’université d’Andrianjato, invitait la population
fianaroise à assister auxdites «portes ouvertes» «devant le Tranompokonolona
Tsianolondroa». En plein air donc, avec la prestation d’artistes (Mamy Gotso,
Brillante, Majeur7) en sus des expositions prévues dans l’enceinte du
Tranom-pokonolona et des conférences-débats. Mais selon le PDS de
Fianarantsoa, Fidy Mpanjato Rakotonarivo, jusqu’au matin du vendredi 20,
jour de l’ouverture officielle des portes ouvertes, il n’était nullement
question de cérémonies en plein air. Le chef de la région Haute Matsiatra de
renchérir qu’à l’heure où les députés criaient au scandale sur les marches
de la place Tsianolondroa, les protocoles des deux entités préparaient de
concert l’amphithéâtre, sis dans les bâtiments voisins de la Région, pour
accueillir la manifestation.
«Sonorisation, décors, et sièges supplémentaires étaient prêts à accueillir
300 personnes. On aurait même ouvert les grilles pour que les 700 personnes
réunies sur la place puissent entendre l’allocution d’ouverture du président
de l’Assemblée nationale». Avant que l’on déclare que le président de
l’Assemblée nationale, Jean Lahiniriko, voulait remettre les «portes
ouvertes à plus tard», Marson Evariste, député de Vohipeno, a lui-même admis
l’existence de salles libres «dans les locaux de la région ou de la
commune.» Le PDS Fidy Mpanjato Rakotonarivo ajoute son grain de sel: «les
portes étaient ouvertes, c’est eux qui se sont rétractés.(…) C’est qu’il y
avait des buts non avoués à cette manifestation».
MAUVAISE FOI
«Pour une manifestation «officielle», c’est bizarre que la préparation se
fasse dans le campus universitaire.» Le PDS de Fianarantsoa a dénoncé une
«infantilisation de la population», «que l’on attire avec des artistes pour
une manifestation destinée soi-disant à «rapprocher l’Institution
législative à la masse laborieuse»». «Nous ne sommes pas dupes», ajoute le
vice-président du conseil communal, Rakoto Charlie. Le premier magistrat de
la ville, Pety Rakotoniaina, a dit tout haut ce que les autres responsables
administratifs ont pensé tout bas: «c’est de la mauvaise foi».
Pour sa part, il ne pouvait pas autoriser la tenue de la «cérémonie
d’ouverture officielle des portes ouvertes» sur la place Tsianolondroa
récemment rénovée, grâce à un financement de l’Association Tany Meva, sous
peine de rupture de contrat avec celle-ci. Déclaration faite avant
d’ajouter, avec sa harangue habituelle, que contrairement aux dires de
Marson Evariste, il n’avait été ni payé ni forcé à agir ainsi par le
Président. Il appelle au face à face avec un des représentants de
l’Assemblée nationale. Ces derniers ne manqueront pas de revenir à
Fianarantsoa, et si c’est pour des «portes ouvertes», ils seront
vraisemblablement les bienvenus.
Mirana Rasamimanana