Les vieux partis se disloquent
L’élection présidentielle est marquée par la faillite des grands partis politiques, comme l’Arema, le MFM et l’Avi.
Furieux. Pierre Raharijaona l’était quand il avait appris que
des personnalités se réclamant membres du comité directeur, l’ont exclu de
l’Avant-garde pour la rénovation de Madagascar, Arema. " C’est absurde et
insensé. Je suis membre de l’Arema depuis sa création en 1975. Ceux qui ont
signé ce communiqué, qui n’a aucune valeur, sont des opportunistes. Où
étaient-ils quand l’Arema passait des moments difficiles. Je suis membre du
comité directeur élu au cours du congrés du parti en avril 1997. Seul un autre
congrés peut décider de mon cas", s’insurge Pierre Raharijaona.
Ses déclarations visent en particulier le professeur Ange Félix Andrianarisoa.
Durant la traversée du désert de l’Arema balayé par les Forces-vives, de 1992
jusqu’en 1996, Pierre Raharijaona est resté fidèle au parti. Il a été réélu
député à Atsimondrano. Au retour de Didier Ratsiraka au pouvoir, il n’a pas été
récompensé de sa fidélité. Ce fut Ange Félix Andrianarisoa qui a été appelé à
occuper le perchoir de l’Assemblée nationale.
Celui-là même qui dirige aujourd’hui l’aile de l’Arema pro-Ratsiraka. "Parce que
Pierre Raharijaona a décidé de soutenir un candidat à l’élection présidentielle,
alors que l’Arema dénie toute légalité à ce scrutin du 3 décembre", insistent
Ange Félix Andrianarisoa et ses partisans qui reconnaissent plus Pierrot
Rajaonarivelo comme premier secrétaire national de l’Arema. "Il est coupable
d’avoir décidé tout seul de sa candidature et d’avoir tendu la main aux
dirigeants actuels durant la crise de 2002", selon les motifs évoqués par les
pro-Ratsiraka.
L’Arema se divise ainsi en trois courants. Pierre Raharijaona, pour des
affinités familiales, est devenu un allié du parti Tiako i Madagasikara, Tim. Il
préside sa propre formation Arema Matotra. Ange Félix Andrianarisoa, avec
l’ancien ministre Simon Pierre, veulent revendiquer l’héritage laissé par Didier
Ratsiraka. Les sénateurs Adolphe Ramasy et Vaovao Benjamin, avec Harinaivo
Rasamoelina, préparent le retour de Pierrot Rajaonarivelo qu’ils considèrent
toujours comme le chef de file incontesté de l’Arema.
Dérive du MFM
Les même scissions commencent à ruiner le Mpitolona ho an’ny fampandrosoana an’i
Madagasikara, MFM, de Manandafy Rakotonirina. Pour se démarquer de la position
officielle du MFM qui a ménagé le président Marc Ravalomanana, Pety Rakotoniaina,
membre influent du parti, a créé l’association Tambatra. Celle-ci a connu une
progression assez rapide à travers le pays. Au point qu’elle a décidé de
présenter la candidature de Pety Rakotoniaina à l’élection présidentielle du 3
décembre."La candidature de Pety Rakotonirina ne dérange pas le MFM. C’est une
illustration du respect de la démocratie au sein du parti", explique Manandafy
Rakotonirina pour ne pas dramatiser la situation.
En fait, la démarche de Pety Rakotoniaina n’était pas du goût de Manandafy
Rakotonirina et ses compagnons, le fameux "Rouges et Experts". Ils ont tout fait
pour que le congrès du MFM, baptisé "Vovonana", entérine leur stratégie qui
consistait à lancer Manandafy Rakotonirina dans la bataille du 3 décembre. Bien
avant la clôture des travaux du Vovonana, la candidature de Manandafy
Rakotonirina a été acquise pour torpiller l’initiative de Pety Rakotoniaina.
Mais des délégués MFM venus pour le congrès annoncent qu’ils vont soutenir Pety
Rakotoniaina. C’est le cas de ceux de la région Diana. "Manandafy Rakotonirina a
beaucoup fait pour le MFM. Nous respectons son choix, mais nous pensons que Pety
Rakotoniaina a plus d’atouts pour bousculer Marc Ravalomanana", note le
communiqué de ces congressistes venus du nord.
D’autres formations politiques connaissent aussi des difficultés à rassembler
leurs militants pour faire cause commune à l’élection présidentielle. Par
exemple, des maires Avi (Asa vita ifampitsaràna) affirment vouloir soutenir Marc
Ravalomanana et non Norbert Lala Ratsirahonana, le fondateur de ce parti.
Ce dernier ne s’alarme pas outre mesure de ce relent de dissidence. "Ces maires
viennent me voir pour dire que devant la pression exercée par l’Administration,
ils sont contraints de faire acte d’allégeance au parti au pouvoir. Mais les
électeurs ne sont pas obligés de suivre la prise de position des maires",
explique Norbert Lala Ratsirahonana. L’autre défection dans les rangs de l’Avi
est celle du député Julien Reboza qui a choisi de rejoindre le camp de Jean
Lahiniriko. Lui-même un "exclu" du parti Tiako i Madagasikara (Tim).
Eric Ranjalahy
Express de Madagascar 13-10-2006