Re-bonjour à nouveau,
Assez de contrepèteries ronflantes et de farces dit Brice à propos de la Bankin'i Sophie
Malala. Passons aux choses sérieuses, aux PROPOSITIONS! (est-ce que vous les recevez ces
majuscules ?). C'est toujours ce que dit le responsable qui se défausse aux critiques :
"mais faites-moi donc des PROPOSITIONS mon ami !". Vais-je conseiller au fieffé
bandit de se mettre lui-même les menottes et d'aller docilement demander à son chauffeur
de le conduire en Pajero à Antanimora pour expier ses méfaits ? Il le sait bien que je
n'oserai pas le lui dire en face (avez-vous déjà été confronté à la bienséance
merina ? mais cela ne se dit pas, ne se fait pas ! quoi ? vous osez mettre en cause un
ray-aman-dreny, avec tous ces sages cheveux blancs ?
car c'est bien ce qui reste de sage souvent dans ce genre de personnage. Les beurs de
France l'expriment de la manière suivante : quoi ? vous insultez le prophète ? ).
C'est pourquoi la farce, la satire, l'ironie, l'impertinence sont les seuls armes des
faibles. Faites donc vos PROPOSITIONS, j'en connais qui vous répondront benoîtement :
"je vais étudier votre rapport" et in petto (le genre de bulle avec un
appendice de zana-bulles reliées à la tête bouffie du personnage dans les BD) :
"Ha ha ! je vous ai bien eus, une fois encore en attendant la prochaine" et
encore je le traduis en langage correct.
Vous allez me dire, c'est de la jalousie parce que vous aimerez bien manipuler des
milliards comme nous le faisons, descendre au Ritz, rouler en Jaguar à Paris, bref vivre
comme tous ceux qui ont mérité d'avoir bien travaillé toute leur vie (à 35 ans pour
certains mais passons). Nous sommes comme les nobles séquoias d'Amérique nous dites-vous
et vous enviez nos hautes cimes dominant la petite futaie. "Hazo avo hono
halan-drivotra". Mais si vous regardez bien, dans les ramures du cocotier, il y a un
singe. On lui dit : "Descends de là, singe, parce qu'on voit ton derrière et il est
nu !".
Lui vous répond coquinement : "je m'en moque, d'ailleurs je vous chie
dessus" Alors, tout bon malgache prend sa hache, abat le palmier et met
quelques coups de latte à l'impudent (voire en fait son laoka du jour).
Oui mais me rétorqueront certains - Madame Économie pointe son nez tout plein de crottes
- vous n'auriez pas dû abattre le cocotier qui aurait pu vous fournir plein de ceci et de
cela que vous auriez pu exporter, et ainsi attirer les investisseurs... Et la dignité ?
Madame Économie me répondra:
"vous vous la mettez là où je pense". Mais, on ne se moque pas toujours
impunément du malgache.
Illustration : il était une fois, l'histoire est véridique, du côté de Brickaville un
directeur de sucrerie, un français célibataire possédant un chien, qui fut convié à
la fête du village voisin. Vous vous doutez bien que l'essentiel des travailleurs de
l'usine habite ce village et que c'était un honneur pour eux que d'avoir la présence du
directeur. A la fin du repas, Monsieur qui était venu avec son chien, se voit présenter
un plat de gâteaux malgaches, cela va sans dire (pas du genre de ceux qui sortent de chez
la marquise B. Sophie Malala) . Il en prend deux, un pour lui et ... donne le deuxième à
son chien devant l'assemblée médusée. Tollé, cris, indignation des villageois qui se
termine par une grève les jours suivants. On appelle l'inspecteur du travail de
Tananarive, malgache, celui-ci prend connaissance des faits et voit illico le
propriétaire de l'usine pour renvoyer dans ses pénates lyonnaises le directeur
philocanin.
Autre anecdote véridique : un médecin français séjourne dans une famille malgache, et
pas des moindres. Un soir, le docteur resté seul à la maison se fait à manger et en
profite pour servir le chienchien de la maisonnée mais dans une assiette et non dans sa
gamelle, comme il se doit. Voyant celle-ci propre à son retour, la maîtresse de maison
demande à son invité de lui indiquer l'"assiette" du chien. Las, il l'a
nettoyé puis remis dans le lot.
Madame, représentez-vous une dadame de Tana (parlant français et tout et tout), sans se
démonter prend toute la pile, casse et jette les assiettes une à une au grand dam de
l'ami français. Scandale encore dans le chœur de dame économie, mais quoi !
Tout ceci pour en arriver à ce point : à force de compromis à la malgache (ce que sont
à mes yeux ces fameuses propositions), à force d'abdiquer sa dignité (ce que Brice
appelle le nationalisme frileux), à force de complaisance, à force de fermer les yeux
sur les pires agissements (Brice encore qui s'indigne des blagues de collégien sur le
joujou paternel de Sophie Malala), nous devenons des esclaves. Et pour les esclaves, la
première proposition qui vaille c'est de briser les chaînes. Ce qui nécessite du
courage. Comme l'inspecteur malgache qui ose renvoyer le directeur français ami de la
race canine. Comme la Madame qui sacrifie son couvert à la souillure. Il y en a qui sont
partis sous d'autres cieux. Les autres propositions relèvent de la connivence à
l'asservissement. Le "putsch générationnel" confine à la guerre des
héritiers se disputant la succession (pourquoi fifille Rakotomavo et pas moi ? petit, non
?).
Les experts sont définitivement passés à l'ennemi (de classe croyait-on, ce n'était
seulement que le frère jumeau). Nantis de tous les pays unissez-vous! Debout les maîtres
de la terre ! Madame Économie pousse son sale groin triomphant : que je te bourse ici, te
marché là, financier par-dessus, investissement par en-dessous. Tous au festin ! Surtout
fermez-là !
A quoi bon vitupérer ? Il ne reste plus que des soutanes à le faire. "Extrême
pusillanimité" dit le père Sylvain Urfer. Moi, c'est ça qui me fait honte.
Bien à vous,
Mamy.