MANANDAFY RAKOTONIRINA
« D'AUTRES MÔMÔ » EN COULISSE ?

Réagissant aux propos du président lors de son déplacement à Antsirabe, Manandafy Rakotonirina a déclaré que le candidat Didier Ratsiraka persiste et signe: "il est le candidat naturel et unique de l'Arema pour la présidentielle du 16 décembre prochain. Il n'a pas encore désigné de dauphin ni de successeur".

En clair et politiquement, il n'a pas encore repéré dans "son" parti d'éventuel successeur, renvoyant ainsi dos- à- dos les Tantely Andrianarivo, Pierrot Rajaonarivelo ou Herivelona Ramanantsoa. Une attitude et un comportement qui ne présagent rien de bon pour le parti en tout cas. Avec les différentes tendances qui s'affrontent par "affaires" interposées, par groupements informels ou associations interposés, le parti Arema risque l'implosion; du moins pas pour l'instant car le fondateur les tient encore tous sous bonne garde.
Quoi qu'il en soit, le paysage et le scénario politique actuel ne laissent pas Manandafy Rakotonirina indifférent. Il voit dans le processus aujourd'hui enclenché de partout un peu comme une entreprise à produire un autre ou plusieurs autres "Mômô".

Mômô mérite l'amnistie

Si la condamnation de Mômô à 5 ans de prison ferme a en partie clos l'affaire, il faut aussi reconnaître que le fond de cette affaire a été occulté car il s'agit de l'avis de Manandafy, d'une affaire politique qui aurait mérité en toute logique d'une amnistie comme celle des Fédéralistes, Kotiti et consorts ou Soanierana et sa clique. Ce qui n'a pas été le cas dans "l'affaire Mômô" qui, à beaucoup d'égards, n'est que l'expression de l'amertume d'un individu qui a cru ferme en la victoire de "son" candidat et qui, déçu et dépité s'est exprimé de manière violente. Heureusement il n'y a pas eu de pertes en vie humaine comme à Antsiranana ou à Soanierana. Il faut admettre que l'incident ou l'accident a en effet éclaté à la suite de la défaite, pour quelques voix, du candidat Albert Zafy face au candidat Didier Ratsiraka à l'issue de l'élection présidentielle. Mômô, étant fidèle garde du corps de l'ancien président A. Zafy, était convaincu que "son président" a été victime de malversations et de fraudes électorales perpétrées par le gagnant avec la complicité de la HCC. Dès lors, pour manifester son refus des résultats proclamés par la HCC, il aurait tenté "ce crime" ou ce coup de force à la grenade.
Pour le 16 décembre prochain, Manandafy craint que les résultats proclamés par le Consortium, vraisemblablement différents de ceux proclamés par la HCC, ne produisent les mêmes conséquences. Si la situation sera sur le fond alors comparable à celle de 1996, étant donné qu'aussi bien D. Ratsiraka que M. Ravalomanana revendiquent déjà ou du moins affichent chacun une certitude en leur victoire dès le 1er tour, l'expression de la déception de l'un ou de l'autre pourrait sans doute être différente. On peut s'attendre à ce que les chefs d'églises et les dirigeants du Consortium descendent avec bibles et cartons pleins de procès-verbaux appuyés par les textes en vigueur tout en chantant des cantiques, à Ambohidahy au siège de la HCC et être eux aussi qualifiés de "Mômô" en puissance; donc susceptibles d'être appelé à se défendre à la barre à Anosy. Un tel scénario sur fond deux résultats électoraux différents ne peut être écarté. La convergence de la neutralité étant aléatoire, les résultats ne peuvent être que différents. Déjà que les organisateurs ayant su la stratégie du Consortium, ont cherché à prendre à défaut le contrôle de tous les bureaux de vote en accroissant le nombre de ceux-ci de 15%, sous prétexte de proximité et d'encourager la participation; une augmentation suspecte pour beaucoup de membres du Consortium. Dès lors, la partie qui sera vaincue à cause de quelques voix va manifester son désaveu.

En tout cas, beaucoup doutent encore des performances du Consortium des observateurs et appellent à ce qu'on étoffe davantage ces membres. Nombreux sont également ceux qui portent des regards plus que suspects sur les organisateurs de l'élection. Ainsi, par exemple, à Andapa, beaucoup de communes ne disposent pas encore de fiches pour confectionner des cartes d'identité nationale alors que c'est la pièce essentielle pour pouvoir accéder au bureau de vote et exercer ses droits civiques.

Madagascar Tribune 15/10/01