"LE PAYS S'ACHEMINE VERS UNE SITUATION DE CONFLIT",

craint Manandafy Rakotonirina

A une semaine de la clôture du dépôt des candidatures et à moins de deux mois du scrutin, l'effervescence règne au sein de la classe politique. Et les supputations vont bon train. Manandafy Rakotonirina estime que "Ratsiraka va perdre". Car il y a, explique-t-il, un courant très fort contre lui, et en faveur de Ravalomanana.

Le président national du MFM pense que l'Amiral n'acceptera pas le verdict des urnes et manoeuvrera au niveau de la Haute Cour Constitutionnelle pour faire annuler les résultats favorables à son adversaire. Manandafy partage l'AVIs de Norbert Ratsirahonana sur le manque de crédibilité, à la fois à l'échelle nationale et sur le plan international, de la HCC avec ses membres actuels. Y compris sans doute, même s'il ne l'a pas dit, l'élément que le MFM avait placé à Ambohidahy pendant la Transition. Pour lui "tout cela ne présage rien de bon".

Puissance publique

Le numéro Un du MFM craint également "l'utilisation par l'Amiral de certains gradés de l’Armée, de la Gendarmerie et de la Police pour protéger les fraudes électorales et faire pression sur les électeurs ". En somme, résume-t-il, le Chef de l’Etat va user et abuser de toutes les prérogatives de puissance publique en sa possession, pour essayer de gagner la prochaine course à la présidence. "Mais ses adversaires ne vont pas se laisser faire", prévient le sociologue qui conclut que " le pays s'achemine vers une situation de conflit catastrophique pour l’économie, si on laisse les élections dans les conditions actuelles ". Rejoignant en cela, l'analyse de son bras droit, Germain Rakotonirainy qui n'exclut pas "un bain de sang".

Transition bis

Concernant l’opposition en général et la Cellule de crise en particulier, le premier responsable du MFM est aussi du même avis que Norbert Ratsirahonana sur l'opportunité pour la seconde de se réunir. Manandafy ne renonce pas pour autant à l'idée du MFM relative à la mise en place d'un gouvernement de Transition bis. Il appelle la société civile, l’opposition et l’Arema à une concertation, du genre de celle qui s'était tenue à l'hôtel Panorama, 10 ans auparavant, et qui devait accoucher de la Convention du 31 octobre 1991. Visiblement, le MFM rêve de conjuguer le présent au passé décomposé, même si la proposition des Mafana laisse le pouvoir plutôt froid.

Midi Madagascar Vendredi 19 octobre 2001