Analanjirofo

Loin du misérabilisme, selon Manandafy

Grâce à des projets élaborés par des associations des habitants de Soanierana Ivongo, Fénérive Est et autres telle Maroantsetra, appuyés par des organismes locaux, la Région Analanjirofo est en mesure de sortir de la pauvreté. Ici on ne se complait plus aux discours sur la pauvreté et la misère. Vu le climat et la pédologie, le manioc, la pomme de terre, les carottes sont voués à supplanter les autres cultures qui ne nourrissent plus leur homme. Manandafy Rakotonirina en est convaincu.

Les diverses régions du pays cherchent depuis la mise en place des régions à mettre en valeur leurs spécificités. Culturelle mais aussi économique. Analanjirofo offre des caractères qui peuvent être mis à profit de manière judicieuse selon Manandafy qui rentre d'une tournée politique.

    "Le manioc peut sauver la région Analanjirofo". C'est en substance le message que Manandafy, président national du MFM et conseiller spécial du président de la République, a laissé entendre lors de notre rencontre d'hier. Après une réunion politique statutaire des militants MFM (Filankevi-paritra) de la région Analanjirofo, qui s'est déroulée les 27 et 28 août derniers dans la partie nord de la province autonome de Toamasina, Manandafy et son staff ont été agréablement surpris par dynamisme de leurs militants et sympathisants. Des projets s'élaborent dans la région à l'initiative avec des organismes d’appui et des opérateurs.

    «Pauvreté, misérabilisme, discours faciles»

    Sachant que c'est à un vieux routard de la politique qu'on avait affaire, la première question que nous lui avons posée était l'ambiance et l'atmosphère dans la région. Dans quel état de pauvreté vit la population surtout que les produits de rente ne nourrissent plus leur homme. Mais quelle fut notre surprise quand il a évacué la question de manière à ce que finalement nous puissions comprendre que les temps des jérémiades ont vécu. Il est plus que jamais temps de voir et de construire l'avenir dans la perspective de la globalisation et de la régionalisation. La pauvreté, il faut la combattre et non l'entretenir dans le contexte actuel, croyions-nous comprendre à travers ses propos. "Le misérabilisme, le discours sur la pauvreté sont des discours faciles," a-t-il déclaré d'un air pince sans rire. Cela ne l'a pas empêché d'évoquer vaguement des cas de corruption et de gouvernance qui provoquent le mécontentement des usagers de certains services publics. En tout cas, la conviction et la volonté du MFM à fonder le développement du pays à partir des régions étant le leitmotiv, Manandafy a été moins avare en matière de nouvelles idées et des perspectives qui se présentent à cette région réputée en son temps pour son café et son girofle.

«Tsy ‘zà ... fa robista !»

    Nous nous souvenons encore de ces broussards qui, lors des périodes des récoltes du café ou du girofle et après avoir écoulé leurs marchandises entrent dans le "dokana" (échoppe) et font exprès de vous marcher dessus pour pouvoir s'excuser au nom du "robusta" (azafady e ! tsy ‘zà mantsidia ‘nao fa robista) ; non pas réellement dans air arrogant mais amusé. Satisfait même car ce sont les seuls moments où ces habitants de Fénérive Est ou Soanierana Ivongo pouvaient satisfaire les caprices domestiques et où ils se sentaient à l'abri du besoin.

    Conscients des problèmes de survie et de développement économiques, des associations de jeunes d'Analanjirofo ont partagé au staff dirigeant du MFM les espoirs qu'ils nourrissent sur le manioc. C'est un projet ambitieux mais qui tient réellement la route nous confie Manandafy étant donné que les autres produits sont en perte de vitesse.

    Foncer dans l’agriculture à cycle court

    Il s'agit de produire 150 .000 tonnes de manioc sec par an avec l'aide du Centre national de recherche industriel et technique pour résoudre le problème de séchage. En son temps, la coopérative Arema a essayé à Fanambana de satisfaire cette demande mais a échoué du fait de la teneur en eau trop importante du manioc récolté dans cette partie de l'île. Aujourd'hui, le problème ne se pose plus. La région est ainsi en mesure d'élaborer et d'initier des projets agricoles sur toutes les cultures à cycle court. Même le maïs, le soja.

    Les seuls grands investissements indispensables selon Manandafy doivent s'effectuer dans le changement de mentalité et dans la pratique de cultures en courbe de niveau dans l'optique de la défense et restauration des sols (DRS) ; la rotation des cultures à cycle court et l’abandon du tavy et donc de la riziculture sur brûlis transformeront les ménages d’Analanjirifo en producteurs de matières premières destinées à des provenderies industrielles et en importateurs de riz.

    C’est dans cette perspective que réside l’intérêt de ce projet avoue le conseiller du président. L’appartenance de Madagascar à plusieurs organisations régionales est une aubaine pour le manioc qui constitue une composante essentielle dans l’élevage industriel. Les opportunités offertes par les îles voisines qui importent soit de la pomme de terre, soit des carottes, sont très bien perçues par Analanjirofo à en croire ce chef de parti.

    Bref, si les Vakinanankaratra ne satisfont pas, les Analajirofo sont prêts à entrer dans la compétition. Dollars, Euros, ou Roupies, c’est mieux que l’Ariary.

RAW

Madagascar Tribune 02/09/05