Manandafy Rakotonirina et la crise 2002

« Arrêtez les arrestations ! »

Après Norbert Ratsirahonana qui n’a pas mâché ses mots, durant la récente campagne électorale, pour fustiger les pratiques illégales et d’exclusion perpétrées par le TIM pendant les élections communales, Manandafy Rakotonirina vient également de monter au créneau pour exhorter le Parlement « à régler le sort des détenus dans le cadre de la crise de 2002 ». Le premier, ambassadeur itinérant du président de la République, a dévoilé en public sa pensée sur les agissements du parti majoritaire, tandis que le second, conseiller spécial du chef de l’Etat, a carrément lancé une injonction à l’endroit des tenants actuels du pourvoir. Ainsi, pour ce président national du MFM, « ceux qui ont perdu dans les élections n’ont pas à être incarcérées». Pis, il demande à ce que cessent désormais toutes ces arrestations et autres exactions diligentées dans le cadre de cette crise de 2002. Et, de fil en aiguille, il a déclaré que « le Parlement a le devoir et l’obligation de prendre les mesures qui s’imposent pour que ces détenus de 2002 retrouvent leur liberté et afin que la tension sociale s’apaise ». En clair, mais sans pour autant le déclarer directement, Manandafy Rakotonirina interpelle le Parlement dans le but d’adopter une loi d’amnistie (générale ou sélective), seule mesure officielle pouvant régler le sort de ces détenus de 2002 et calmer enfin les esprits.

Rappelons que le Sénat a déjà adopté une loi d’amnistie mais, apparemment, le dossier aurait été classé dans les oubliettes de l’Assemblée nationale, l’ultime institution ayant le pouvoir d’adopter définitivement une loi. De même, la proposition de loi d’amnistie sélective, soumise à Tsimbazaza, par le député Jean Eugène Voninahitsy, semble également être égarée dans les travées de cette seconde institution de l’Etat. Alors que, dernièrement encore, tant les quatre chefs d’églises du FFKM que la conférence des Evêques catholiques ont évoqué la nécessité impérative de régler, une bonne fois pour toutes, le sort judiciaire de ces détenus de 2002.

Pour ce qui des élections communales, Manandafy Rakotonirina a, mine de rien, ironisé sur l’utilisation d’hélicoptères durant la campagne électorale. « Utiliser ces aéronefs pour des bourgades rurales est littéralement aberrant », a-t-il fait indiqué. Une allusion directe au TIM, le seul parti politique à avoir utilisé ce genre de moyens de locomotion durant les campagnes électorales. Sur le sacre électoral de Pety Rakotoniaina et de Martial Rakamisilahy, le numéro un du MFM y décèle une grande première, à marquer d’une pierre blanche, sur le cursus politique de ces deux personnalités ainsi que sur le vrai jugement du peuple quant aux critiques perpétrées contre notamment Pety Rakotoniaina.

Bref, sans pour autant le déclarer ouvertement, Manandafy Rakotonirina vient là de rendre la monnaie à ceux qui ont trop l’habitude d’assassiner politiquement cet « entant turbulent » du Betsileo.

Rolly Mercia

GDI 28/11/2003