Mada-Journal : Le MFM ira tout seul au devant des électeurs. Quel intérêt
cela présente-il pour le parti, pour la démocratie et pour le développement
de Madagascar ?
Manandafy Rakotonirina : Pour le parti MFM, cela ne peut être qu’un
test. Nous cherchons à mesurer la confiance des électeurs au parti mais en même
temps, nous leur offrons un libre choix. Se présenter tout seul est une
opportunité aux électeurs de s’exprimer librement, sans contrainte
d’aucune sorte ; bref c’est l’exercice dans le concret de la démocratie.
Les jeux politiques démocratiques se dérouleront après les élections car il
faudra dès lors que chaque formation politique pre! nne ses responsabilités.
M-J. : Une frange de l’opinion croit qu’en se présentant tout seul
devant les électeurs, le MFM est déjà en train de reprendre ses habitudes de
forces destructrices. Pour être plus clair, on accuse le MFM d’être le démon
de tout régime. Qu’en pensez-vous ?
M. R. : Vous rapportez là les discours de certains qui ont toujours
craint les idées toujours nouvelles prônées et véhiculées par le parti que
je préside. En tout cas, le MFM a toujours opéré seul depuis le mouvement
populaire enclenché dès le 02/11/01, quand, après le " Vovonana 2001
" (congrès national du MFM qui s’est tenu à Ilafy), nous avons conclu
un contrat avec le candidat, devenu aujourd’hui président, Marc Ravalomanana.
Tout au long de la campagne électorale pour les présidentielles du 16 décembre
dernier, le MFM a obtenu du candidat Marc Ravalomanana son Quartier général
propre, à la différence des autres formations du KMMR que je présidais
d’ail! leurs. Le candidat Marc Ravalomanana a mis à notre disposition un
local de chez Tiko S.A. sur la Route Circulaire ; il était équipé des moyens
de télécommunications appropriés et d’ordinateur avec toutes les périphériques
indispensables.
Au moment du KMSB, le MFM a continué de siéger à part ; il avait toujours son
QG à part. C’était la volonté du candidat Marc Ravalomanana. Après la
dissolution du KMMR et du KMSB, il n’y a pas de raison que nous changeons de
stratégie. Donc le discours que vous nous faites là n’intéresse que ceux
qui le propagent.
Nous savons construire et nous savons être très positifs quand il le faut. A
preuve, ceux qui nous ont fait confiance ont tous été satisfaits. Au moment où
nous évoluions au sein de la IIè République, le régime de l’époque a été
reconnaissant envers nous quand nous avions réussi à mettre en œuvre les crédits
à risque avec la Banque mondiale.
Lors du mouvement populaire et de la période transitoire de 1! 991, nous avons
mené la lutte jusqu’à débouter le régime Ratsiraka. Mais c’est quand
nous avions été écarté que le mouvement populaire a commencé à s’autodétruire
et péricliter pour ouvrir la brèche au retour de Ratsiraka. L’histoire nous
enseigne en fait que tout mouvement ou régime délaissé par le MFM ne fait pas
long feu.
Le professeur Albert Zafy et son régime en sont les dernières victimes.
Actuellement, vous constatez vous-même que nous sommes toujours avec Marc
Ravalomanana et participons au gouvernement pour concrétiser le programme
convenu. Nous sommes toujours attachés et respectueux de nos engagements et
c’est pourquoi nous nous lançons tout seul dans les compétitions électorales.
M-J. : Lesquels entre autres ?
M.R. : Il s’agit d’un programme en 9 points dont l’essentiel se résume
en la promotion et la création d’autres Ravalomanana, d’autres
entrepreneurs performants, dans toutes les régions, afin qu’ils puissent
jouer ! le rôle de catalyseurs du développement dans leur région respective.
L’électrification rurale et la mise en réseau de communication de toutes les
parties de l’île sont par exemple au centre du programme convenu avec le
candidat en son temps.
Il en est de même de la sécurisation des campagnes. Il faut reconnaître que
le MFM a déjà adopté un tel programme lors des présidentielles de
1989.Aujourd’uhi il s’agit de transformer ces micro entreprises d’élevage
de poulet s de chair ou de poules pondeuses en entreprises industrielles
capables de conquérir le marché international dans le contexte de
mondialisation.
M-J. : Comment voyez-vous le paysage politique d’après élections ?
M.R. : La configuration du paysage politique dépendra du comportement
des supposés opposants Arema et consorts. On attend l’issue de cette crise
que le parti Arema et les autres dans son giron va donner.
M-J. : A propos du " front du refus " ?
!
M.R. : Tel qu’il se présente dans le contexte actuel, à un moment où
tout le monde, aussi bien les dirigeants que les formations politiques et la
société civile, appuyés par les bailleurs de fonds et les pays amis, œuvre
pour la démocratie réelle, le " front du refus " ne veut pas légitimer
cette démocratie. On verra s’il refusera aussi les institutions démocratique
et républicaine en cours d’installation définitive. En tout cas, la capacité
à faire fonctionner la démocratie sera désormais l’échelle de valeur à
partir de laquelle on mesure le développement politique et la crédibilité
d’un régime.
M-J. : Vos souhaits pour ces élections législatives anticipées ?
M.R. : J’espère et je souhaite sincèrement qu’il y ait une majorité
constituée par les formations pro-Ravalomanana.
Recueillis par RAW
Wanadoo Madagascar / 11-12-2002 / 11:17
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