Manandafy : Loin de l'extrémisme

 Dans l'émission "Diantana" sur RNM hier en début de soirée, Manandafy Rakotoniaina a été très clair et n'a éludé aucune question à propos de l'insécurité; de la mise en place des régions; de la détaxation; de la concertation politique de Panorama et de nos relations avec les institutions de Breton Woods...

A suivre son raisonnement, la mise en place des régions trouve ici sa justification car il concourt énormément à ce qu'on appelle aujourd'hui l'administration de proximité. La structure et les divisions territoriales et administratives correspondantes à 5 millions d'habitants en son temps ne résolvent plus les problèmes d'une population qui est de 16 millions aujourd'hui. Le pays est sous-administré ; aussi faut-il que les forces de l'ordre et la justice se rapprochent des ruraux que des citadins, qu'elles sévissent au moindre délit pour rassurer le ménage dans ses activités. Il ne faut pas attendre de grands dossiers ou des grandes affaires pour que les gendarmes s'en remettent à la justice mais qu'à chaque délit, même mineur, la justice soit saisie. Manandafy en tout cas s'interroge pourquoi l'Etat n'utilise pas les 100 millions de dollars alloués par les bailleurs de fonds à l'instauration de la bonne gouvernance à Madagascar ?

    Par rapport aux questionnements relatifs au satanisme, le président national du MFM souligne que c'est une discussion qui n'intéresse pas l'Etat ni la République. Le peuple a élu à la tête de l'Etat laïc un Marc Ravalomanana, citoyen de la République, sans doute pour son succès économique et politique. Ce même peuple le jugera non en fonction de sa foi mais en fonction de ses performances concrètes.

    Sur le plan financier et économique, la détaxe aurait engendré une augmentation de quelque 60 % de nos importations ; ce qui aurait grevé nos réserves en devises. Dès lors, si nous avons bien compris et étant donné les marges de manoeuvres de notre Banque centrale limitées, il aurait été prudent de discuter avec les bailleurs de fonds pour qu'ils viennent en aide à notre balance de paiements. En d'autres termes, il aurait dû y avoir de nouvelles négociations avec les bailleurs de fonds. D'autant que l'histoire récente, sous la primature de feu maître Ravony, les exonérations avaient provoqué, a avoué l'invité de "Diantana", la perte de près de 700 milliards Fmg obligeant alors l'Assemblée nationale à interdire au ministre des Finances l'octroi de ces exonérations. Aujourd'hui on avance en raison de la détaxe, une perte de 1.600 milliards Fmg.

    Imperturbable face aux remarques et interrogations du journaliste Rufin Rakotomaharo, Manandafy suggère que pour sortir du marasme et de la débâcle de notre monnaie que l'Etat et la République fassent montre, comme en leur temps toutes les grandes puissances actuelles, d'audace et renégocient au nom de la souveraineté de l'Etat les accords conclus avec les institutions de Bretton Woods. La situation économique et financière actuelle est telle que remettre sur la table des négociations ce qui a été convenu n'est pas un pêché mortel. Dans la foulée, Manandafy conseille à l'Etat à davantage d'écoute et de respect à l'égard de ceux qui prônent le dialogue. Il dénonce la revendication salariale des fonctionnaires qui réclament 1.349 000 Fmg qui apparaît comme une sorte de provocation et qui occulte les acquis du dialogue social entre patronat et syndicat. Ces derniers ont convenu d'un minimum de 230.000 Fmg mais jusqu'à présent l'Etat n'a même pas sorti le décret d'application.

Tribune 19/04/04 - Recueillis par RAW