Manandafy Rakotonirina :

«La loi sur la concurrence est indispensable !»

b Homme politique bien connu, président national du parti MFM, conseiller spécial du président de la République, Manandafy Rakotonirina nous livre ses points de vue sur l'actuelle situation politico-économique et partant sur l'affaire du 10 août 1991 ainsi que sur la récente "affaire Galana"...

Réputé pour être pertinent en matière d'analyse et lucide quant à sa perception politique mais aussi économique, le conseiller spécial du président de la République, Manandafy Rakotonirina, président national du MFM, a été interpellé ces derniers temps, aussi bien par beaucoup de militants de base du parti que par le journaliste pour plusieurs raisons. De prime abord, Manandafy Rakotonirina a laissé entendre que les temps ont changé et qu'il faut davantage regarder de l'avant et non plus s'attarder sur le 10 août. Cela, a-t-il fait comprendre, sans pour autant en faire fi, car c'étaient des expériences douloureuses et que la suite des événements est très instructive quant à la manière de voir, de concevoir les choses et de conduire les initiatives.

Interrogé sur l'actualité économique et financière, notamment sur l'affaire plus ou moins brûlante des 24.000 t de fuel-oil de la société Galana, et ce qui pourrait en découler sur le climat des affaires à Madagascar, Manandafy Rakotonirina déclare que "cette affaire traduit dans le concret la nécessité d'une règlementation claire et nette sur la concurrence. Il est plus que jamais temps impérieux et indispensable que l'on adopte et qu'on applique une loi sur la concurrence. En tout cas, cette affaire a mis en lumière les intérêts trop souvent divergents des uns et des autres. Les intérêts que défend l'Etat rejoignent-ils ceux du public, du peuple ou ceux des cadres de l'Etat ou d'un groupe ? Quels sont réellement les intérêts et les priorités de l'Etat et que ses représentants doivent en priorité tenir compte ? Quels sont les intérêts des opérateurs et des investisseurs ? N'y-a-t-il pas confusion quelque part ? C'est tout cela que les représentants du peuple, en l'occurrence et en premier, les députés doivent d'abord décaper comme on dit dans les travaux de terrain d'archéologie - car il faut admettre que la carence en matière de loi sur la concurrence a entretenu depuis des dizaines d'années la confusion ou la fusion de ces intérêts des uns et des autres. La libéralisation que l'on veut instaurer exige cette distinction pour qu'il y ait une grande lisibilité dans la gouvernance ; tant dans les rôles et fonctions de la justice que dans ceux de la police économique et autres intervenants. L'usage abusif des prérogatives de puissance publique depuis la nationalisation demeure encore dans les habitudes. C'est, quelque part, la motivation de cette course à la Fonction publique. Mais c'est également la source des freins et des bâtons dans les roues que les nouvelles initiatives prises par l'Etat rencontrent souvent".

En tout cas, la loi sur la concurrence n'est pas la seule qui soit de rigueur, mais c'est le plus urgent, si on devait cheminer avec le monde et les pays de la région dans la libéralisation des activités économiques et financières. Sa confection et son adoption puis son respect contribueront très rapidement à la mise en confiance des investisseurs potentiels et assainiront l'atmosphère des affaires dans le pays. On doit reconnaître que l'inexistence de cette loi réglementant la concurrence entretient autant que l'inexistence d'une loi sur les partis, la corruption.

Recueillis par RAW

Madagascar Tribune .: 11/08/04 -