Manandafy Rakotonirina: « Tout dépend des parlementaires »

Conscient du climat malsain qui règne actuellement dans le monde politique malgache, Manandafy Rakotonirina fait remarquer que l’heure n’est pas à la surenchère et à la nécessité ou non d’un dialogue national. «  Le vrai débat qui nous interpelle, est actuellement de savoir si nous réussissons à saisir les opportunités données par la communauté internationale pour la normalisation de notre vie politique. Même les Nations Unies s’intéressent de plus en plus à notre pays ».

 
Il énonce ainsi certains engagements des bailleurs de fonds : « La Norvège finance des actions de la lutte contre la corruption et la législation des partis, l’Union européenne appuie l’informatisation des listes électorales et l’instauration d’une commission électorale indépendante, la Suisse soutient la formation des responsables électoraux, sans citer les aides de la Banque mondiale et du FMI ». « Jamais le pays n’a connu une telle disposition de la communauté internationale en vue d’appuyer Madagascar vers une société moderne », évoque-t-il.
 
Les conditions pour une émergence démocratique à Madagascar étant réunies, Manandafy s’interroge pourquoi on n’aurait pas un sursaut démocratique. L’important est, pour lui, de lever un défi majeur : mettre en place des mécanismes démocratiques pour une société moderne.
 
Manandafy, ancien défenseur du prolétariat, devenu libéral en ce troisième millénaire, demande aux parlementaires de respecter les pratiques républicaines et de ne pas appeler les gens à descendre dans la rue : « Comme le gouvernement Jacques Sylla traîne des pieds, en refusant d’initier des projets de loi sur les problèmes cruciaux du pays,  j’en appelle à la responsabilisation des parlementaires ». Respectant les institutions existantes, il précise : «Je pense aux députés TIM et sénateurs AREMA. Prenez vos responsabilités ! Présentez des propositions de lois sur différents sujets comme la normalisation de la vie politique - comme l’amnistie, la Haute Cour de la Justice, le code électoral et le financement des partis - au lieu de s’entredéchirer. La balle est dans votre camp ! Il n’y a plus rien à attendre de Jacques Sylla, et Marc Ravalomanana a d’autres chats à fouetter ».
 
« L’avenir économique et le développement rapide ainsi que l’apaisement politique dépendent de la mobilisation de nos parlementaires. S’ils réussissent, ils laisseront un héritage historique aux générations   futures. Ce n’est ni Marc Ravalomanana, ni encore l’amiral Ratsiraka qui vont réussir à régler les problèmes de fond actuels», affirme notre interlocuteur. Est-ce à dire que Manandafy Rakotonirina, se démarque de Marc Ravalomanana ? Réponse : « Je demeure conseiller spécial de Ravalomanana. Je le conseille selon mes idées et ma vision ». A la question de savoir si le président est mal conseillé, il objecte : « C’est lui le président. Il décide de prendre en compte ou non mes conseils... Même si la transparence est de rigueur dans le pays, je ne révèlerai jamais à la presse ce que je dis au président ».
 
En écartant ainsi MM. Ravalomanana et Ratsiraka dans la quête d’un apaisement politique, au profit des parlementaires, l’idée du président du MFM mérite réflexion. La conjoncture politique malgache du moment n’est pas, en effet, loin de la situation en Côte d’Ivoire de novembre 2005, quant, à la fin de son mandat, le président Gbagbo n’avait pas réussi à calmer la tension politique ivoirienne sans une pression du Conseil de sécurité de l’ONU.
 
Interrogé sur son ambition présidentielle et les gesticulations de son poulain Pety Rakotoniaina, Manandafy Rakotonirina nous rétorque que ce n’est pas d’actualité : « Le MFM est un parti organisé, et la décision de soutenir un candidat se discute dans un Vovonana (congrès national). C’était prévu ce mois-ci, mais c’est reporté sine die. Rien ne presse ».

Recueillis par James R.

 GDI13-07-2006