MANANDAFY RAKOTONIRINA
Bientôt limogé ?
Désavoué officiellement par un communiqué de la
Présidence de la République, Manandafy Rakotonirina sera-t-il écarté de son
poste de conseiller spécial de Marc Ravalomanana ? La semaine dernière, en
effet, il avait annoncé dans un quotidien : « Pas de déblocage de fonds sans
amnistie ». Le lendemain, un message signé de la Présidence de la République
indique qu’il n’y a « aucune corrélation entre le déblocage des fonds et
l’amnistie ». Le communiqué s’achève sur un ton qui n’admet pas de
réplique: « Toute allégation contraire est fausse et mensongère ». Le
Palais d’Ambohitsorohitra s’était empressé de démentir, car, de la part d’un
homme du sérail, l’affirmation avait une portée plus incisive sur l’opinion
que si elle émanait d’un vulgaire opposant. Il est vrai que ces propos
étaient de nature à amplifier le désarroi du public, et surtout la
désaffection à l’endroit d’un régime qui multiplie les incohérences.
Un autre membre de l’entourage présidentiel, ainsi contredit publiquement,
aurait été congédié sur le champ. Mais Manandafy Rakotonirina n’est pas
forcément promis à un tel sort, en raison notamment de ses états de service
dans le combat en faveur de Marc Ravalomanana. Il compte, en fait, parmi les
premiers chefs de parti qui ont soutenu l’actuel chef de l’Etat, bien avant
l’ouverture de la campagne de l’élection présidentielle de décembre 2001.
Lors des négociations de Dakar II en juin 2002, Marc Ravalomanana s’étant
fait discret, c’est Manandafy Rakotonirina qui fut le virtuel chef de la
délégation et l’interlocuteur d’Abdoulaye Wade qui est d’ailleurs son
ami. La presse internationale se référa à lui et ses propos suivants furent
répercutés aux quatre coins de la planète : « Nous ne sommes pas venus à
Dakar pour trouver un accord avec Didier Ratsiraka. Nous n’avons rien à
négocier avec lui, car pour nous, il n’est qu’un citoyen ordinaire… ». L’intransigeance
du chef du MFM avait dopé et galvanisé le camp Ravalomanana qui avait connu de
réels moments d’abattement lors du long et impitoyable bras de fer.
Auparavant, Manandafy Rakotonirina, pendu au téléphone, fut le conseiller et l’inspirateur
du MFM, Pety Rakotoniaina lors de l’épisode héroïque qui a abouti à la
prise du palais du gouverneur à Fianarantsoa, prélude au triomphe final du
camp Ravalomanana. Il n’est pas sûr donc que Marc Ravalomanana veuille se
séparer d’un conseiller qui a servi fidèlement et efficacement sa cause. On
rappellera d’ailleurs le bref commentaire de l’amiral Didier Ratsiraka en
1978, quand il avait installé Manandafy Rakotonirina au poste doré de
conseiller suprême de la Révolution : « Je préfère l’avoir avec moi que
contre moi ».
Mais cela, c’était du temps où le chef du MFM était l’agitateur gauchiste
et prolétarien dont les activités déstabilisaient. Actuellement, l’homme
est de sensibilité libérale et ses convictions coïncident avec celles du
régime. Quand il a lancé sa phrase assassine de la semaine dernière, Marc
Ravalomanana n’a pas vu… rouge.
Adelson RAZAFY
Gdi
16/02/2004