Martial Rakamisilahy - "Revaloriser l’image rurale de la ville"

Alexis a servi beaucoup de clients avec son pousse-pousse.

• Quelles sont les priorités de la ville de Manakara ?
La commune se concentre cette année sur la propriété foncière et l’adduction d’eau potable. Beaucoup de terres communales n’ont pas encore été cadastrées à Manakara et des gens profitent de la situation. Manakara se trouve alors démunie de terres et doit acheter à son tour, c’est pourquoi on doit régler ce problème foncier.

• Qu’en est-il de la réhabilitation de la commune après le passage du tsunami ?
Beaucoup d’habitants ont vu leurs meubles emportés par la mer et leurs cultures ravagées. La commune est sur le point de tout réhabiliter et de trouver des solutions pour remettre en ordre les cultures vivrières de ces gens ruinés par le tsunami. Les maladies sévissent aussi car la diarrhée et les maux oculaires ont frappé la plupart de la population après ce raz de marée.

• Où en est la commune de Manakara dans l’application de son plan communal de développement ?
Manakara se répartit en une petite partie urbaine et en une grande partie à caractère rural. Les efforts seront basés sur la revalorisation des sections à vocation agricole. Pour le secteur industriel, Manakara a connu beaucoup d’entreprises qui ont périclité et même qui sont tombées en faillite. A cause de la mévente des produits comme le café, les opérateurs sont réticents à installer leurs usines à Manakara, ce qui explique l’augmentation des chômeurs. Un changement de mentalité s’impose alors et la commune doit s’y mettre.

• En attendant de nouvelles réouvertures et implantions d’usines, quelles démarches la commune envisage-t-elle pour assurer son développement ?
A part les efforts déjà mentionnés plus haut et que la mairie va déployer, il est dans les perspectives du gouvernement de considérer Manakara comme une commune rurale et non plus urbaine. A cet effet, elle doit bénéficier d’un quota d’engrais car la commune dispose d’espaces pour différentes cultures et l’élevage.

• De quoi vivent les habitants de Manakara en général ?
Outre le travail dans les usines qui ont fermé et qui ont laissé beaucoup de chômeurs, les habitants de Manakara pratiquent beaucoup la pêche. Nous avons les langoustes et les poissons. Quant aux femmes, beaucoup vont dans les régions rurales pour y faire la collecte de produits que l’on peut vendre. :

Fanja Saholiarisoa

La débrouille au quotidien - Manakara fait honneur aux petits métiers

Les pousse-pousse sont fabriqués à Manakara, pour la joie de la ville.

Tous les chemins mènent à Rome. Les habitants de Manakara usent de leur imagination pour mener à bien leur vie. A cause du chômage, la vie de la population est basée sur le gagne-pain informel peu rémunérant.
Le maire de la ville, Martial Rakamisilahy confirme que si Manakara compte jusqu’à 90 000 habitants, la plupart exercent dans le secteur primaire.
Les activités de commerce y sont abondantes. La communauté chinoise domine la place tandis que les Antemoro, ethnie majoritaire, sont essentiellement des pêcheurs.
La ville de Manakara compte plus de 600 pousse-pousse. C’est l’unique moyen de locomotion public du fait qu’il n’y existe ni taxi ni bus.
C’est un des avantages des tireurs de pousse-pousse locaux dont le nombre ne cesse d’augmenter. Alexis, 33 ans, exerce le métier depuis cinq ans. Tous les jours, il fait le tour du centre-ville et va même jusqu’à l’aéroport à 13 km de la ville.
"Je peux gagner jusqu’à Ar 40 000 par jour quand les clients s’abondent car les courses varient de Ar 300 à 2000 à Manakara.
Alexis loue son pousse-pousse à 800 ariary la journée qui débute de 6 heures et se termine à 18 heures. Il nourrit sa famille d’un seul enfant avec le métier de tireur de pousse-pousse en dernière chance. "Je n’ai guère le choix, c’est pourquoi j’exerce ce métier très éreintant."
Quand les touristes arrivent en grand nombre, les tireurs de pousse-pousse sont heureux et oublient la galère d’un métier qu’ils qualifient de "travail de bœuf" quand ils ne reçoivent que Ar 3000 la journée.
Mais le monopole de ces tireurs de pousse-pousse prendra bientôt fin avec la venue d’autres concurrents. La mairie de Manakara va sensibiliser l’introduction d’autres moyens de transport urbain comme le bus et le taxi. Le maire explique que ces tireurs de pousse-pousse exagèrent parce qu’ils n’ont pas de concurrence dans leur métier. :

Fanja Saholiarisoa