NOUVELLE CONSTITUTION PROPOSEE PAR LE MFM

TABLE RASE DU REGIME SOCIALISTE!

Quatre jours après l'échéance du 30 septembre, le MFM a réuni une nouvelle fois fois la presse. Non pas pour lui dire ce qu’il a proposé au Président de la République sur l'avenir du Front (ce terme est d’ailleurs banni du vocabulaire de ce parti). Mais pour lui présenter un projet de Constitution qui pourrait remplacer celle de la RDM actuellement en vigueur. Cette conférence de presse s’est déroutée hier après-midi, à l’Hotel Madagascar-Hilton, dans une atmosphère très détendue. Et le Secrètaire Général du MFM, Manandafy Rakotonirina, avait à ses côtés, entre autres membres du Bureau Politique, Germian Rakotonirainy, Me Francisque Ravony, Frank Ramarosaona et Constant Raveloson.

Restant fidèle aux idées qu'il a défendues depuis les présidentielles du 12 mars, le MFM a réaffirmé, lors de la conférence de presse d'hier, ses positions concernant l'abolition du Front et la refonte de la Constitution. L'esprit du GVTD (Gouvernement Provisoire de Transition vers le Démocratie) est toujours là. Et Manandafy Rakotonirina d'indiquer que: "La transition douce et démocratique est possible. C'est ce que nous proposons".

Rappelons que dans les propositions qu'il a envoyées le 27 septembre dernier au Président de la République en réponse aux questions relatives à l'avenir du Front, le MFM n'a fait en réalité que suggérer des modifications à apporter à certains articles de la Constitution concernant directement le Front. Non sans avoir signalé au Président de la République dans une autre lettre en date du 2 octobre que ces modifications " amèneraient à des incohérences impardonnables si on les insérait telles quelles dans l’actuelle Constitution". D’où l’envoi au Président du projet de Constitution conçu par le MFM. Projet qui a été mis à la disposition de la presse hier.

Plus courte (89 articles, au lieu de 118) et franchement libérale par rapport à la Constitution de 1975, celle proposée par le MFM fait table rase des principes socialistes et proclame dans son préambule l’attachement du peuple malgache à la Déclaration Universelle des Droits de I ‘Homme de 1948. Elle affirme également que la dignité du peuple malgache "passe par la réussite de son développement économique et social, dont les conditions essentielles sont le respect de I ‘individu et la libération de l’initiative économique ainsi que la modernisation de ses institutions politiques". Ainsi au lieu de "construire un Etat de type nouveau, expression des intérêts des masses laborieuses, et d’édifier une société conforme aux principes socialistes énoncés dans la Charte de h Révolution Socialiste Malagasy (cf. Préambule de la Constitution de 1975), l’objectif visé dans la Constitution proposée par le MFM est de promouvoir sur le territoire I ‘Etat de droit, la démocratie politique, la transparence dans l’exercice des fonctions publiques et le respect des Droits de I Homme, en vue d’un accroissement rapide du bien-être général ".

Plus de place donc au CSR et au Front. Mais, une nette séparation de pouvoir entre l’exécutif et le législatif (art. 3), "le Gouvernement et i ‘Assemblée Nationale législative assumant chacun pour S3 part et sous sa responsabilité la plénitude de leurs attributions". Et un pouvoir judiciaire qui se charge d ‘assurer "I ‘indépendance de la Justice vis-à-vis du pouvoir législatif et du pouvoir exécutif " Ré—institution du Sénat qui "peut en certaines occasions se réunir conjointement avec l’Assemblée Nationale Législative et former le Congrès de Madagascar. incarnation suprême de la volonté politique et de la souveraineté nationale (art. 6). En bref, la République de Madagascar, tel qu’il est présenté par le MFM, se constitue on un Etat dont les institutions sont:

1) le Congrès de Madagascar,

2) Le Président de la Republique,

3) le Gouvernement,

4) la Cour Suprême (art. 25).

"L'ajustement politique et institutionnel est en retard par rapport à l'ajustement économique et socials", a fait remarquer Manandafy Rakotonirina, lors de la conférence de presse d’hier. Avant d'ajouter que nous proposons cette nouvelle constitution au Président de la République et à toutes les forces vives de la Nation, afin qu'elle soit ultérieurement approuvée par référendum. Si tel n'est pas le cas, nous la réserverons comme programme d'altérnance".

                                MIDI MADAGASCAR 05/10/89