«Mivarotra tanindrazana»

Débat dépassé ?

      L'on se rappelle que les mots "sacrilège, trahison et "mivarotra tanindrazana" (vendre la patrie) ont été lâchés dans le microcosme politique après l'adoption en août 2003 la loi autorisant les investisseurs étrangers à être propriétaires terriens. Depuis la nuit des temps, l'accès des étrangers à la propriété foncière est interdit. Dans la culture, cette tradition n'a pas à être discutée, contestée au risque de subir contre tollé et anathèmes général. Le "tanindrazana" ou la terre des ancêtres recèle à Madagascar une dimension symbolique sacrée.

    Pour une petite histoire, le roi Radama-II fut étranglé, le 12 mai 1863 à la nuit tombée, dans un couloir de son palais à Antananarivo, avec un foulard de soie, pour avoir- dit-on - oublié cette règle. Par ailleurs depuis l'indépendance en 1960, aucun chef d'Etat malgache ne s'est risqué à abroger cette tradition, pas même le père de la "Révolution Socialiste Malagasy".

    Toujours à titre du devoir de mémoire, le parti MFM section Antananarivo qui, farouche militants pour l'avènement du régime Ravalomanana, avait eu une réunion au Falda Antanimena dans le courant du mois d'août 2003 s'est engagé à l'époque à convaincre la population malgache du bien-fondé de la cession de terrain aux étrangers. "Les malgaches ont toujours su s'adapter quand le besoin s'en faisait sentir. A l'entrée du christianisme à Madagascar, par exemple, les malgaches ont brûlé les idoles, une chose inimaginable à cette époque. A notre avis, on veut refaire le coup du "ramanenjana" cette maladie qui atteignait de nombreuses personnes par qui étaient censées s'exprimer la voix des ancêtres, mécontentes de la décision prise par le roi du temps concernant l'ouverture aux étrangers" avait soutenu Randriamahaleo William, responsable de la communication de la branche MFM-Antananarivo ce, pour contrecarrer les détracteurs du projet présidentiel. Face à l'évolution de la conjoncture politique actuelle, reste à savoir si les défenseurs inconditionnels de la cause Ravalomanana d'antan seraient encore capables de reformuler les même convictions dont ils partageaient à l'époque. En tout cas, la timidité des promoteurs transnationaux à adhérer à l'appel pour l'acquisition de terrain à Madagascar ne font qu'estomper le débat autour du "mivarotra tanindrazana", surpassé par d'autres préoccupations du jour.

Adrien R 

Madagascar Tribune 27/04/05 -