Olivier Rakotovazaha

Pour une justice indépendante

      Interrogé par rapport aux tournures des événements de ces derniers mois, l'ancien ministre Olivier Rakotovazaha réagit en tant que cadre et responsable du parti libéral qui roule pour le développement de Madagascar (Mfm). Il est clair, déclare-t-il que si l'on veut instaurer le libéralisme, il faut aussi admettre et observer la démocratie. C'est la condition sine qua non de l'épanouissement de la liberté exprimée à juste titre par l'individu libre qui figure au centre du fanion du Mfm. Démocratie signifie séparation des pouvoirs et donc une justice indépendante. Ce sont là les principes mais il faut tenir compte des spécificités de chaque pays.


    En matière de Justice et notamment le problème des magistrats et de l'Etat, Olivier Rakotovazaha admet qu'"il nous faut considérer l'héritage historique en matière de savoirs. Sans aucun préjugé à l'endroit de nos magistrats, il faut reconnaître le poids de l'histoire dans les structures et les composantes de la Justice. Ce qui fait qu'elle souffre de nombre d'appréhensions et d'idées préconçues dont celle du monopole présumé de certaines familles ou de certaines régions. Il nous faut un génie qui sache allier ce présumé monopole et la démocratie dans le respect strict de la liberté", indique le secrétaire administratif du Mfm.


    En tout cas, poursuit notre interlocuteur, il nous faut une justice réellement indépendante et les législateurs doivent trouver la formule pour ce faire. Si les députés n'ont pas avalisé ni trouvé la bonne formule pour aussi bien maîtriser les hommes qui disent et lisent la loi, que respecter la séparation des pouvoirs, la liberté et observer la démocratie ; il est du devoir du gouvernement qui a l'initiative des lois de concevoir et de créer cette formule. Or, le gouvernement jusqu'à présent n'a pas réussi à le faire : dès lors il est incompétent. Olivier Rakotovazaha dénonce en fait la politique de l'autruche constaté actuellement et il déplore que ce sont les justiciables et les contribuables qui en subissent le plus les conséquences directes. "Sans parler des conséquences indirectes" précise-t-il, "car c'est cette Justice qui n'est pas convaincante aux yeux des bailleurs de fonds - dont la Banque mondiale - qui ne rassure pas, qui ferait donc que les investisseurs ne viennent pas", ajoute-t-il.


    Olivier Rakotovazaha n'est pas tendre envers le gouvernement qui, à son avis, n'a pas manifesté malgré lui, assez de volonté de négociation au fond. "Une conférence sur la Justice qui réunirait les parties prenantes ferait l'affaire de tous si chacune des parties y mettaient sincèrement du sien", déclare-t-il. Il en est de même en matière d'Enseignement supérieur. Bref, la crise actuelle est plutôt l'expression de l'incompétence du pouvoir si l'on en croit à Olivier Rakotovazaha si ce n'est l'incapacité politique. "Ce qui est drôle", remarque-t-il, "c'est qu'il est en train de faire de Pierrot Rajaonarivelo le "messie", le "Monsieur propre", l'homme en qui on peut compter aux yeux des électeurs et des citoyens".

Recueillis par RAW

Madagascar tribune 25/03/05