On comprend que le président soit très en colère !

Comment la pieuse et dévote Fianarantsoa a-t-elle pu voter pour "Pety" ? Ne risque-t-elle pas de s’en repentir pendant toute la durée du mandat d’une personnalité qui n’est jamais apparue comme un enfant de Marie? C’est, peut-être, un accident comme les urnes en ont parfois le secret, alors qu’à Toamasina, par exemple, la logique de la martyrisation de Roland Ratsiraka a pleinement joué en sa faveur. En votant pour MM. Rakotoniaina et Ratsiraka sans doute a-t-on surtout voté, en réalité, contre le pouvoir.

Dans l’ensemble, on relève que cette élection en deux temps marque bel et bien la fin de l‘état de grâce politique du président Marc Ravalomanana auprès de son "fan club". Il est tout particulièrement spectaculaire de voir Antananarivo bouder à ce point les urnes, moins de 20% de participation dans certains quartiers pauvres et populeux, vote sanction ou d’avertissement pour une politique qui n’a pas encore apporté ses bienfaits aux couches sociales les plus défavorisées, qui n’ont sans doute rien à attendre d’un "by-pass", par exemple.
De même que l’ensemble de ses prédécesseurs, le chef de l’Etat peut méditer sur l’ingratitude du peuple, peut-être ici plus qu’ailleurs, son caractère inconstant, inconséquent, superficiel, volage et fantasque, pour en tirer, bien sûr, les conclusions qui s’imposent. Le malheur, c’est que ces conséquences ne sont généralement pas engageantes pour le pays, si jamais il advenait, comme on a déjà connu, que le président de la République, par réaction désabusée et dépit, se mure dans une tour d’ivoire ?

Mais comme ce n’est pas le genre à abdiquer devant le premier coup de semonce politique, il en tirera, au contraire, les leçons qui s’imposent, à savoir que ses conseillers politiques, officieux comme officiels, ne sont pas compétents et à qu’il est temps de former un gouvernement plus performant, en particulier dans les départements sociaux, en prise directe par l’administration avec la population, puisque sur le plan économique au moins les convictions existent et sont bien défendues.

Par exemple, avant de suspendre Roland Ratsiraka à quelques mois du scrutin, on aurait pu se souvenir du bonus politique et électoral dont a bénéficié Marc Ravalomanana à cause du harcèlement dont il était l’objet par l’administration de l’époque juste avant les présidentielles...

Et puis, de partout, remontent des défaillances flagrantes dans l’organisation de ces élections territoriales, défaillances relevant comme à Mahajanga, par exemple, directement de l’administration territoriale. Autrement dit, des arguments ont été bêtement livrés sur un plateau à l’opposition pour alimenter son discours souvent inconsistant contre le pouvoir.

A l’inverse, on note quand même une liberté de vote plus grande, en particulier dans les circonscriptions urbaines, là où le candidat d’opposition a été élu en dépit des moyens électoraux, licites ou pas, mis en oeuvre par le parti au pouvoir, fortement soutenu par l’appareil administratif, pour éviter toute défaite à retentissement forcément national. C’est raté ! La preuve est également faite que la population apprend à voter puisque dans les localités où l’opposition passe, le taux de participation est parfois le double de celui où le candidat du pouvoir est élu.

On comprend parfaitement, comme le rapporte quelques indiscrétions, que le Président soit très en colère. :

 

express 25/11/03