«Il n'y a pas de marché efficient» / Gérard Rabevohitra

Ancien Ministre de budget sous le gouvernement transition de Guy Willy Razanamasy en 1991-1993, Gérard Rabevohitra était mercredi dernier l'invité du magazine "Fagnotsafa" produit par la TVM. Dans cette émission réalisée par Matavimanana Georgine, cet expert comptable a crevé la brèche sur les points focaux marquant l'économie nationale. D'emblée, ce membre influent du parti MFM a réitéré que la détaxation est à l'origine de la dévaluation de la monnaie nationale qui conduit à l'effritement du pouvoir d'achat de la population. "Si on voulait vraiment aider les opérateurs économiques, il faudrait qu'on priorise le système de financement à long terme au lieu de se verser dans la voie de détaxation", a-t-il indiqué.

    Concernant la hausse quasi-permanente du prix du riz, Gérard Rabevohitra l'a dénoncé comme étant le fruit d'une concurrence déloyale qui règne encore en maître mot dans le milieu des affaires. Pour étayer sa thèse, l'invité de Matavimanana a pointé du doit une grande société qui, selon sa perception, bouleverse le marché du riz à Madagascar. Durant la dernière saison des récoltes, cette société a collecté les paddy à 2500 le kg contre les 2000 Fmg pratiqués par les autres collecteurs habituels. "Et comme les autres collecteurs ont été dissuadés par les 2500 Fmg proposés par ce grand groupe commercial, ce dernier a raflé la grande partie des dernières récoltes et il est actuellement en possession de la majeure partie du stock du riz à couler sur le marché. De ce constat, je tiens à vous dire qu'il n'y a pas de marché efficient réel à Madagascar", s'est indigné ce technocrate sur le petit écran.


    A son avis, ce groupe commercial a profité de l'inexistence de la loi sur la concurrence afin de s'enrichir outrageusement. Et lui de continuer que ce système de monopole informel explique les hésitations des investisseurs potentiels à venir à Madagascar. "Jusqu'ici, il n'existe que des investisseurs évoluant dans le secteur tertiaire et ce, malgré l'effort du régime à décréter la cession de terrain à l'étranger et l'assouplissement de la loi sur la nationalité".

Parallèlement, on assiste à une certaine mise à l'écart des opérateurs nationaux qui, semble-t-il, se rétractent devant la concurrence déloyale. Selon toujours cet expert financier, il faut qu'on entre dans le système de globalisation de l'échange assortie de l'adhésion aux valeurs de la démocratie et de l'économie saine qui tient compte de la loi sur la concurrence.

Madagascar Tribune 14/01/05 - Adrien R.