PETY
RAKOTONIAINA ET KMMR
« RAVALOMANANA - RATSIRAKA: MAIN DANS LA MAIN ? »
Encore
dans la capitale, Pety Rakotoniaina continue d'analyser le cours de la vie
nationale. Après avoir dirigé, aux côtés de ses pairs au sein du KMMR, la
conférence de presse de vendredi dernier à l'Astauria Antanimena, cet
"enfant terrible" du régime actuel continue de mener son combat :
"se constituer en balises contre les dérapages actuellement perpétrés
par certains tenants du pouvoir". Cette fois-ci, il évoque des faits
troublants inhérents aux dernières nominations aux hauts emplois de l'Etat.
Interview.
-
Madagascar Tribune : Les manifestations de rue que vous avez récemment
menées sont assimilées à des actes de déstabilisation du régime en place
que vous avez déclaré pourtant, vouloir défendre à tout prix....
- Pety
Rakotoniaina : Ecoutez ! Le KMMR n'est point l'Arema qui, en dépit
des illégalités et autres abus perpétrés, continue à idolâtrer et
ovationner l'amiral Ratsiraka. C'est un comportement politique irresponsable.
Pour nous, seule la concrétisation des promesses données lors de la lutte
populaire prime. Le reste n'est que détail. Il est de notre responsabilité de
manifester nos avis et visions quant au cours de la vie nationale; et critiquer
ne veut toujours pas dire déstabiliser. Qu'on se le dise !
Voyez un peu ces récentes
nominations aux hauts emplois de l'Etat. Honoré Rakotomanana vient d'être nommé
censeur de la Banque centrale. Est-ce à dire que les rangs des partenaires du régime
en place sont dépourvus de personnalités capables et compétentes à même de
pouvoir assurer régulièrement de telle fonction? De même, Emile Tsirazaina a
été également nommé administrateur de cette banque alors qu'il a défrayé
la chronique quand, ayant démarré la campagne électorale des présidentielles
dans sa région d'origine à Fenoarivo Est aux côtés de l'amiral Ratsiraka, il
a déclaré haut et fort ne vouloir point voir les produits Tiko étaler sur le
marché local. Une haine viscérale qu'il a manifestée publiquement contre la
personne du chef de l'Etat. Le secrétaire général d'Ange Andrianarisoa a été
reconduit à ce même poste de Tsimbazaza par Jean Lahiniriko. Et j'en passe...
Nous avons été démis
brutalement et sans le moindre doigté de nos postes pour que l'on y mette des
militaires. Les crissements de bottes ébruitent actuellement la haute sphère
de l'Etat. Le régime a pris, presqu'en cachette, des décisions pouvant générer
des conséquences désastreuses et il ne les a publiées qu'une fois le président
de la République parti en mission à l'étranger.
A Toliara, le gouvernement a
fait tonner des grenades lacrymogènes et crépiter les kalach contre des gens
qui ont tout simplement voulu exprimer leurs opinions sur le cours de la vie
nationale. Et il est en train de décréter zones rouges tous les recoins des
villes. Toutes ces pratiques ont été perpétrées par Ratsiraka et sa clique
et voilà qu'elles refont surface. C'est à croire que Ravalomanana et Ratsiraka
marcheraient actuellement la main dans la main. D'ailleurs, le premier n'a
jamais manifesté en public sa ferme volonté de sanctionner le second qui, quoi
qu'on dise, reste l'unique et premier bourreau du peuple...
- M.T :
Mais vos descentes de rue favorisent quand même la cause du CRN
et des autres opposants...
- P.R :
Nous n'avons rien à voir ni avec le CRN ni avec l'Arema ni avec
d'autres groupes qui ne visent qu'à mettre davantage de l'huile sur le feu qui
couve. Nous voulons tout simplement faire valoir au peuple tout entier que les
pratiques actuelles du gouvernement dévient dangereusement de la ligne établie
lors des mouvements populaires. Voyez cette utilisation des forces contre la
liberté d'opinions et d'expressions. Notre démocratie est en danger. En tout
cas, une telle utilisation des forces prouve inéluctablement que les choses ne
marchent guère. D'ailleurs, le peuple n'est point dupe pour suivre nos
mouvements s'il reste convaincu que tout marche à merveille dans ce pays.
Ce gouvernement n'admet la
parole qu'à ceux qui lui lancent des fleurs. Pour Mahazoarivo, le CRN et l'Arema
n'ont guère droit à manifester leurs points de vue mais pour le KMMR, chacun
est libre de manifester ses opinions et il appartient au peuple et aux
gouvernants d'y discerner le bon grain de l'ivraie. J'appelle solennellement ici
toutes les forces politiques du pays à unir leurs voix pour dénoncer ce danger
qui mine la démocratie. Et le Président Marc Ravalomanana devrait donner ses
avis sur ce point et sur l'utilisation des forces militaires contre les
populations. Vous savez qu'en provinces, les journalistes ne peuvent ou n'osent
pas critiquer les pratiques défaillantes du régime en place. C'est ce qui a
amené le KMMR à y diligenter des missions dans le dessein d'informer les
populations des régions du cours réel des affaires nationales.
Qu'il soit clair que, quand les
choses ne marchent pas, le KMMR doit baliser à sa manière. Qu'on ne prenne pas
ainsi ses actes comme ceux de la déstabilisation. En tout cas, le KMMR décèle
que les vrais déstabilisateurs de la Nation sont à répertorier dans les rangs
des tenants du pouvoir actuel....
Recueillis par Rolly Mercia
tribune du 24/03/O3