Pour Pety Rakotoniaina, "le pouvoir responsable des dérives ethniques qui apparaissent"

 De passage dans la capitale pour demander l'accélération de la procédure de mise en concession de la ligne de chemin de fer FCE (Fianarantsoa-Côte Est), le maire de Fianarantsoa, Pety Rakotoniaina, qui n'a rien perdu de sa verve, s'exprime sur les actualités politiques et économiques qui ont marqué ces derniers jours, l'atteinte du point d'achèvement et la constitution du club des 17, entre autres. Interview.

 Les Nouvelles – Madagascar vient d'atteindre le point d'achèvement. Qu'est ce que vous en pensez?

Pety Rakotoniaina – Je voudrais d'abord féliciter l'Etat malgache et les dirigeants pour cela. Mais je tiens à préciser que le point d'achèvement n'est que la suite logique de ce qui a déjà été entamé sous l'ancien régime. C'est la continuité de l'Etat qui a permis l'atteinte de ce point. Nous avons obtenu le point de décision sous Tantely Andrianarivo en 2000. Depuis 1999, Tantely Andrianarivo a déjà réfléchi à l'annulation de nos dettes. Sans ce point de décision, le point d'achèvement n'aurait jamais été atteint. Maintenant, après le point d'achèvement, les gens attendent que l'argent coule à flot. Ils espèrent évidemment que la vie devienne moins difficile, que les prix baissent. On leur a prié d'être patient. On leur a promis tant de choses après ce fameux point … 

- Alors qu'il n'en est rien?

 - Je n'ai pas dit cela. Je dis que maintenant, les gens espèrent que l'argent va couler à flot parce que les dettes sont annulées, maintenant, est-ce que cela se passera vraiment ainsi, c'est au gouvernement de s'en expliquer. Il doit expliquer au peuple ce qu'il en est réellement. Mais je pense que les explications qui ont été fournies n'ont pas suffi.

- Sur un tout autre sujet, que pensez-vous du club des 17?

- Je suis contre tout ce qui est discrimination, surtout ethnique. Mais je pense qu'il y a quand même une certaine responsabilité du gouvernement dans ces dérives. Il existe des localités dont le pouvoir s'occupe très peu, alors que d'autres sont très marginalisées. C'est ce qui entraîne généralement des frustrations puis des dérives chez certaines personnes.

 - Vous avez dit que Fianarantsoa est souvent le dernier à bénéficier des aides du pouvoir. Croyez-vous que les habitants de votre ville puissent verser dans les dérives dont vous parlez?

- Fianarantsoa est la dernière ville dont le pouvoir s'occupe en matière d'infrastructures. Tenez, par exemple, pour la réhabilitation de la RN7, les travaux s'arrêtent juste à l'entrée de la ville que la route traverse. C'est à se demander pourquoi. Alors que dans la capitale, les anciennes routes sont réhabilitées, et de nouvelles routes sont ouvertes.

- Justement, avec les discriminations dont vous dites qu'ils sont victimes, pensez-vous que les Fianarois aillent aussi vers des dérives?

 - Dans tous les cas, il est clair que le gouvernement a des responsabilités dans l'existence des dérives ethniques ou tribales. Pour le cas de Fianarantsoa, je dis que la discrimination existe et que cette ville est l'une des plus mal loties. Pour dire que les habitants verseront dans des dérives, vous devez voir par vous-même, mais je peux dire que maintenant, ils souffrent réellement de cette situation et commencent à se poser des questions, surtout après ce qu'ils ont fait pour ce régime. C'était pratiquement la même chose que sous Didier Ratsiraka. Ce dernier, après que Fianarantsoa l'ait ramené au pouvoir, ne s'est plus du tout préoccupé de la province.

 Propos recueillis par Lova Rabary