PETY RAKOTONIAINA
LA RÉBELLION ?


  Profonde amertume chez le PDS Pety Rakotoniaina (Fianarantsoa), après son éviction de lundi et son remplacement par un officier de l'Armée. De tous les destitués, il est le seul qui a renâclé, réagissant même avec humeur contre la mesure. On comprendra sa peine car de tous, il est le seul qui a fait le coup de feu et qui a risqué sa vie (avec Jaosoa Jean-Pascal d'Antsiranana) pour ouvrir la voie du pouvoir à Marc Ravalomanana. Il est le seul aussi qui n'a pas de "situation" après ce limogeage et est pratiquement jeté à la rue.
  Elu à deux reprises député d'Ikalamavony, il aurait pu être plébiscité pour la troisième fois lors des récentes législatives. Il n'a cependant pas fait acte de candidature par respect pour ses fonctions de premier organisateur des élections dans sa province. Disgrâce douloureuse enfin car il a été remplacé par un officier, comme si le régime Ravalomanana a tranché en faveur de son rival, le général Sambiheviny Elson, dans le bras de fer qui a défrayé la chronique. C'est dire que Pety Rakotoniaina vit sa révocation comme un drame personnel. On craint dans ces conditions que ce leader fougueux ne réagisse comme une bête blessée, c'est-à-dire avec l'énergie du désespoir.
    
SANS CRIER GARE
  Le régime, en fait, n'est pas pour peu dans cette situation. Comme dans d'autres circonstances que nous avions déjà relevées, il agit sans délicatesse ni élégance. Pety Rakotoniaina, comme les autres évincés, a appris sa destitution par voie de presse. Par égards pour ses antécédents de militant pro-Ravalomanana pourtant, et surtout par respect pour l'homme, on aurait pu y mettre la forme. Mais se faisant carré, le régime a expulsé sans crier gare. Depuis le triomphe écrasant du TIM aux législatives d'ailleurs, il fait montre de plus de morgue et de vanité, se comportant avec hauteur et même mépris à l'endroit de ses alliés politiques. S'il ne corrige pas son attitude, le régime chassera l'un après l'autre ses partenaires et alliés. Curieux d'ailleurs que Marc Ravalomanana ait pris le large en abandonnant à ses subordonnés cette patate chaude, comme en son temps Didier Ratsiraka en avait l'habitude.
  En tout cas, on suit avec inquiétude le développement des événements à Fianarantsoa, où la destitution est commentée défavorablement. Ce jour, Pety Rakotoniaina rameute la population en sa résidence d'Andohanatady dans un but que l'on ignore encore. Apparemment, l'homme mobilise ses troupes et pourrait ériger les hauteurs d'Antohanatady en bastion afin de s'opposer à la mesure d'éviction. Comme en février-mars 2002, des officiers et des troupes se mettraient à ses côtés pour faire échec à l'installation du nouveau PDS. La ville est passablement chauffée à blanc par une grève des enseignants fonctionnaires (pour cause d'affectation) et par une hausse fulgurante des prix consécutive aux pluies. La situation y est déjà explosive et on craint que la mise à l'écart du PDS ne soit la goutte d'eau qui fait déborder le vase.
  Fianarantsoa revivra-t-il les tragiques événements de l'année dernière ? Si Pety Rakotoniaina se terre lui aussi sur les hauteurs d'Andohanatady, au milieu de ses troupes et avec un fusil à la main, ce qui est dans le camp du régime, c'est la… balle.

Adelson Razafy

 

Tribune de Mcar du 290103