Bonsoir,
J'allais risquer "Leader des ders" comme sujet de ce message sans titre de Philippe. Mais il vaut mieux ménager les susceptibilités. La transition est maintenant bien amorcée pour en arriver aux autres partis que le MFM et surtout le Leader (bienaimé ) de notre ami. A vos plumes donc, car il y a matière cette fois-ci encore.

Bonne lecture et à très bientôt,
    Mamy.

---- début de message ----
Salut à tous,
 En particulier à Mamy, Paul et Christian,
 
 Il est hasardeux effectivement de faire des analyses à partir des données issues des élections à Madagascar. Quand chez nous, les réels méritants seront élus pour obtenir soit une bourse d'études, un poste politique ou un marché public en appel d'offres, alors il sera temps de s'engager à des études fiabilisées. En attendant, tous les observateurs même les plus chevronnés sont obligés d'avancer des hypothèses qui sont à la merci de la première attaque venue.
 
 Ce qui ne veut pas dire qu'il est inutile de faire de l'analyse politique  ou que toute étude effectuée ou à faire soit d'emblée faussée. Disons qu'il faut toujours émettre des réserves et affiner les méthodologies d'approche des différents phénomènes complexes à souhait.
 
 A mon avis, l'étude de l'évolution d'un parti doit tenir compte de 4 paramètres : le chef, les cadres, la base et l'évolution du rapport du parti avec le pouvoir. L'accès au pouvoir peut apporter une sympathie fort intéressée d'une base ponctuellement renforcée ou son rejet (cas de Tana), le fait d'être écarté du pouvoir peut désintégrer un parti comme il peut renforcer la cohésion des membres, l'accès aux prérogatives de la puissance publique peut faciliter l'extension du mouvement comme il peut pourrir la mentalité des acteurs, - dilemme entre maintien du pouvoir et lapidation de l'intérêt public- .
 
 Avec l'indulgence des politologues, voici une caricature. Il s'agit de se représenter chaque entité politique à Madagascar comme un char plus ou moins grand avec quatre roues: la personnalité du chef, les cadres du parti, la base et une quatrième roue hors contrôle qui serait la position historique et ponctuelle du parti par rapport au pouvoir et à ses détenteurs réels. Ces roues sont indépendantes, n'ont pas la même importance et ne roulent pas forcément dans le même sens et avec la même cadence. Selon les partis, le volant qui s'appelle idéologie est en option. Quand il est utilisé, il n'est pas sur de fonctionner et d'agir sur les roues.
 
 L'idéal serait que le volant guide et les roues suivent. Une crevaison, un blocage de la quatrième roue ferait partie des aléas du parcours. 
 Or, prenez chaque parti et vous trouverez que le parcours est conditionné par le volant idéologique et le discours officiel (peut-être) mais surtout par la personnalité, l'influence et le charisme du chef qui peut avoir son discours personnalisé. Cette roue motrice principale est cependant tributaire des rôles des cadres plus ou moins engagés, plus ou moins visibles, ayant un discours et des intérêts plus ou moins identiques avec ceux du chef. Ce sont les deux roues avant.
 
 Derrière, on trouve la base qui s'attache à une certaine idée du parti et du rôle qui devrait être le sien. Cette roue peut s'éloigner petit à petit des 2 premières roues.  
 Qu'est ce que tout cela donne:
 
 - l'AREMA ne roule qu'avec Ratsiraka et dans son sens même si certains cadres veulent reformer. La base (regonflée) suit parce que le parti est au pouvoir.
 
 - Le RPSD s'oriente selon les intérêts de ses 2 chefs. La solution du problème des licences dans la pêcherie de Melaky a plus d'importance que la défection d'un cadre (Jaotody) pour influer la présence ou non dans la mouvance présidentielle. La base dans tout ça ?
 
 - Pour le Tranobe nouveau modèle, les cadres et les bases de plusieurs partis s'effacent pour avoir une roue motrice (chef) supposée anti-pluie  et plus résistante  à l'usure afin d'approcher ou accéder plus facilement au pouvoir. La question est: jusqu'à quand s'effaceront-ils ? Le fait de mettre le volant au centre évitera-t-il les dérapages ?
 
 - Ratsirahonana spécialiste des terrains glissants s'est octroyé une base mais sa conduite en zig-zag est surtout orientée par son rapport bien établi avec le pouvoir actuel.
 
 - Appliquer le même principe au MFM qui était le seul à avoir un volant mais à force de tenter les coups (de volant), les cadres, la base ne savent plus comment naviguer et même les pilotes ont mordu dans les nuages de poussière des N°1 gagnants.
 
 - Le Leader n'y échappe pas. C'est vrai qu'il y a similitude avec le MFM dans certains cas.
 1) Il faut  considérer la personnalité du big boss qui est le ciment. S'il a fait des choix que l'on jugera erronés a posteriori, sa façon de faire et son souci de respecter les normes a induit un certain respect pour ne pas dire un respect certain. Du à l'argent ? Vu de l'esprit de l'extérieur.
 Comme C.C, je me demande s'il a la liberté d'aller jusqu'au bout de ses
 idéaux. Pour l'instant, il compose.
 
 2) la base: la discipline du parti va au delà de l'argent supposé de Herizo (une idée répandue). Il existe surtout une certaine idée de la  politique et du sens de la responsabilité. Comme le MFM qui milite pour  une cause, la force du Leader - flambeau (plutôt que torche) se retrouve  dans une conviction qu'il faut agir autrement. Et malgré la déception  lors des rendez-vous électoraux, malgré l'insuffisance de moyens, la base répond présente. Ceci est une autre force. Ne pas oublier que la base est nationale et ne se limite pas aux arrondissements de la ville des milles.
 Je dis bien la base et non les électeurs. Car ceux-ci ne sont pas forcement mobilisés par le discours du Leader. (celui du MFM d'antan  avait le mérite d'être clair et engagé)
 
 3) le rapport avec le pouvoir est plutôt frein que moteur pour le Leader. C'est un avis perso. Au niveau de la base, l'adversaire est AREMA et les membres Leader sont persécutés pour cela. Au niveau de la haute sphère, la stratégie est à l'alliance. Jusqu'ici, la confiance au chef, la foi dans un avenir meilleur l'emportent et le changement de veste est ici moins fréquent qu'ailleurs mais une contradiction existe. L' idée d'une éthique en politique et la volonté d'instaurer un Etat de
 droit pour mieux gérer le développement de l'économie se marient mal en  effet avec une caution indirecte des actes perpétrés actuellement par le  régime en place.
 Le G4, l'éthique politique est plus une émanation de cette contradiction  qu'une stratégie concertée du grand écart.
 Ce qu'il faut savoir c'est que le Leader a joué la carte de la stabilité  politique en intégrant le gouvernement Rakotomavo. C'est toujours dans cette optique qu'il a continué avec le gouvernement Andrianarivo. Il  était passé inaperçu qu'entre-temps un Président National (Herizo) et un Secrétaire Général National (Manasse) ont quitté le pouvoir. La communication du message n'a pas été peut-être assez claire tout comme la raison de vouloir rester (symboliquement) dans le gouvernement : le départ du Leader fera tomber celui-ci et ouvrira un temps à l'instabilité  politique. Chez nous, comme ailleurs, on sait quand cela commence, on ne peut savoir quand et comment cela va se terminer.
 
 4) Les cadres sont tenaillés également par cette contradiction. Comme  partout, malgré le sens de la discipline pour le parti, les visions peuvent différer. L'agissement des députés dans des structures externes (G4, APDS () en est la manifestation. Par ailleurs, les cadres issus du milieu des affaires et du privé sont confrontés à un dilemme : radicaliser le militantisme en risquant la défense de leurs intérêts vues  la politisation de l'économie et la mainmise de certains sur tous les  circuits?
 
 Que le Leader soit la première force politique ou pas, là n'est pas la  question. Il a suivi un parcours normal à défaut d'être brillant, il a le mérite d'avoir des assises nationales sans être N°1 et sans le consentement de l'AREMA, et sa notoriété est maintenant établie même dans les zones reculées. Ce qui est sûr, c'est qu'il est un potentiel N°1.
 Question: le sera-t-il? Le cap à prendre et l'agencement des roues du char en conséquence détermineront la suite du parcours. Un passage au stand se fera-t-il et quand ? Tout comme vous, j'attends.    
 
 Phillippe Rajaona

   
 Ps : je ne suis pas de l'avis de Mamy qui estime que Ratsirahonana n'a  rien obtenu du retour de Deba. Quand on a 8 députés sur 12 par la suite à  Tana, que l'on devient chef officiel de l'opposition, on ne peut pas  être vraiment mortifié.
 J'ai lu quelque part que Marc Ravalomanana, financier de l'AVI pour la  députation, outsider béni dans la course à la Mairie, est actionnaire au  même titre que les Charles Andriantsitohaina, Pascal Rakotomavo et des  magnats karana, de la B.I.M, initiative présidentielle. 
 
---- fin de message ----