Ravitaillement - Manandafy critique le gouvernement
“La gestion de la crise du riz ne tourne pas à l’avantage du gouvernement”, a
soutenu Manandafy Rakotonirina à l’Assemblée nationale au cours de la conférence
qu’il a donnée devant les membres de cette institution le 5 février. Lors d’une
interview qu’il nous a accordée dans le cadre d’une enquête sur les salaires, il
a affiné ses arguments contre le gouvernement.
Selon lui, lorsque l’Etat a doublé le prix du paddy,
il avait prévu d’installer un filet de sécurité. Ce projet consistait à affecter
100 milliards Fmg pour atténuer l’impact de cette hausse parmi les
fonctionnaires.
Ces 100 milliards devaient “provenir du Fonds
d’intervention pour le développement”, dit-il. Mais la Banque mondiale “a
refusé”. Avec le gouvernement, elle a alors mis en place un système de Haute
intensité de main d’œuvre (Himo).
Ce projet non plus “ne soulage pas la population”,
dit-il. Il aurait fallu “calculer le salaire qui permet d’acheter ce riz” et
“l’adapter en conséquence”, avance-t-il comme solution. Manandafy Rakotonirina
insiste d’ailleurs beaucoup sur ce problème du riz.
En tout état de cause, l’Exécutif, à commencer par
son chef, a déjà pris des mesures. Sans doute, reconnaît-il que la situation est
difficile. Le Président a annoncé une augmentation salariale de 12 % au grand
dam des techniciens qui, eux, n’avaient prévu que 8%. Signalons cependant que
Didier Ratsiraka grillait de la même sorte les études de ses techniciens lors
des cérémonies de présentation de vœux à Iavoloha.
Libéralisation.
Manandafy Rakotonirina fait appel à l’histoire pour
étayer son argumentation. “Le peuple malgache a toujours acheté sa nourriture à
bas prix, qu’il s’agisse du riz ou de la viande, même pendant la colonisation”.
Entendre par là que “le prix de la nourriture a toujours été en deçà des prix
sur le marché international”.
L’ancien conseiller suprême de la révolution raconte
qu’en 1975, le coût du riz a été maintenu à un taux raisonnable. A cette époque,
les recettes d’exportation du girofle, du café et de la vanille servaient à
importer du riz. Sans compter que D.Ratsiraka se faisait “une fierté de
rapporter du riz venant de Mao !”.
En 1986, après six ans de débats, “l’Etat a
libéralisé les prix” - dont celui du riz, se souvient-il. Il n’était plus
possible de “se ravitailler en riz sur les recettes de l’exportation. La
population avait une démographie galopante alors que la production diminuait” .
Il cite deux autres facteurs qui ont conduit à cette décision : “Le vent du
libéralisme soufflait (le MFM en était devenu un partisan acharné) et le fait
que Madagascar avait épuisé ses devises en 1980”.
Mais à entendre Manandafy Rakotonirina, le coût de la
vie est devenu cher en 1995 lorsque le flottement du Franc malgache a été
décidé. La valeur de la monnaie étant déterminée par l’offre et la demande sur
le marché des devises.
La sortie de la zone franche, selon lui, “n’a pas
provoqué une telle chute puisque l’on avait encore d’importantes réserves de
devises”. “C’est après que c’est devenu catastrophique!”. Et il n’oublie pas de
citer les trois crises majeures de 1972, 1991 et 2002. “Bien sûr, six mois de
trouble et de cessation de travail portent certainement un coup
à l’économie ! “.
Toavina Ravelona.
Express 010305