Quelques réflexions sur les cartes d'adhésion. - de Solofo

Le bonjour à tout le monde,

Le titre est de moi. Solofo a l'air de bien connaître le système.
J'ai rajouté quelques précisions à la fin du texte.
    Mamy

P.S. Je ne peux m'empêcher de penser en lisant Solofo, Paul et puis le commentaire de Jean Razafidambo ( moi qui me défie de toute forme de croyance) : il y a un loupé quelque part ! Mais où exactement ? C'est ce que nous allons savoir prochainement. J'ai tenté de l'expliquer par un passage de l'adolescence -d'un parti en l'occurrence- à la maturité (à la réalité ?).

---- début de message ----

Quelques réflexions sur les cartes d'adhésion.

La situation de l'inexistence des cartes dans le MFM s'explique par plusieurs raisons   j'en vois deux principales:
- les conditions dans lesquelles il était né l'avaient poussé à une sorte de clandestinité ce qui fait que le MFM n'a jamais eu de siège social donc pas de bureaucratie donc pas de cartes.
- le MFM est né "contre" d'autres partis de la génération précédente engoncée dans la bureaucratie, de tradition stalinienne pour l'AKFM et jacobine et centralisatrice pour le PSD, etc...

Quant à la carte qui signifie appartenance et tout cela, j'en suis peu convaincu car il y a bien des gens qui ont deux trois ou quatre nationalités sans que cela les gêne.   Etre MFM c'est d'abord avoir un esprit frondeur (ce le fut en tous les cas dans les années 70) et le montrer. Beaucoup de gens s'en sont détachés pour y revenir à plusieurs reprises sans qu'il y ait eu pour cela besoin de déchirer des cartes et tout le bataclan.

Il n'y avait pas besoin  d'avoir une carte pour prouver sa qualité de membre. Comme le dit l'un des intervenants (Paul je crois), le militant était comme un cheval qui devait pourvoir à ses propres besoins. Les jeunes militants du mfm dans les années 70 et sans doute 80 partaient (à moto, à pied, à vélo, dans la brousse, dans les usines) se prouver à eux mêmes qu'ils adhéraient à un idéal.

Pour quitter le MFM, il n'y avait pas besoin d'acte symbolique.
J'ajouterai que l'absence de cartes d'adhésion et tout cela relève d'une indigenisation d'une tradition politique  etrangère, il ne faut donc pas s'en etonner.

Je voudrais aussi signaler que le MFM, lorsqu'il a changé le contenu de son sigle avait lancé une campagne de  formalisation du Parti comme semble le désirer Fanantenandrainy. La campagne a semble t-il échoué car les pesanteurs de la tradition mafana ont été plus fortes. De toutes les manières, la force d'un parti ne peut pas être mesuré sous l'angle du nombre de ses adhérents mais de ses militants et de l'influence de ces derniers sur la société, c'est à dire dans un pays démocratique, sur ses succés électoraux.

Ceci dit l'absence de carte, effectivement, pose le problème de l'organisation interne du Parti. Pour ceux que cela intéresse, la dernière réunion nationale des Mafana, il y a de cela quelques jours a posé le problème sur le tapis. En particulier en ce qui concerne Lynx qui semble t-il est de plus en plus déconnecté de la réalité. Quant à Lekoto, une proposition de président d'honneur aurait été très opportune.

En tous les cas je persiste à dire malgré l'avis de je ne sais plus qui que le MFM en son temps fut l'un des partis politiques (on ne peut pas reprocher à un parti de faire de la politique) les plus novateurs. Le langage politique malgache des années 80 voire 90   (non renouvelé depuis la colonisation) lui est redevable. Voire beaucoup d'autres domaines très eloignés de la politique comme la culture (les Zomaka ampamarinana, une partie des Mahaleo, Tsialonina, Tsilavina pour ne citer que ceux que certains sont à mesure de connaitre).

La sensibilisation du peuple de Tana (si frileux et engoncé dans sa suffisance mais cependant si généreux, à cause du christianisme, l'une des premières organisations du MFM fut le ZMM, qui rappelle étrangement les Zanak'i Masina Maria) aux problèmes internes aux Merina (mainty, andevo) ainsi qu'aux côtiers (je connais des personnes qui pensaient dans les années 70 qu'il y avait des lions dans la brousse), vient du MFM.

Sincérité, naïveté, jeunesse, etc... ce sont des qualités qui méritent d'être rappelées et respectées. C'est le mérite de ce site en dépit de ses défauts.

En ces moments difficiles à traverser toutes les entreprises constructives sont les bienvenues même si elles ne font que nous rappeler nos amours disparus, notre jeunesse passée. Les Mafana nous ont appris à vivre ensemble dans nos différences et nos contradictions ce dont beaucoup sont en train de se servir maintenant pour remettre en cause une entreprise commune entreprise il y a de cela au moins deux siècles.

---- Commentaires ----
Quelques précisions : les Zomaka ampamarinana ont constitué un groupe de chanteurs très connu dans les années 70 (ils ont même fait quelques tournées à l'étranger si je ne m'abuse), Mahaleo (passés par le lycée d'Antsirabe) et Tsialonina sont les chanteurs en vogue des années 70-80, Tsilavina Ralaindimby présentateur télé très révolutionnaire de ces mêmes années, devint par la suite ministre de la Culture très branché - le plus créatif à ce poste à mon avis depuis longtemps, inventeur du terme 'serasera' pour communication - du temps du 1er gouvernement Ravony. Sauf grosse erreur de ma part, Lalatiana Ravololomanana, l'ex-dame de fer de Tana  a milité au MFM en passant par le lycée d'Antsirabe.

"Une entreprise commune entreprise il y a de cela au moins deux siècles".
Pure hypothèse de ma part : s'agit-il de celle d'Andrianampoinimerina qui a consolidé ses conquêtes par sa stratégie matrimoniale tous azimuts ? Paradoxe du sympathisant MFM en appelant aux mânes royales :-) ou simple réminiscence d'historien ?
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SOLOFO