Rentrée politique du KMMR
Des griefs plus précis contre le pouvoir
Après une trève de un mois et demi décidée en raison de la fête nationale du 26 juin, de la période d’examen, mais aussi pour permettre à l’opinion de constater elle-même la réalité de ses remarques et autres griefs formulés contre le pouvoir Ravalomanana sur la manière de gérer les affaires nationales, le KMMR nouveau occupe de nouveau le terrain médiatique.
Après
la conférence de presse organisée vendredi au domicile d'un des ténors du
mouvement, en l'occurrence, Ralison Roger, président national du PRM,
l'ex-député et ancien président de la Délégation spéciale (Pds) de la
province autonome de Fianarantsoa Pety Rakotoniaina, était samedi soir
l'invité de l'émission "Ny Marina" ("La Vérité") de
Radio Antsiva au cours de laquelle il a livré ses analyses sur les récents
événements politiques nationaux.
Toujours très incisif dans ses propos comme à
l'accoutumée, Pety Rakotoniaina a estimé que beaucoup de pratiques à
l'époque de la direction du pays par l'Amiral Ratsiraka reviennent en force
sous le pouvoir actuel. Le silence observé par le KMMR durant trois mois n'a
pas été motivé par l'espoir de pouvoir siéger dans le gouvernement
qu'auraient suscité les rumeurs sur un éventuel remaniement, a déclaré
l'ex-député d'Ikalamavony qui a réfuté également les assertions selon
lesquelles il a reçu de l'argent de l'actuel pouvoir.
Si j'étais intéressé par l'argent, je me serais vendu
au régime Ratsiraka qui en possédait beaucoup, a renchéri Pety Rakotoniaina
qui a indiqué qu'en adhérant au mouvement de contestation de 2002, il était
animé de la seule volonté de lutter contre la dictature.
La trève observée par le KMMR nouveau était ainsi
destinée à laisser aux Malgaches le temps de porter un jugement sur le
fondement des critiques émises par le groupement à propos de la gestion par
l'actuelle équipe au pouvoir des affaires nationales. Ce qui constituerait une
manière d'éduquer les citoyens à avoir une vision objective dans la conduite
du pays.
Selon l'invité de l'émission "Ny Marina",
les intenses débats sur les récentes mesures relatives à la détaxation de
certains produits d'importation et à l'accès des étrangers à la propriété
foncière, sont révélateurs d'une prise de conscience du citoyen dans la
défense des intérêts nationaux.
Pety Rakotoniaina estime par ailleurs que le fond des
débats actuels devrait porter sur la façon de gérer le pays qui ne devrait
pas relever de la seule décision du président de la République. A ce propos
l'ancien Pds de Fianarantsoa a concédé qu'auparavant, on imputait à
l'entourage du président de la République et au gouvernement les mesures à
controverses. A la lumière des récents événements qui ont suscité des
débats passionnés, l'opinion, a-t-il indiqué, est de plus en plus convaincu
que c'est le Chef de l'Etat qui décide de tout. L'élection d'un président de
la République par la majorité du peuple malgache, a-t-il estimé, ne justifie
pas ses prises de décision unilatérale.
Pety Rakotoniaina a défendu l'idée de la nécessité
de la tenue d'une conférence nationale, dans la mesure où lors de l'élection
présidentielle de décembre 2001, le candidat Marc Ravalomanana et ses
partisans ne se sont pas entendus sur un véritable programme, l'essentiel à
l'époque étant de faire tomber le régime Ratsiraka. Dans cette même logique,
cet allié de poids du président Ravalomanana lors de son accession au pouvoir,
a suggéré la tenue d'un référendum pour la prise de grandes décisions du
genre de l'accès des étrangers à la propriété foncière. La possibilité
pour les étrangers d'acheter des terrains est la dernière mesure qu'auraient
du prendre les pouvoirs publics selon toujours Pety Rakotoniaina qui est
convaincu que les investisseurs étrangers ne viendront pas à Madagascar tant
que l'insécurité urbaine et rurale règne dans le pays ou que la stabilité
politique et la sécurité des investissements est aléatoire.
Sur ce dernier point, il s'est demandé si l'immixion du
chef de l'Etat dans une affaire à base de contrat entre deux sociétés
privées, en l'occurrence, entre la société d'assurance Aro et la société
textile Cotona n'est pas en contradiction avec la politique visant à faire
appel aux investisseurs étrangers. Le même doute anime cet ancien Pds de
Fianarantsoa qui soupçonne derrière les mesures de détaxation une volonté
d'avantager certains opérateurs. Se défendant d'être l'avocat d'opérateurs
qui ont importé des marchandises avant la mesure de détaxation, il a suggéré
que pour ne pas léser ces derniers, l'Etat doit, soit "prévoir une
période transitoire" permettant aux sociétés concernées d'écouler
leurs produits, soit leur rembourser les taxes déjà perçues, ou encore
s'abstenir de percevoir pendant un certain temps de nouvelles taxes auprès de
ces établissements.
Longtemps concentrées sur le gouvernement, les critiques du
KMMR nouveau ont franchi une nouvelle étape en n'épargnant plus le chef de l'Etat
avec cette intervention de Pety, beaucoup plus précise quant aux griefs du
mouvement contre le pouvoir.
Madagascar Tribune 08/09/03